En France, un peu partout dans le monde, mais en France me semble-t-il mieux qu’ailleurs, on aime rien moins que de s’opposer à peu près sur tout. Pour le seul siècle dernier, entre Dreyfus et du Paty (son principal accusateur), de Gaulle et Pétain, Anquetil et Poulidor, l’OM et le PSG, Cohn Bendit et Bendit devenu con (ça c’est pour détendre l’ambiance), le camembert et le roquefort, le pastis et le ricard, la mer et la montagne, la gabegie et la sobriété, la bagnole électrique ou le dièsel… tout, absolument tout fait débat et si possible, querelle. Et vous savez à quel point je tiens la polémique en horreur ! Mais là quand même. L’euthanasie ! Ah oui, au fait, je ne vous ai pas prévenu que j’avais choisi un sujet primesautier pour participer dignement, à ma manière, au calendrier de l’Avent. Oui, j’étais en train d’expliquer que si l’on pouvait ne pas rigoler avec l’euthanasie, on ne pouvait foncièrement s’y opposer non plus. Alors il est un fait que si cet usage, relevant de l'humanité la plus élémentaire, demeure constamment en suspens - ce qui ne contribue d’ailleurs pas à détendre l’atmosphère - ce sont les français qui en sont les premiers responsables. Oui quand je dis les français, entendez les électeurs, car s’ils étaient suffisamment matures, intelligents ou seulement bien informés – il y a certes cinq chaînes d’information en continu mais elles ne doivent pas être vouée à rendre les gens moins idiots – cela ferait bien longtemps que la fin de vie volontaire et médicalement assistée, ne serait même plus un sujet. Je sais pas, moi, comment les gens peuvent encore s’opposer à un geste aussi naturel que salvateur. Les plus bêtes confondent peut-être euthanasie avec État Nazi, auquel cas ils auraient raison d’être méfiants, mais il serait aussi urgent de leur expliquer qu’il n’existe aucun lien de causalité. Ceux qui ne sont pas bien futés non plus, imaginent peut-être que s’ils tombent malades, qu’ils contractent le cancer ou la COVID longue, on va décider de les piquer pour abréger leur souffrance ou pour laisser la place aux jeunes. Non, cela ne semble pas encore au programme et toute ressemblance avec l’épidémie de 2020 ne serait que pure coïncidence. Certes on achevait bien les malades frappés du coronavirus, mais uniquement parce qu’il n’y avait pas assez de personnel ni de lits d’hôpitaux pour les soigner ! Il paraît, mais c’est tellement difficile à croire (!) que les premiers opposants à la fin des souffrances sur terre, sont nos amis catholiques. Et pas que les intégristes hélas. Les cathos et les fachos - qui sont parfois les mêmes -. Ceux qui sont pour la peine de mort par exemple ! Vous me direz qu’ils s’opposent pareillement à l’avortement. Il est vrai que c’est tellement beau la vie, pour un trisomique ou un enfant atteint de déformation ou de troubles mentaux… Et quelle joie aussi pour les parents. Idem pour la maman violée qui pourra élever avec bonheur le rejeton de son agresseur. Mais trêve de persiflage, le refus de la droite de statuer une bonne fois pour toute sur la légitimité de chaque citoyen à disposer de sa vie et de mettre fin à son calvaire - et celui de son entourage - relève de la barbarie. Vous me direz que soutenir l’holocauste de Gaza n'est pas si éloigné en terme de sauvagerie. A ceci près que les Palestiniens n’ont pas tous laissé un petit mot à leur famille pour dire qu’ils voulaient en finir… Vous me direz aussi que la gauche – mais la gauche n’a jamais été au pouvoir ! - n’a pas fait mieux. Je répondrais qu’il faudrait voir et, qu’effectivement, je ne suis sûr de rien. La droite donc, a confié depuis une vingtaine d’années la patate chaude à un député de Côte d’Azur qui certes s’y connaît bien en vieux, sauf que ceux d’Antibes et Menton ne sont pas les plus nombreux à demander à mourir. Le docteur Leonetti semble assez débonnaire, on lui filerait son corps sans condition, mais il est surtout redoutablement roué pour enterrer non pas les gens, mais le dossier. Quand ce type s’est mis à la politique, Saint-Emmanuel-les-mains-jointes n’était même pas né et pourtant lui, était déjà macroniste ! Un pionnier, un précurseur, un grand explorateur de la duperie, de perfidie, de l'ignominie. Cela va faire vingt ans qu’il amoncelle les lois sur la fin de vie, tourne autour du pot sans que jamais rien de tangible n’en sorte. Vingt ans que des milliers de gens souffrent les pierres et vivent des calvaires avant, trop souvent hélas, d’en finir dans de bien mauvaises conditions. Je sais ce qu’ils se disent Léonetti et ses copains de la Macronie : s’ils en peuvent plus, z’ont qu’à se flinguer ! Et c’est vrai que plutôt que de se coucher entouré de sa famille et de recevoir une dose qui vous envoie de l'autre côté au chant des petits oiseaux, c’est vachement mieux de trouver un flingue, de se présenter en haut d’un précipice, au pied d'une potence, voire de se foutre le feu, comme j’en hélas connu un ! Un État, qui a pourtant fait acte de contrition après la guerre d’Algérie et ses célèbres tortures, capable de tolérer encore que des êtres humains se fassent dévorer de l’intérieur par des crabes ou passent des années avec comme seul centre d’intérêt de gâcher la vie de leur entourage sans que rien ne puisse les sortir de leur paralysie, un tel État se montre coupable de crime d’inhumanité. J’ai vu que Françoise Hardy qui se trouve au bout du chemin, a imploré le président d’en finir avec cette barbarie. Et l’on peut-être sûr que lui, qui a organisé une convention sur la fin de vie, comme sur l’écologie et tant d’autres sujets qu’il ne veut pas trancher, doit être en même temps très ému... |
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