Je viens de recevoir mon nouveau téléphone portable. On appelait cela naguère un mobile (je précise cela pour que les lecteurs ne soient pas paumés dès le titre !). Un Redmi 11 S, une sous-marque de Xiaomi. Ben oui ! C'est Chinois ! Comme la plupart de ce que consomment les gens sans s'en préoccuper. C'est par conséquent pire que du Coréen et je ne parle pas des colonisateurs avec leur iPhone - le nom qu'il m'est le plus insupportable d'entendre avec Audi, résos-socios, Macron et start up néchion . Et puis, que voulez-vous, c'est mon petit côté macronien (vous avez vu son zèle et ses mamours devant le Xi Jing Ping au sourire figé énigmatique?) Un euro ! Au bout de quatre ans d'abonnement à Orange, tu as droit à un nouveau téléphone d'« entrée de gamme » pour 1 euro. On doit pouvoir s'en sortir ! Certes, sur mon ancien Huawei, je disposais d'un super objectif Leica, tandis que là, je croise que je vais retomber de quelques millions de pixels. Tant mieux, les gens à Nasbinals, finiront par comprendre, une bonne fois pour toute, que je ne suis pas photographe. J'ai même horreur de ça ! J'essaie d'écrire, mais apparemment ça les branche moins - enfin surtout ce que j'écris, j'avoue - et tout ça, entre-nous, n'a pas grande importance. Ce qui est plus couillon, c'est que je sois tombé en rade de télépho..to-vidéo, le week-end où ma copine Laurence, comptait sur moi pour lui confectionner une petite vidéo bien sentie. C'est une avalanche de bugs qui m'est tombée sur le coin de l'androïd et je n'en ai pas fermé l'oeil de plusieurs noïds. Mais vous me connaissez - comme disait Benetton ! - je me suis mué en contorsionniste pour sortir quelque chose de ces tuyaux et que je vous donne à découvrir, en PJ, si vous avez un peu de temps. Oui parce que son festival du bien-être, finement intitulé Slow'brac, c'est quand même un joli truc. Et d'une intensité remarquable. Surtout lorsque Christophe Bourseiller conduit tout cela d'un regard patelin, d'une gouaille toute parisienne et d'une indéniable subtilité. Et qu'un poids lourd du calibre de Frédéric Lenoir, répandit sa lumière resplendissante sur le clair-obscur d'un week-end maussade en Aubrac. Avec Xavier Péron, l'ambassadeur universel du peuple Maasaï, en prime, nous fûmes transportés dans l'un de ces mondes du possible, du rêve, du réveil et du bonheur, qui ne se rencontre plus, comme au temps de l'insouciance , au coin d'une rue. Si j'évoque tout cela, le chant et l'aligot de Denis, le sourire de Flora, les larmes de Laurence, c'est dans un mais bien précis, autre que celui déjà satisfaisant, de rappeler que le bonheur existe, ponctuellement et qu'il ne doit pas tout à une furtive poussée de dopamine. Quelques jours avant, j'avais écrit une longue lettre à l'aîné de mes petits-fils. C'est un beau jeune homme de seize ans passés, qui avait eu l'idée - bonne plutôt à mon goût, même si j'aimerais savoir un jour ce que ça fait d'avoir un intello dans la famille !- de devenir cuisinier . Surtout que je n'étais peut-être pas totalement exempt d'influence sur ce coup-là. Je le trouve bien prêt pour s'aventurer devant un piano de feu, mais tout le monde ne peut pas s'appeler Mozart ou Rebuchon. Mais sa mère m'avertit, récemment, qu'il décochait de ses études et que ma foi, il semblait s'éloigner à grand pas de sa supposée vocation. En gros, seul son portable compte et il en joue de jour comme de nuit. Vous imaginez ce que je pouvais en penser. Et retournait ma hargne contre moi, parce que le con qui lui a changé son portable, voici deux ans - le sien étant abîmé -… c'est moi ! Alors je lui ai écrit. Une lettre d'amour comme on n'en commet plus, après quarante-cinq de mariage, si l'on a eu la chance de ne pas croiser de maîtresse et la malchance de perdre sa maman. Je lui ai dit que je m'en voulais de lui avoir laissé penser que ce putain de truc de verre rectangulaire, que l'on appelle indûment un téléphone vu qu'il n'appelle jamais personne - et surtout pas son pauvre grand-père égaré au trou du cul du monde-, pouvait faire partie des choses essentielles de la vie. C'est un moteur de mort ! De mort sociale, de mort affective et je sais que c'est dur, mais je le croise hélas, de mort cérébral. Et alors, sans avoir jamais côtoyé Sénèque, Platon, Jung, ni Spinoza, je lui expliquais que seule la conscience, une recherche de spiritualité à travers la lecture, mais surtout peut-être à travers la nature, la force intérieure, l'amour aussi de ses proches, pourrait l'aider à vaincre ces démons futiles et pourtant mortifères, qui l'emprisonnent dans un écran de quelques centimètres carrés. Insisté sur le fait que si je m'en voulais d'avoir involontairement conforté son addiction, même Martin Cooper, l'inventeur du téléphone portable, se disait anéanti et effaré par les ravages de cet engin de malheur sur la jeunesse. Après avoir sublimement mis en perspective, en coupe et en lumière le mécanisme du désir, Lenoir, philosophe du bien-être, vint me porter le coup de grâce en expliquant que la cause majeure à cette intoxication de masse n'avait rien de philosophique, mais tout de physiologique. Il s'agit de la dopamine, cette substance du plaisir que l'espèce humaine a la faculté de produire chaque fois qu'elle joue, qu'elle mange ou qu'elle baise. Il est un peu jeune, mon petit fils et sa mamie ne seraient pas forcément ravis, mais j'aurais nettement préféré qu'il baise, comme nous le faisons - enfin pas moi, mais les copains - à cet âge ! Où alors, explique-t-il, il faut conscientiser ces actes pour mieux les maîtriser. Ben là, c'est pas gagné non plus. Parce que je crois bien que la conscience, Oui, vous avez raison. Je les ai beaucoup aimées ces conférences, ces messages revigorants, et cette valeur suprême de l'être qui prendrait un pas définitif sur l'avoir. Mais enfin rendu à mon petit qui absorbe cinquante vidéos de huit secondes par jour sur Tic-toc, saute d'un jeu de combat à instagram avec l'agilité d'un guerrier Maasaï et produit des doses de dopamine à profusion, je ne me suis pas senti pourquoi mieux armé. Je l'emmènerai tout de même dans mes forêts de l'Aubrac et on enlacera paisiblement un hêtre. Je ne sais ce qu'il pourra en retirer… Peut-être l'idée que son papi est devenu complètement fou ! Festival slow'brac 2023, la vidéo https://youtu.be/wqLyDAQWlLQ |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire