Il arrive fréquemment, que les médias incontournables, vous demandent ce que vous faisiez le 21 juillet 1969 ? Une manière un peu lourde car trop récurrente, de vous rappeler que c’est la grande Amérique qui a, par le pied de son cosmonaute, était la première à marcher sur la lune. Parce que forcément vous ne pouvez avoir oublié ce jour fantastique ! Alors moi, j’avais 11 ans, je n’avais pas la téloche - comme maintenant – et je m’en foutais totalement. Et si j’avais eu vingt, trente ou quarante ans, je m’en serais battu les œufs en neige de la même façon ! « Un grand pas pour l’humanité » qu’il a dit Armstrong ! Encore un qui ne manquait pas d’air, surtout sous sa combinaison oxygénée. Était-il déjà dopé comme son petit frère Lance ? Et on nous refait régulièrement le coup, maintenant avec le 11 septembre 2001 ! Là, je m’en souviens, j’étais assis à mon bureau et lorsque la dépêche AFP est tombée, je me suis installé devant … la télé pour voir et revoir le massacre hallucinant du World Trade Center à New York. Comme tout ce qui touche à l’humanité, qui la brutalise, la martyrise et en l’occurrence l'assassine, je suis accablé et révolté. Des centaines de gens travaillaient dans ces deux tours symboles d’une société obsédée par la fric et la toute puissance des Etats-Unis. Je ne m'en serais donc jamais fait des amis. Il n’empêche que ma tristesse fut infinie. Depuis, le maître du monde a déchaîné sa soif de vengeance, sa haine, par une violence inouïe en Irak par exemple, mais en foutant une merde inconsidérée un peu partout, l’Afghanistan constituant le point sublime de ce désordre mondial organisé. George Bush a aussi orchestré, avec son fidèle allié Israël, le courant d’islamophobie qui 22 ans après, non seulement fonctionne toujours à bloc, mais s’est même amplifié comme on peut le constater sur notre propre sol. Sus à l’arabo-musulman, sauf s’il s’agit d’une émir plein de pétrole - et de sang – grand pourvoyeur de cash et gros consommateur d’avion de chasse et de missiles de tous calibres. Mais le 11 septembre 1973, BFM et TF1 vous ont-ils demandé ce que vous faisiez ? Je n’avais toujours pas la télé et je faisais le con à l’école dont j’allais me faire expulser durant ma classe de troisième. C’est donc l’année où j’ai quitté l’école et si je m’étais laissé aller, je ne saurais même pas situer le Chili sur une carte et moins encore ne connaîtrais le nom du président Salvador Allende, mort à 65 ans, par balle. Remarquez je ne suis pas bien certains que ceux qui ont fait beaucoup d’études de commerce ou médecine, aient appris à mieux le connaître ! Etait-ce une suicide, fut-il trucidé ? Le débat reste ouvert même si la première thèse reste objectivement la plus soutenue. C’était un médecin, humaniste, proche d’Ernesto Guevara et Fidel Castro, un militant pacifiste qui mit plus de dix ans à remporter la seule bataille qui valait selon lui : la démocratie et les urnes. Il y parvint donc en octobre 1970 et ce fut pour les États-Unis, qui soutenait toutes les bonnes dictatures sud-américaines, un choc que Nixon traduisit trois jours après l’élection d’Allende par ces mots : « Notre principale préoccupation concernant le Chili, c'est le fait qu'Allende puisse consolider son pouvoir, et que le monde ait alors l'impression qu'il est en train de réussir. Nous ne devons pas laisser l'Amérique latine penser qu'elle peut prendre ce chemin sans en subir les conséquences. » Même à mots couverts, déjà tout est dit. Le crime annoncé. Son chemin, Allende le traça sans se préoccuper du monstre capitaliste et des états d'âme de Nixon. Conformément à son programme et en seulement trois ans, il augmenta les petits salaires de 40 à 60 %, imposa le blocage des prix, la sécurité sociale, offrit 10 millions d’hectares à 100 000 petits paysans pauvres dans le cadre de la réforme agraire, orienta son pays vers un non-alignement entre les deux puissances économiques mondiales (les BRICS avant l'heure). Résultat le PIB par habitant du Chili grimpa en flèche, le taux de chômage dégringola à 3 %. Tout ce que redoutait Nixon en somme. C’est alors que soutenu logistiquement par les États-Unis, le Chili fut déstabilisé jusqu’à ce terrible coup d’état du 11 septembre 1973. La CIA s’infiltra partout, les camionneurs bloquèrent le pays et le Général Pinochet fut invité à prendre les opérations en main. L’aviation bombarda le Palais de la Moneda, les militaires arrêtèrent le président qui, vraisemblablement donc, préféra se donner la mort. Et ce fut parti pour un période de rêve capitalisto-fachiste, où des milliers d’opposants furent persécutés, éliminés au Chili et qu’avec l’opération Condor conduite par le même Pinochet, presque toute l’Amérique latine fut placée sous dictature militaire. Et ça, messieurs les Américains, ce fut aussi un grand pas pour l’humanité ? Bien, mes amis, je sais que vous ne le faites hélas jamais, mais si vous connaissez quelques libéraux macronisés, voire même des méchamment fachisés, vous pourriez quand même leur faire suivre cette chronique, non ? Vous voyez pas qu’on parvienne, grâce à Allende, à réveiller quelques conscience ! _______________________________ Écoutez ça ! Je vous donne à écouter le Allende de Léo Ferré https://youtu.be/Wd8oEmJWzSs Mais aussi et surtout la Lettre à Kissinger de Julos Beaucarne que je ne peux écouter – pour la millième fois - sans pleurer d’émotion autant que de révolte. C’est l’histoire de Victor Jara, un chanteur-musicien proche de l’Union Populaire à qui les militaires de Pinochet ont coupé les doigts pour « qu’il joue mieux ». Je vous la mets trois fois (ce qui à mon âge est une performance !). La première est la plus émouvante, chantée en public mais avec un son moyen : https://youtu.be/8uHQY5CjB3c La seconde, toujours chanté par l’ami Belge mais en studio, est plus intelligible : https://youtu.be/qKCAI0_j6BU La troisième est symphonique servie par une voix féminine tendre et profonde : https://youtu.be/hbXEnS0hgCg |
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