Il m’arrive tout de même de feuilleter les fils d'information et de trouver quelques nouvelles réjouissantes. Oui, je devine l’avoir déjà écrit, ce qui confirme ce que l’un de mes amis qui a donc abandonné cette lecture, me reprochait avant de raccrocher : « tu ne te renouvelles pas, tu tournes en rond » ! Ce n’est sûrement pas absolument faux et je ne sais si c’est tellement grave. C’est un peu comme aux champignons, si tu tournes en rond, tu ne te perds pas. C’est quand tu commences à partir dans tous les sens que tu finis pas t’égarer. Et cela m’ennuierait terriblement de m’aventurer sur des chemins que je ne connais pas. Mais enfin, j'admets sans peine que lorsqu'on se sent visé, voire un peu coupable, cela doit finir par être lassant. Passons... Donc hier matin, c’était dans l'excellent Sud-Ouest. Je dis excellent, s’agissant de ce journal, sans réelle certitude, mais c’est l’un des rares à proposer des articles gratuits en lignes, qui m’envoie des bouffées d’océan, des effluves de chipirones à la plancha, quelques choeurs généreux : je leur adresse un amical coup de béret et d’Irouléguy. Et puis un bon vieux journal papier reste globalement moins nocif qu'un tour de table sur BFM ou CNiouze. C’est donc au Pays Basque qu’est né un mouvement indépendant du nom de Bizi (qui signifie Vivre en langue indigène). Proche des altermondialistes, leur credo repose sur quelques bases dont on jurerait qu'elles sont universelles, alors qu’elles sont hélas à peu près le contraire : la justice sociale et environnementale, la solidarité universelle, la générosité posée comme base à toute relation humaine. Eux, les Basques, s’engagent aussi pour la diversité culturelle, ce qui passe à mes yeux au second plan mais que je me garderai bien – au titre d’occitan et fan de Nadau – de leur contester. Associés à Alda, mouvement plus axé sur la défense des droits, ils se sont rassemblés jeudi à Saint-Pé-sur-Nivelle devant une magnifique villa. Pas choisie au hasard, vous l’imaginez, il s’agissait de la résidence secondaire d’un certain Bruno Le Maire, ci-devant ministre de l’Économie de la République Française. Il s’agit de celui qui, au nom de l’idéologie libérale fanatique, histérique même, a soutenu la croissance durant la tempête COVID, injecté des milliards dans les poches des entreprises et des actionnaires et s’aperçoit avec stupéfaction que non seulement il n’y a plus rien dans les caisses, mais qu’en plus on doit un pognon de dingue ! Un tel résultat démontre que vous, que je ne connais peut-être pas, auriez fait un meilleur gestionnaire des comptes publics que ce monsieur qui, au passage, n'a pas l’air de se prendre pour un billet de cinq euros usager. Or donc l’heureux propriétaire de cette magnifique demeure basquaise, n’a rien trouvé de mieux pour sauver la France de la faillite annoncée, que de faire les poches non seulement des collectivités locales, mais encore des chômeurs, des malades, dont il n’a que faire de la précarité et du malheur. Tandis que la Macronie veut en finir avec l’État providence - une véritable obsession de capitalosphère de droite – Alda et Bizi sont allés claironner sur les plates-bandes de Le Maire : « Climat et justice sociale : taxons les riches ! ». Je ne l’ai pas encore précisé, mais jeudi, ils n’étaient pas plus d’une vingtaine devant la résidence ministérielle à crier « Au voleur ! ». C’est bien peu, surtout si on les compare aux réactions des lecteurs du quotidien. Ils se sont déchaînés pour accabler les manifestants qu’ils traitent de fainéants, de nuisibles à la société - pardi que ce sont eux les nuisibles, y a pas de doute !- et même qu’ils ont qu’à aller voir en Chine, si ça ne leur va pas chez nous ! » Il y a de sacrés finauds, des penseurs de notre temps, d'impressionnants philosophes, abonnés à Sud-Ouest ! On sent bien qu'au Pays Basque comme ailleurs en France, les riches et même ceux qui ne le sont pas tant que ça, deviennent hargneux dès lors que l’on blasphème le cher profit et la sainte croissance. Chez eux, c’est pas « Touche pas à mon pote ! », c’est « Touche pas à mon pognon ». Alors certes, ils n’étaient ni légion ni escouade à Saint-Pé jeudi, mais ils appellent à manifester le 1er mai à Bayonne contre les inégalités qui ne cessent de se creuser et l’arrogance de cette caste supérieure. Et il faut y aller. Vite ! Ici, ailleurs, partout ! Lorsqu’on est nombreux, on est plus fort ! Cela s’apparente certes à un truisme, mais enfin s’il y avait entre Nive et Adour autant de monde qu’à Jean-Dauger un soir de match de rugby, on pourrait commencer à rêver de changer (alda) pour mieux vivre (bizi). Et il me semble que c’est un peu plus urgent que le classement de l’Aviron Bayonnais. Ceci étant, vous qui trouvez que je ne tourne pas tant que ça en rond, je vous laisse pour une petite dizaine, histoire de recharger les batteries (sans lithium), de faire un peu garderie et peut-être d’aller gueuler dans les rues de Toulon. Où, s’il y avait autant de monde qu’à Mayol... |
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