Vous le remarquerez aisément, surtout si vous en êtes peut-être, c'est fou ce que le monde dispose de peu de capacité à s'indigner, à même s'interroger, alors ne parlons pas de se révolter ! Nous sommes bien d'accord que c'est ainsi que Loréal nous refourgue toujours les mêmes pommades infestées et que Apple nous refourgue sa pomme empoisonnée. Savez-vous d'ailleurs pourquoi Bill Gates a choisi la pomme comme emblème de son infâme société ? Ben pour en croquer un max, pardi ! * Nous avons affaire - et donc tant pis si vous en êtes – à une population complice de toutes les inepties, inconvénients et injustices pour s'assurer et légitimer son petit confort. C'est en interrogeant mes propres tentatives de renoncement à lutter, à m'insurger et à militer épistolairement, que j'ai mieux mesuré l'ampleur du problème et le naufrage moral et consciensionnel qui est le nôtre. Que tous les gens qui s'abrutissent devant leur télé et les petits perroquets au brushing impeccable, soient désormais persuadés que l'Iran, la Russie et les Palestiniens sont la cause de tout, les méchants en somme et les Israéliens, les Ukrainiens et les Américains victimes des autres, les gentils donc, en dit assez longtemps sur l'état de délabrement de la réflexion et de l'esprit critique des hyper-consommateurs occidentaux. Si je les cible - pas les manipulateurs, les financiers, les maîtres de la compagnie mondiale - eux, les milliards de suiveurs, avides, minables dans leur petite vie d'envie, étriqués et marchant à la trique du commerce, c'est que je les tiens pour de bon, responsables de tout. Il suffirait juste qu'ils changent d'angle de vue, tenez même qu'ils s'arrêtent un instant de consommer, pour réfléchir. Beaucoup - pas tous, mais beaucoup - d'entre-eux s’apercevraient que parler d’écologie punitive est une absurdité sémantique créée de toute pièce par la doctrine libérale. Qu’il n’y a rien de punitif à manger les légumes du jardin, à marcher en forêt, à écouter le vent dans les arbres et à admirer les petits oiseaux. Que partager ses idées, son espace, mais aussi son pognon, c'est pas plus idiot que de chercher à en amasser davantage. Que jamais un écran avec des jeux à la con et des vidéos débiles, ne rendra plus heureux que l'audition d'un concerto allemand, d'un opéra italien ; que la lecture de beaux livres et notamment ceux de la littérature classique que nous ont légués trois siècles de lumières, de découverte et de richesses. Mais pour faire des bulles dans la piscine, des traînées ocres dans le ciel de leurs voyages illusoires, se payer le dernier « aïe fone », ils sont prêts à racler les fonds de tiroir de leur intelligence. Cela vaut partout, sur presque tous les continents, mais nous sommes ici, dans nos frontières hexagonales étriquées, des archétypes. Assumant toutes les concessions au conditionnement libéral, s’abaissant même à infliger à la France et à coup de cinq piges supplémentaires, cette espèce de représentant de commerce, ce torve, ce scélérat de la compagnie mondiale des malfaisants, capable et coupable en ce XXIe siècle qui n’a rien appris de l’histoire de l’humanité, de sacrifier la terre des hommes au profit de quelques monstres de la finance. Caricature penserez-vous ? Pourquoi pas complotisme tant que vous y êtes ! Pourtant, si l'entreprise d'assèchement de la planète ne constitue pas une fin en soi à leurs yeux, ce sont bien tout de même les intérêts idéologiques de ces gens-là qui conduisent à la destruction de notre écosystème et à la dégradation rapide des conditions de vie d'une écrasante majorité de la population. Ce sont des fanatiques du marché, des obsédés du pognon qui, comme tout délinquant, mentent, martyrisent et assassinent. Alors oui ! Quand on écoute Bouleau, Delahousse, Lapix, Toussaint ou je ne sais quel pantin médiatique, à longueur de journée sans broncher ; que l'on se dore au soleil avec le sourire béat d'un lézard demeuré ; que l'on se bouscule dans les boutiques des centres commerciaux ou en ville à la première « promotion » sur la totalité des biens de consommation parfaitement inutiles et bien souvent nuisibles, on se rend évidemment complice de la destruction de la planète et des valeurs qui ont conduit l'homme, de la raison pure et d 'un confort légitime, à la démesure de sa perdition. À partir d'un tel constat implacable, incontestable, on ne peut effectivement qu'en arriver à ma question préalable : à quoi bon ?
* Oui bon, ça ira comme ça les érudits de l'informatique qui ont une puce à la place du cerveau ! Je sais très bien que le monstre créateur d'Apple s'appelle Steve Jobs. Mais c'est une chronique d'humour et en tout cas, moi, ça m'amuse de rabaisser le marchand de pommes au rang du manant Microsoft. |