Ah ! Quel dommage que je sois chez moi, plutôt que Sétois ! Je ne sais pas si j’ai déjà eu l’occasion de vous le confier - car même si j’écris beaucoup, j’en conviens, peut-être trop vous avez raison, je ne vous ai pas encore tout dit-. Vivre à Sète, c'était mon rêve ! Les odeurs de bêtes mortes remontant du canal et celles non moins insalubres s’échappant des restaurants, les mouettes qui vous chient dessus, les moustiques de l’étang de Thau qui vous transpercent de part en part, ses huîtres qui vous filent des gastros d’anthologie et l’élégance, le charme discret de la Méditerranée, ses plages de serviettes qui recouvrent la totalité de l’espace et dessous : le sable !
Ah ! le sable dispersé par une tramontane qui fait les trois-huit, 365 jours par an et, si ce n’est pas le vent, ce sont les gosses qui courent et soulèvent des bancs entiers qui finissent dans les yeux du voisinage. Les pauvres, faut bien qu’ils s’amusent…
Non, Sète vraiment, c’est mieux que chouette ! Un paradis, que dis-je, LE paradis sur terre ! Mais là, depuis hier, je crois et pour quelques jours, je le crains, c’est encore beaucoup mieux que tout ce que l’on peut imaginer dans l’ordre du divin. L’opération Orion. Orion 23 pour ne pas mentir.
Un truc exceptionnel. Plus fort que la 7e Compagnie et en technicolor. 17 000 hommes, d’après Midi Libre, mon journal de référence. Ils ont débarqué à l’aube, raconte-t-il, surgissant de la nuit tels pleins de Zorro, de 30 bâtiments (je crois que ce sont plutôt des bateaux) et de 50 aéronefs (il me semble que se sont des avions). Et allez que je te mitraille de partout, que je te franchisse les forêts, déguisé en pin maritime, que je te rase les murs. Pour la noble cause, certifie le papelard puisqu’il s’agit de sécuriser la ville. Ça ! faut reconnaître, si j’étais à Sète actuellement, je me sentirais vachement en sécurité.
Et alors, tant qu’on en est à parler « presse » il est un autre torchon qui jubile actuellement, c’est le Figaro. Depuis Vichy et Charonne, il n’a que rarement eu l’occasion de bicher comme à présent. Et attention, chez ces grands humanistes, porteurs de valeurs de fraternité entre les races et les peuples, on claironne sans sourdine à la « une » : Orion, l’exercice géant de l’armée française, pour se préparer à la guerre. Eh bé té ! Si vous aviez le moindre espoir que l’on puisse passer à travers, les camarades du Figaro vous la promettent sans nuance et peut-être même sans tarder. Étourdi que je suis, je me suis demandé un bon moment comment cela se faisait qu’ils y tiennent tant à leur conflit généralisé, les joyeux héritiers de ce pauvre Beaumarchais (ne pas confondre avec Georges).
Je cherchais, je cherchais... Bon d’accord, c’est sûr qu’ils aiment démesurément les Ukrainiens, surtout depuis qu’ils ont décidé qu’ils ne voulaient plus être Russes. Ah ! Voici le mot dit, le maudit même. Le grand méchant Russe qui ne cesse de menacer jusqu’à leurs frontières, ces si gentils américains à qui le monde appartient, comme chacun le sait ou devrait le savoir.
Bon d’accord, casser la gueule aux Russes, c’est évidemment la moindre des choses, mais quand même… Et puis enfin ça m’est venu. D’un coup… J’ai pas de mérite, je suis doué d’un sens inné de la déduction ! Le Figaro c’est Dassault, les chars bien sûr (celle-là je peux jamais m’empêcher de la faire, peut-être ne fait elle rire que moi…), les armes, mais accessoirement aussi les Rafale dont raffolent les dictateurs et sanguinaires arabes du Golfe pas très clair, mais bourré de pognon. Et puis les magnifiques Falcon, qui promène le président, ses ministres et les amis du patronat et de la finance.
Finalement voyez, c’est pas très compliqué, la politique. Tout s’explique, suffit juste de réfléchir un brin.
Après faudrait-voir si le fait que la France soit le troisième dealer d’armes et autres engins de morts au monde, est en rapport avec le fait qu’elle semble si impatiente que cela reparte pour un tour. Le troisième. Mais peut-être aussi le dernier, si comme cela se murmure, le monstre Poutine, plutôt que de jouer aux petits soldats, prépare une livraison massive d’ogives nucléaires sur ceux qui lui cherchent résolument querelle. Dans ce cas on aura bien vendu notre camelote, mais pas sûr qu’à l’arrivée on puisse profiter pleinement de la recette !!!
Dernier petit exercice de réflexion et de déduction, est ce que cette répétition guerrière de grande envergure est à rapprocher de la décision relativement récente de Macron de supprimer le corps diplomatique ? Et de transformer les ambassadeurs et autres négociateurs de paix, en hauts-fonctionnaires, susceptibles d’occuper un poste dans n’importe quelle autre administration : l’armée par exemple !
Allez ! je cesse de vous importuner peut-être, avec tant de perfides allusions. Je vous laisse avec ceux qui souhaitent rester avec leurs illusions. Car inévitablement en se reportant toujours aux résultats électoraux, il y en a qui trouvent que c’est très beau tout ça. Surtout pour les pauvres Ukrainiens. Bravo M. Macron. Et pas que Macron d’ailleurs car il a attiré sur ce magnifique théâtre d’opérations, tous les européens. Alors, Vive l’Europe ! Et l’OTAN qui nous défend de l’envahisseur...
Dernière précision d’ordre sémantique ou orthographique, dans le cas précis Orion, s’emploie généralement au pluriel et prend toujours un H...
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A voir éventuellement, cet avis un peu décalé du gaulliste et néanmoins sarkozyste Henri Gaino :
https://www.youtube.com/watch?v=DYMo9bZWVHo
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