samedi 8 avril 2023

 

Ma thalasso, c'est un bain de manif

J’en imagine un paquet, y compris parmi les lecteurs de cette chronique, mais bien davantage parmi ceux qui ne le sont pas, qui doivent se dire : 
« Mais quel con ce Jaco de continuer à se taper 120 bornes et un défilé de deux heures parmi des dégénérés, pour contester une loi déjà adoptée ! » Qui sait même s’il y en a pas pour compléter : « Et la Marie, quelle cruche d’accompagner ce fondu ! » Si, si, je vous assure, c’est possible !  Surtout parmi les vieux ! Parce que je connais surtout des vieux maintenant et que de toute façon, les jeunes, ils s’en foutent. D’ailleurs lorsque je regarde ceux qui ne se sont pas ré-abonnés à Macronique (devenue Mélanchronique), je retrouve la plupart des jeunes qui l’avait été - un peu d’office d’ailleurs ! - Ce qui fait que je suis tout de même reconnaissant à ma nièce Caro, à ma belle-fille Caro, à Magalie et Cécile (j’en oublie, excusez-moi) de ne m’avoir point laissé choir en si long chemin.

Mais faut pas croire ! toute notre vieillesse n’est pas aussi pourrie qu’on le dit - et là je ne vais m’aventurer à citer les plus vieux que moi, abonnés à ce bout de papier, c’est pas beau de dénoncer ! - Mais des gens bien, je vous l'assure...
 

Toujours est-il que lorsque nous sommes arrivés place Urbain (je sais plus combien, entre cinq et dix je crois) à Mende ce jeudi à 17 heures, nous avons été frappés de stupeur. Nous n’étions pas plus de dix ! Bon après avoir pris nos renseignements, le rendez-vous avait été déplacé au Foirail (voilà ce que c’est de refuser fesse bouc ! me rétorquerez-vous, ce qui est très juste et je les emmerde plus que jamais). Donc nous avons continué deux cents mètres de plus et là, effectivement, nous étions... cent ! De quoi désespérer de tout. Mais surtout de la ponctualité.  Car une demi-heure après, ils étaient plus de mille à nous avoir rejoints. C’est ce qu’ils appellent le 1/4 d’heure Lozérien. Ils auraient tort de se vanter car dans le Var – et je suis sûr que chez vous aussi -, c’est pareil. Moi j’appelle plutôt ça l’impolitesse lozérienne (varoise, etc.). 

C’est à dire que des gens effectivement fort nombreux désormais, ont décidé d’arriver nettement en retard au mépris de ceux qui considèrent (sans doute des réacs grincheux !) que l’heure, c’est l’heure. Alors vous me direz, oui mais y en a qui travaillent, qui ont un empêchement… Mais bien sûr. Ceux-là peuvent aisément rejoindre le cortège, car le tour de Mende c’est pas compliqué à trouver. On n' est pas entre République et Néchion ! Bon enfin, c’est pas grave on finira par faire comme les autres, si bien qu’il ne sera bientôt plus utile de fixer une heure de rendez-vous, chacun arrivant quand bon lui chante ! Je rappelle que fonctionner ainsi, c'est l'exact contraire de l'anarchie. Ça, c'est le bordel ! L'anarchie consistant au respect des autres sans subir les ordres de quiconque. Vous qui avez des cerveaux, servez-vous en pour véhiculer ceci dans vos conversations. Cela vaut mieux que de raconter votre dernier voyage ou les détails sculpturaux de votre nombril... 

L’important c’est que même si l’effectif à fondu de moitié, nous soyons encore debout, autour de 1200 dans un bled tel que la préfecture de Lozère. Et on a quand même un certain mérite à y être, trois mois après, lorsque l’on entend à longueur d’ondes que le mouvement s’essouffle et dans le même temps, le leader de la CFDT dont - encore une fois – je ne comprends pas les raisons de l'attractivité sur  les travailleurs, entre dans la danse avec la première bornée, sans doute pour un tango torride.

Du coup, tandis que beaucoup cherchent la sortie, on se demande nous les vieilles carnes réfractaires, comment faire pour prolonger la contestation et faire en sorte que les jeunes sortent de la léthargie effarante qui les fait systématiquement se désintéresser : de la retraite, de l’injustice sociale, de la violence d’État et des crimes à répétition contre le climat. Vous vous rendez compte, si cela s’était produit en 68 ! là, je peux vous assurer, mes amis, avec un Macron à l’Élysée, on y aurait eu droit à notre Révolution. Et pas piquée des hannetons.

Bon enfin, j’espère que ça va durer un peu cette histoire, car j’ai une confidence à vous faire. Même si cela me coûte un max et me condamne à bouffer des nouilles tous les jours (les patates sont inaccessibles, je l’aime cette manif quasi-hebdomadaire. Non qu’elle me rappelle ma jeunesse, puisque moi à cette époque… j’étais vieux (!) mais parce que je m’y sens drôlement bien. Et jeune. Je veux dire moderne. Beau. Je veux dire digne.  Il est très agréable ce tour de ville bruyant, sifflant et musical. On y lance quelques slogans, des quolibets et des pétards. Je regarde les gens, je ne les connais pas et ils ont l’air porteur d’empathie, d’humanité, d’intelligence. Bien plus que ceux que je connais et que je suis censé aimer. C’est drôlement mal fait la vie, car même si la participation est en baisse, je ne pourrais jamais tous les inviter à dîner. 

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Alors même si je n'y suis pas et que je les exècre, puisque vous, vous y êtes. profitez-en pour faire tourner ce petit film retraçant la dernière manif à Mende sur vos résos-socios. Dans le plus petit département de France en population, elle illustre parfaitement le fait que personne n'est résigné après  bientôt  trois mois de manifestations.

https://youtu.be/0U9nPbizxvs

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