Nous venons de fêter les quinze jours du Petit garçon et dans l'ensemble, ça va ! Il ne pleure pas beaucoup. Plutôt mignon. Ne lui manque que la parole ! Pour cela aussi il faudra patienter un peu. En attendant et en tant que tuteur, c'est moi qui m'exprimeais à sa place. Alors me demandez-vous aussi sec et par une sorte de réflexe compré-hensible si ce n'est légitime : mais est-ce qu'il marche au moins ? Imaginez ma stupéfaction et la réponse qui fuse comme une évidence : Avez-vous jamais vu un petit garçon marcher au bout de quinze jours ? Pour le moment il babille au fond de son carton, pendant que « papa » prend les commandes, parfois un bon nombre, parfois pas grand-chose. Rien d'alarmant allez, car c'est à peine si je viens d'envoyer les faire-parts de naissance. Ici c'est comme ailleurs, il y en a déjà qui ont envoyé leur cadeau, certains ont même doublé, triplé et même quadruplé leurs commandes. A tel point que je me demande parfois, si Tintin – oui parce qu'il faut quand même que je commence à vous présenter le rejeton – ne sera pas assez précoce pour marcher, peut-être dès ses six mois ! Ce ne sera peut-être pas le livre des records, mais il sera néanmoins éligible au Guiness ! Toute blague mise à part, je vous entends questionner tout bas : et sa Petite fille, est-ce qu'elle marche ? C'est qu'elle a ses un an maintenant ! Disons qu'elle avance à quatre pattes. Faudrait demander à l'Harmattan ! Mes derniers chiffres tournaient autour de cinq cents. Autant dire que si c'est loin d'être nul, les petits de Houellebecq et Musso, peuvent quand même dormir tranquilles. On l'appelle donc Tintin, même si son prénom de baptême, c'est tout de même Alain – il y a parfois de ces diminutifs ! - Et comme sa grande sœur, Marie-Paule - Marie-Po pour les intimes -, il n'a pas eu la naissance facile, le pauvre diable. Moins dramatique, heurtée, outragée, mais quand même. Un peu laissé-pour-compte dans une famille où les questionnements sont aussi lourds que les non-dits. Ne pas confondre avec le malheur ni la malédiction. Ceux qui frappaient l'enfance dans les mines et la famine ou alors s'abattaient dans des tonnerres de flammes et des nuées de boue sur les tranchées et les lignes de front. Celle qui, un siècle plus tard, sévit toujours dans la même absurdité aveugle et brutale, en Palestine, comme en Ukraine. Et même lorsque l'existence est grossière, l'espérance réduite, il existe dans le quotidien des enfants de l'Aubrac, une belle fenêtre d'évasion. La nature, rugueuse elle aussi me direz vous, mais tellement généreuse, harmonieuse, prodigieuse. Le chant d'un ruisseau au-dessus duquel se mire l'alouette qui turlutte en lévitation ; le vol ample et lascif du milan royal porté par les courants ; la palette de fleurs des champs recouvrant les montagnes aux courbes oscillant au soleil ; les vastes tapis blanc d'hiver où chaque scintillement figure un petit diamant qu'il faudra savoir saisir au bon moment ; les joyeuses sonnailles qui devancent le troupeau franchissant les pentes ardues depuis la vallée, accompagnées du chant des buronniers où des notes volages d'un accordéon jamais essoufflé. L'air et la musique, le silence et la neige, l'effluve de l'étable, la force de la pierre. Ils n'étaient pas malheureux Marie-Paule et Tintin, ils subsistaient, subissaient et ils rêvaient. Probablement d'une autre vie et dans leur cas, dans celui des enfants de la terre d'Aubrac, elle rimait avec Paris. Si vous êtes encore là, nous évoquerons ce départ et cet autre décor une prochaine fois. En attendant, pensez à commander le Petit garçon dans la tourmente . Et si vous l'aimez, aussi et je dirais surtout, à le recommander autour de vous. Pour qu'il marche comme il faut. C'est-à-dire droit et le plus loin possible. |
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