Ce matin, j'ai la colère un peu plus noire - si, si, c'est possible ! - parce que la liberté d'expression, par déformation professionnelle, est la chose à laquelle je reste le plus attaché. Non seulement parce que c'est important de pouvoir contester, s'opposer et tourner en dérision, voir au ridicule ceux qui le méritent, mais aussi parce qu'à partir du moment où l'on vous empêche d'écrire, de dessiner, de parler, de manifester, c'est que l'on bascule dans une autocratie. Franchement, j'ignore combien cela prendra, mais un jour nos blagues et nos blogs seront perquisitionnés, interdits et les auteurs finiront par être inquiétés. Avec Macron c'est bien parti, avec Edouard Philippe, avec Wauquiez, sans même parler des le Pénistes, vous verrez que demain ou dans quelques années, cela se fera ! Je ne suis pas grand clerc, mais lorsque j'entendais, sur France Inter, Vanhoenacker, Vizorek et Meurice - auquel j'ajouterai Fromet, un remarquable chansonnier – je me disais souvent : « Putain mais que c'est bon ! Trop bon, ce n'est pas possible, ça ne va pas durer ! » Pour être honnête, cela a quand même duré bien plus longtemps que ce que je l'envisageais. Et j'avais l'impression que, plus ça avançait, plus ça envoyait du lourd. Un peu comme si ces humoristes de haut-vol effectuaient un crash-test permanent. Et ça y est, à force d'impertinence et d'indépendance, ils ont fini par... s'écraser ! C'est une nouvelle directrice de France-Inter qui s'est chargée de la besogne. Une animatrice à la gomme dont le bagout évoquait davantage une poissonnière du Vieux-Port qui aurait pris l'accent des bo-bos parisiens. Je l'avais, il est vrai, déjà un peu dans le pif, depuis que Francis B de la R. m'avait fait passer le podcast de la nana qui se prosternait, une heure durant, buvant les paroles de Daniel Herrero, qu'elle présentait - mais oui ! - comme un philosophe. Qui sait si le vieux barbu de la rade ne va pas hériter, du coup, de la tranche horaire que comprend la belle équipe à Charline. Et tiens ! Il me vient tout de suite à l'esprit que c'est une Van Reeth qui vire une bande de Belges de la radio française. Y a de ces coïncidences ! Enfin bon, en voilà une qui devrait au moins finir ministre de l'Information. Elle en a toutes les dispositions courtisanes et flagorneuses. Il faut préciser, tout de même, qu'elle partage son petit-déjeuner et peut-être pas que… avec Raphaël Enthoven. Lequel incarne par ses propos d'emphase et de mépris, la puanteur même de cette France déshumanisée, de cette classe de l'entre-soi libéral. Haissable. La liberté de la presse n'est plus menacée, les amis, elle est confisquée. Cela s'est fait en quelques années, en douceur, avec l'avènement des chaînes d'infos qui s'arrogent tous les monopoles. Et ce grâce à leurs actionnaires principaux, ces grands patrons, ces géants de la finance qui ont installé Macron sur son trône en 2017. Non, franchement, c'est quand même bien foutu leur système. Mais attention, soyez discrets lorsque vous dites ça, parce que sans quoi vous allez être fichés C. Comme complotiste. Toujours le même, Francis B. de la R. m'a fait parvenir le papier d'un journaliste de Imaz-press, l'un des principaux médias de la Réunion. Lors de la visite de Mme Borne sur ce que l'on appelait naguère l'île Bourbon - comme la vanille ! - la presse locale fut non seulement mise en quarantaine, mais presque interdite. La première ministre, non content de fuir systématiquement les manifestants sous prétexte qu'elle n'apprécie par les concerts de casserole, et de refuser tout dialogue avec les journalistes du pays - préférant les thuriféraires parisiens –, s'invita carrément sur le marché de Saint-Jospeh - sans avoir la correction d'en informer le maire - il est vrai par très macronisé - Patrick Lebreton. Mais que dire d'un pouvoir qui refuse de dialoguer avec les élus locaux, les manifestants et les journalistes ? Nous sommes, nous tous, ceux qui écrivons et ceux qui lisons, les seuls médias alternatifs encore possibles, toujours debout et un peu plus compliqué à combattre par la censure libérale et liberticide. Je crois hélas, que parmi ceux qui me lisent, bien peu font en sorte que cette lettre circule. J'en suis profondément navré, car c'est aussi l'avertissement qu'une grande force d'inertie, d'une dose excessive de fatalisme et chez les pires, de pleutrerie, anéantit l'expression publique. Je voudrais enfin rendre hommage aux copains qui résistent à l'affadissement de la pensée, des principes et de l'humanité. Éco-combattants, insoumis, indignés, défenseurs des droits, des femmes, des réfugiés et anticonformistes. Parmi eux, Chantal et Claude m'ont fait passer, il y a déjà quelques semaines, les coordonnées d'un journal participatif, évidemment indépendant et loin des strates subventionnées, conventionnées. L'Empaillé, c'est son nom impayable, je vous l'assure, c'est du bon boulot, du sérieux sans se prendre au sérieux. Niché, j'allais dire perdu en bas-Aveyron, non loin de Marcillac où l'on picole joyeusement, c'est donc dans le bled de Mouret que tournent ces petites rotatives résistantes. En face, il y a un géant, un monstre : La Dépêche du midi. Autant dire qu'il faut les aider. On vient de s'abonner. Si vous êtes dans la zone d'influence de la redoutable machine de presse des Baylet, entièrement mise au service de la socio-libérale Carole Delga, je vous invite à en faire de même. Pour mieux connaître les dessous de l'affaire... Quant à ceux qui ont un peu de sous, qu'ils n'hésitent pas à faire un don, ils en ont grand besoin pour subsister. Je pense aussi, dans la série de tous ces journaux et bulletins dont le camarade Ruffin et son Fakir sont devenus les précurseurs, à la lettre de l'ami Philippe et des écolos de Toulon : l'Oursin Vert. C'est à la fois virulent et vivifiant, c'est évidemment ce que vous ne lisez jamais dans Var-Matin, ça fait du bien et ça n'existe que parce des gens qui se préoccupent plus de leur prochain que d'eux-mêmes, n'ont pas encore baissé les bras. Leur page commence d'ailleurs par une citation d'Antonio Gramsci. C'est pas du Enthoven. Excusez du peu et je vous la recommande ! La liberté de la presse est en grand danger. Pas seulement en Iran et en Hongrie. Ré-veillez-lez-vous ! |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire