J’éprouve toujours une réelle satisfaction - et non un malin plaisir – à observer, éventuellement à le faire savoir, ma proximité avec le pape François. Faut dire que de tous les François de gauche que j’ai connu – Mitterrand, Hollande et sans vouloir trop anticiper Ruffin – c’est tout de même le Premier, celui du Vatican, qui me paraît le plus crédible et en phase avec ce que je pense de l’état du monde et surtout, de ce qu’il devrait être : fondé sur le commun, si ce n’est sur le communisme. C’est tellement confondant que j’en arrive à me demander si je ne vais pas quémander une audience privée. Ben quoi ? Ça va pas de rire comme ça ! Après tout, il en reçoit bien d’autres. Des moins sincères et des pires canailles, y compris Élyséennes. En tout cas par son humanité, ses positions – pas celle du missionnaire trop conventionnelle ! – et la constance de ses propos, je m’en sens infiniment proche. La seule chose qui nous sépare en somme, c’est Dieu. Il se pourrait qu’il y croit un peu, alors que moi franchement, là, même avec la meilleure volonté du monde, une tentative d’auto-persuasion au-delà de l’imaginable, j’ai pas pu !
Certes il n’a ni la pêche, ni le charisme, ni le béret de l’une de mes idoles, l’abbé Pierre. Sans quoi, peut-être, il y aurait moins de brave gens jetés à la rue tous les jours en France, traînant leur misère dans l’indifférence et le cynisme généraux, couchant sur les grilles tièdes d'un métro dégageant des effluves pestilentiels, mourant inexorablement aux premiers coups de froid. Alors il tient plus de discours que ce qu’il ne commet d’actes, François, mais enfin lorsqu’il fustige les gouvernements et leur police qui laissent crever les migrants dans la mer, lorsqu’il dénonce en permanence les inégalités qui fracturent le monde, les injustices climatiques, l’égoïsme des riches et puissants, qu'il crie : assez de massacres en Palestine ! qu’il soutient Lula au Brésil et annonce qu’il ne reviendra pas en Argentine tant qu’il y aura Milei, moi je trouve et je dis, que ce pape à des couilles ! Même si elles sont toutes petites, car à l’instar des piles Wonder, elles ne s’usent que lorsque l’on ne s’en sert pas.
A ce sujet, et c’est bien là ce qui m’amenait, je viens de lire dans le Monde, le début d’un papier - parce que la suite est réservée aux abonnés, c’est ballot ! - que notre pape devait encore faire face à de vives critiques et même une farouche opposition au sujet de sa bulle de fin d’année 2023 qui visiblement n’était pas, à leur palais, du meilleur Champagne. Elle est restée en travers du Missel de nombreux catholiques. Ce n’était pourtant pas la plus révolutionnaire, puisqu’il s’agissait seulement d’accorder sa bénédiction aux couples homosexuels, comme d’ailleurs aux couples divorcés. Il semble que ce soit en Europe de l’Est, en Asie et surtout en Afrique que les prêtres acceptent le moins bien cette idée rédemptrice. Faudrait peut-être demander à Sarkozy ce qu’il pense du retard de l’homme en noir en la matière…
Bon, on en rit volontiers, mais enfin que l’on trouve dans les milieux ecclésiastiques les plus fortes réticences, voire même des résistances farouches à laisser tranquille les homosexuels, semble confirmer que cette Église n’est décidément pas prête de se débarrasser de ces boulets ancestraux que sont l’hypocrisie et la manipulation des pauvres croyants. Voici des siècles que ladite Église est gangrénée par les non-dits sexuels, elle qui pourtant n’a jamais été en reste ; par l’homosexualité évidemment quelle soit féminine ou masculine ; par les actes de cruauté avec une foultitude d’enfants éliminés ; et bien entendu l’abominable pédophilie que l’on qualifiera sans risque d’exagération, de structurelle.
Un comble, vous dis-je, car Jésus-Christ lui-même, s’il avait seulement existé, n’aurait-il pas éventuellement cédé à la tentation et bien plus encore suscité la concupiscence de ses ouailles, avec son allures décontractée, sa belle petite gueule, coiffure et barbe désinvoltes et ses tenues courtes parfois suggestives ? Oui, cela n’a vraiment rien de péjoratif ni de scandaleux, de prétendre que Jésus qui n'était qu'amour, avait un look de pédé ! De pédé et de coco aussi, car rien dans ce que lui ont fait dire ses disciples dans la grande fable revue et corrigée au fil des siècles, ne s’apparente à la théorie capitaliste et moins encore à celle, monstrueusement libérale, de Saint-Emmanuel-les-mains-jointes.
En somme, j’en viens sincèrement à regretter de n’y avoir pas cru à notre J.C. Mais qui sait si à force, il ne m'apparaîtra pas et si je ne saisirai pas alors, cette belle main tendue malgré sa petite cicatrice en plein milieu ! |
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