Me voici tout de même désolé de tomber dans ce panneau, comme une alouette céderait à son miroir. Pascal Praud est par nature et médiocrité fortement revendiquée, un collaborateur. Il le fut d’abord de Bouygues à TF1, il l’est, avec une foi démesurée, de Cnews, Europe 1 et son maître – le même que Hanouna – Vincent Bolloré. Et comme il à la foi décidément bien chevillée en lui, il voue aussi une dévotion sans borne à Sarkozy et Zemmour. La France bien propre, exemplaire même, comme on l’aime ! Mais enfin, un personnage aussi sordide peut, en principe, ne susciter que le grand mépris du silence. Seulement lorsque dans le nouvel hebdomadaire d’extrême droite « JDD », cette caricature humaine s’adresse aux journalistes, je me sens forcément interpellé. Car si je ne suis pas bien certain qu’il en mérite le titre - est-ce que d’ailleurs on peut parler de mérite s’agissant d’un bateleur de foire télévisuelle - je le fus pour ma part -journaliste-, sans équivoque ni compromission, trente ans durant. Alors certes je n’ai pas renouvelé ma carte de presse depuis que j’ai fui la profession, mais elle est beaucoup plus ancienne et honorable que la sienne. Il nous a donc expédié une sorte de lettre ouverte, qu’il entame par un « Mes chers confrères… » qui laisse entrevoir le pire et l'on n'est pas déçus ! Dès la troisième ligne, il cite Sarkozy. L’un des penseurs éclairés de notre siècle, homme intègre et nuancé s'il en est. Mais rassurez-vous il ne termine pas sa bouillie de diatribe contre le journalisme « bien-pensant » qui se tartine de « moraline » sans s’en référer à Bernanos, royaliste d’extrême-droite comme il se doit. On n'en attendait pas moins de lui. Et au milieu, c’est un festival. Je n’ai pas résisté au plaisir de vous faire partager ce trésor de médiocrité, agressif, méchant, dépourvu de pertinence et c’est bien pire, sans le signe jamais, de la plus infime bienveillance. Après, il ne manque pas d’air ce Praud qui, tout au long de sa carrière de fayot s’est attiré la quasi-hostilité de ses collègues et à même réussi l’exploit de se faire casser la gueule par quelqu’un - à mes yeux – pire que lui : Tapie en personne ! Non mais jetez y un œil, c’est un modèle de cynisme et son aplomb ne connaît aucune limite. J’imaginais ce type sans pudeur, mais il m’épate, il m’épate encore… Ainsi sur l’équivalent de deux feuillets, il tape à l’aveugle sur des collègues qui pour la plupart seraient des militants gauchistes sans déontologie. Faut quand même pouvoir l’écrire, un truc pareil, quand sur CNews notamment, on a défendu les causes les plus abjectes et pratiqué le populisme en guise d’unique ligne éditoriale. Droitier, réactionnaire, climatosceptique, monsieur vient donner des leçons de maintien aux journalistes du service public notamment et d’un certain nombre de journaux, en les reléguant au rang de jaloux, d’incapables, d’endoctrinés. Il évoque, lui, la tête de gondole de médias surexposés et financiarisés, « la médiapartisation » de la profession. C’est pas sordide ça ! quand on sait que ce journal en ligne -Médiapart - ne survit que par ses abonnés et qu’il est l’un des seuls à pratiquer l’enquête journalistique, avec quelques beaux résultats à la clé. Il y a des perles, comme ça, à tour de bras et de ce genre : « Cette paupérisation du métier n’est pas sans conséquences. A force de payer les journalistes avec un lance-pierre, vous en faites des mélenchonistes. »!!! Et celle-là pour finir : « Bien sûr, ils regrettent – les journalistes - de ne pas rentrer le soir dans un penthouse avec terrasse et vue sur la ville. Bien sûr encore, ils pensent tous qu’ils valent plus que ce qu’ils sont payés. Bien sûr toujours, l’aigreur et la jalousie font des ravages chez ceux que la réussite a fui : « Les ratés ne vous rateront pas », écrivait Georges Bernanos. » Voilà, si vous avez le cœur bien accroché, allez consulter l’entièreté de sa chronique. Et n’oubliez pas votre petit sac pour vomir... https://www.lejdd.fr/chroniques/pascal-praud-dans-le-jdd-mes-chers-confreres-138198 |
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