Ah ! si mes pauvres parents savaient ! Ma mère si naïve, mon père si attaché à son pays, s’ils savaient combien j’ai honte ! Tellement que je ne me considère plus vraiment comme Français, mais plutôt un citoyen du monde vivant en France. Cette terre privilégiée où il y a encore de l’eau et à manger par-dessus tous les appétits, cette terre de montagnes, de bords de rivières, de fronts de mer et d’océan… Mais hélas aussi et désormais essentiellement, cette terre de Front national et de ceux qui en ont joué, en jouent encore pour prendre le pouvoir et toujours le garder ; ces petits marquis avec leurs grands airs, ces start-upers sans honneur ni vergogne, ces laquais de la finance, Jupiter de mes fesses. J’ai honte de partager le même air que ceux dont la seule obsession consiste à préserver l’immense privilège d’avoir à peu près tout et de ne jamais rien donner. Refuser l’impôt, le partage, la solidarité, l’humanité. Ceux qui souhaitent que notre sol cesse d’être une terre d’accueil pour devenir le centre du monde de la mesquinerie et de la bassesse. Lorsqu’un État décrète une loi immigration qui va à l’encontre de tous les droits humains, qu’il rejette à la mer des gens qui selon lui ont moins de légitimité à vivre que les autres : j’ai honte. Lorsqu’un État condamne la barbarie d’un groupe terroriste auteur de 1200 crimes et qu’il refuse de dénoncer le génocide de 25 000 palestiniens et le nettoyage ethnique qu’il sous-tend, j’ai honte. Lorsqu’un État encourage les guerres de toute part en étant l’un des principaux exportateurs d’armes et d’avions dans le monde, j’ai honte. Lorsqu’un État est sous la coupe d'un président qui réquisionne toutes les télévisions à 21 heures pour décréter le réarmement démographique, pour éventuellement prendre les armes, sans considérer qu’il vaudrait mieux plaider pour la paix et le désarmement, j’ai honte. Lorsqu’un État s’obstine à nier les effets désastreux du dérèglement climatique, poursuit un programme démentiel de construction d’autoroutes pour circonvenir quelques multinationales complices de ses méfaits et charge les opposants, interdit les manifestations ô combien légitimes et nécessaires, j’ai honte. Lorsqu’un Etat couvre en son sein - celui de son gouvernement - la présence de plusieurs mis en examen, qu’il procède à des débauchages pour gagner des élections… municipales ! j’ai honte. Lorsqu’un État républicain nomme à l’Education Nationale une ministre sans expérience, sévissant jusque-là dans les gros business de l’entreprise (Carrefour, Axa), puis à la Fédération de tennis où elle émargeait à 500 000 euros annuel (là ou la moyenne des français n’atteint pas les 20 000 !) et que cette ministre a pris fait et cause pour l’école privée - élitiste, raciste et sectaire -, j’ai honte. Et lorsque pour tenter de me rassurer, je regarde vers la gauche et que je tombe sur un Glucksmann – dont la famille PS a trahit tous nos principes depuis des décennies - et qui avoue que son modèle est Américain et qu’il rêve de l’imiter avec les États-Unis d’Europe, j’ai honte. J’ai honte et je voudrais bien ne plus avoir à seulement les attendre ni les voir. Sans ma famille, mes amis et le plaisir de partager un bel aligot arrosé d’un bon vin, je ne serais pas mécontent, même, d’en finir… En attendant, c’est mon deuxième roman que je vais finir. Ne vous étonnez pas si vous me lisez moins cette semaine. Je ne fais pas la gueule, je ne vous abandonne pas, je n'abandonne pas - encore - le combat et il n’est pas non plus certain que ce soit la fin tout court ! |
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