Parfois, mais plutôt souvent, je me demande si je suis normal ! Ah ! Vous aussi vous trouvez que c’est déjà bien de se poser la question. Et parfois aussi pour ne pas redire souvent, j’ai l’impression de connaître la réponse ! Vous me direz, avec la sollicitude et la bienveillance qui vous caractérisent : mais quels sont les critères, les points d’accès et la limite, de la normalité ? Je ne sors pas souvent et parle peu, mais à travers ce que je lis et j’entends, il ne me semble pas que la barbarie conduite à son paroxysme par Israël en Palestine, trouble le sommeil et la conscience de grand monde. Voilà en quoi, une nouvelle fois je me sens, à tout le moins, différent. Déjà, le fait que se soient les arabes qui en prennent plein la gueule ne constitue pas un critère d’indignation parmi une population qui assume sans barguigner, sans trop réfléchir non plus, d’être passé d’un antisémitisme organique à un pro-sionisme béat. Ensuite, on a assez à se solidariser des gentils Ukrainiens envahis par les vilains Russes qui, après Kiev auraient tôt fait de s’en prendre à Varsovie, Berlin et Paris ! Certes Poutine n’arrive pas à s’installer durablement en Crimée et au Donbass, mais croyez-le, une fois acquises Donetz et Odessa, le reste de la conquête de l’ouest deviendra un jeu d’enfant ! Et il y a des millions de bons citoyens qui gobent tout cela en réprimant un frisson d'épouvante. Alors ! ces histoires de Gazaouïs affamés et assassinés, c’est quand même pas trop un problème ! Et si je remettais en cause ma lucidité, voire mon intégrité morale par devers vous et ci-dessus, c’est que je disposais tout de même d’un élément de réponse plutôt rassurant. Car figurez-vous que, même longtemps après les nations du Sud - Amérique latine, Afrique - plus la Chine et une partie de l’Asie, d’autres pays plus traditionnellement alignés, réclament urgemment la création d’un État de Palestine sur le territoire... Palestinien ! Lequel est occupé depuis 1948 par Israël qui en a fait sa terre promise, puis sa terre exclusive. L’Espagne, l’Irlande et même l’Australie multiplient les requêtes afin que la logique autant que la justice soient enfin imposées dans cette "région" rendue explosive par l’intransigeance et l’aveuglement des uns, mais surtout des autres. Rappelons pour les jeunes, mais également les vieux plus distraits, que le premier ministre israélien Yitzhak Rabin avait signé à Oslo avec Yasser Arafat en 1993, un accord permettant de sortir de cet interminable conflit territorial et se concluant in fine par la création de deux États indépendants. Rabin fut assassiné deux ans plus tard par l’extrême droite sioniste dont Netanyahu constitue l'un des pires avatars. L’aveuglement hégémonique d’Israël constitue le seul ferment à cette épouvantable guerre. Autour de la question de Jérusalem, comme des modes de vie et autre conception de société, les deux parties sont foncièrement incompatibles. Si Israël s’était abstenu de régner obstinément sur la majeure partie de la Palestine, si chacun avait été chez soi ; on aurait évité la violente répression permanente des uns et les actes de rébellion des autres. Pas d’Intifada, ni d’attaque terroriste du Hamas le 17 octobre. Si nous en sommes rendus là, et si rien n’évolue dans le sens de la raison et de la justice humaine, c’est que les États-Unis suivis par leurs toutous habituels - France, Angleterre et la plupart des Européens – mettent systématiquement leur veto à toute solution favorisant cette paix juste et durable. Préférant sans doute un nouvel embrasement régional et une extension du conflit à l'Iran qu'ils rêvent pareillement d'affronter et d'éliminer. Tant qu'il y aura des guerres, on vendra du réarmement... En résumé, il est bon de rappeler - et cela me rassure sur mon état, même si je ne devrais peut-être le prendre tant à coeur – que les trois-quarts de la planète sont favorables à la création de la Palestine en temps que pays souverain et que c’est toujours la même poignée de gouvernements libéraux qui imposent leur idéologie minoritaire… au nom de la Démocratie ! |
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