Il y a une douzaine d’années, paraissait un tout petit bouquin d’une trentaine de pages, intitulé " Indignez-vous " ! Stéphane Hessel l'avait écrit alors qu'il était excédé par le comportement de Sarkozy - le parrain de Macron, il est bon de le rappeler -."Indignez-vous" s’est vendu, la première année, à quatre millions d’exemplaires. C’est dire à quel point il existait des indignés putatifs ! Or, lorsqu’on constate le comportement atone de la plupart de nos compatriotes, notamment de nos jeunes et même – hélas - des salariés concernés, on se demande bien où ils sont passés.
Je suis, comme la plupart de mes interlocuteurs, un rien dépité au lendemain de cette journée historique de manifestations, par la rapidité avec laquelle les lampions se sont éteints. Après avoir clamé haut et fort que la France allait être bloquée, l’intersyndicale semble avoir considérablement reculé dans ce rapport de force. Reculer, c’est irrémédiablement perdre pied. Perdre tout court… Il faut dire qu’avec un syndicaliste tel que Berger, les moutons sont bien gardés ! (oh tiens, celle-là je la garde et la resservirai !)
Je ne fais pas partie des quatre millions de lecteurs de la première année « D’indignez-vous ! », ni des suivantes. Mais je sais que dans cet essai, il invitait les Français aussi bien que les citoyens du monde à ne plus accepter les inégalités de richesses, l’emprise de la finance sur le fait politique, l’affaiblissement de ses grands acquis sociaux que l'on devait notamment au Conseil National de la Résistance (sécurité sociale et retraite !). Eh bien à part les couillons - tels que nous - qui vont et viennent dans la rue depuis deux mois, ainsi que quelques leaders, tels Besancenot et Ruffin, on n’entend guère gronder le pays. Bien au contraire, les gros bourgeois du Sénat s’empressent de voter en faveur du report de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.
Mais enfin combien de moutons, que dis-je d’agneaux, râlent en leur for intérieur à l’idée de devoir rempiler deux ans (deux ans, c’est long !) mais seraient les premiers à gémir et s’offusquer, s’il manquait un peu d’essence à leur bagnole et tout le train-train de leur vie de soumis aux lois du marketing, de la consommation et d’une communication au main de la finance.
Car c’est là que je veux en venir ce matin. Et à ces journalistes qui me font honte. Des larves. Juste bonnes à ramper aux chaussures de leurs patrons et actionnaires milliardaires. Je n’ai jamais été fier de rien et c’est ce qui me distingue d’à-peu-près tout le monde. Car la fierté, c’est de l’égo, que de l’égo et j’exècre l’égo, qui conduit des petits banquiers toxicomanes à briguer les plus hautes charges de l’État. Comme aurait dit l'inénarrable François Fillon : « Imaginez le Général de Gaulle... » Enfin, je me comprends !
Je n’ai donc jamais été fier d’être journaliste, mais là je suis atterré, j’ai honte de ce que je lis et que l’on me rapporte. Aucun sens critique, pas d’éthique, ni d’amour propre. Et même si j’en ai connu des rampants, serviles, maniganceurs, malhonnêtes, la corporation finit de se déconsidérer totalement. D’ailleurs elle n’existe plus, ce sont des communicants. Pâles communicants mon cher Patrick ! En résumé, heureusement que je ne retrouve plus ma carte de presse n° 50 201, sans quoi je lui aurais chié dessus !
Prenez BFM et TF1 – ce sont quand même mes préférés ! - qui annoncent que la galère est presque terminée pour les usagers des transports. La galère ! Cela fait des dizaines d’années que lorsque les pignoufs ne peuvent pas rejoindre leur lieu de travail - ou de vacances d’ailleurs - on parle de galère ! Déjà on mesure à quel point ils ont le sens de la nuance. Putain, mais moi je les y enverrais bien, ces journalistes de mes deux, dans les galères. Les vrais. Celles qui vont à Cayenne ! Ils mesureraient, au bout de quelques coups de rame, ce que c’est que la galère !
Mais enfin voilà quoi ! Trois millions et demi de gens ont manifesté contre la régression et la violence sociale et dans les journaux télévisés ou imprimés, il sont devenus moins de la moitié par le fait du Prince et du préfet ! Et puis surtout, surtout on est sorti de la galère. Mais le journaliste qui n’a donc rien d’un galérien, qui n’a jamais rien foutu de sa vie que des raisonnements, je lui souhaite - comme cela m’est arrivé – d’avoir mal au dos et de se faire opérer d’une hernie discale parce qu’il n’en pourra plus de travailler au milieu d’une bande d’arrivistes ; de se retrouver déclassé à 50 ans parce qu’il ne sera plus assez performant ou dans la ligne éditoriale (admettons que le grand méchant Mélenchon arrive au pouvoir, ouhhhh !) et même tiens - comme ce soir je suis tout de même plus qu’agacé par ce monde qui m’entoure et me débecte - de mourir à 64 ans ! Le soir de son pot de départ. Pam ! Une voiture en sortant de la rédaction. Ou un bon infarctus à force de bouffer et de fumer comme un con. Ou un petit cancer de ce que vous voulez. Té, du pancréas à force d’avoir picolé… Journaliste de CNews ou du Figaro, ta retraite, ta retraite, tu sais ou tu peux te la mettre !
Demain ou dans quelques jours on reparlera aussi des jeunes. Ceux qui, sans aucune conscience sociale et politique, répètent bêtement ce qu’on leur a fourré dans le crâne depuis des années : « De toute façon, la retraite nous dans quarante ans, on l’aura pas. » Mais si, mais si, petit con, tu l’auras ta retraite ! Continue à rester le nez planté dans ton portable à commander n’importe quoi sur Amazon plutôt que de t’intéresser à cette terre que l’on martyrise et cette société que l’on anesthésie et tu l’auras ta retraite … à 70 ans !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire