Le dimanche en général – mais aussi en civil – je vous dispense de mes coups de stress, de spleen, de blues et tout ce qui s’exprime en bon français par ce mot merveilleux « états d’âme ».
On part un peu en balade sur les drailles, ces chemins que nous partageons avec les pèlerins et les vaches. Y aurait de quoi raconter et surtout montrer, tant que l’Aubrac et ses températures de moins dix nocturnes, résistent à la patate anticyclonique qui devrait, en quelques jours, nous enlever cette neige que j’aimerais tant retenir jusqu’à l’été, voire... l'éternité.
Seulement, nous étions le 11 février 2023. Probablement la journée de bascule dans le conflit social des retraites où l'on a battu le pavé et probablement, tous les records de mobilisation. Et pour ceux qui s’amusent encore de mon nom – ceux de la cour d’école primaire, qui n’en sont pas moins parfois les meilleurs – j’ai le regret de confirmer que je ne comptais pas parmi ces deux millions et quelques de manifestants. Un concours de circonstances malheureux à voulu, comme vous l’aurez compris, que je sois privé de voiture après l’avoir éclatée sur un rocher en descendant manifester mardi dernier à Mende et que mon épouse soit descendue auprès de sa mère, comme cela était prévu avant la relance du mouvement.
Je remercie en revanche ceux qui m’ont fait participer à la « fête à Macron » par procuration. Aussi bien à Rodez avec des amis Nasbinalais - sans doute les seuls du village à revendiquer ! - qu’à Toulon, avec cette fois, ce qu’il y a de plus cher à ma chair. Ils savent je crois le plaisir qu'ils me font de m'avoir ainsi représenté, avec tout ce qu'ils ont de beauté d'âme et de générosité. En plus, ils étaient vingt mille ! Et vingt mille manifestants dans cette ville, pour une lutte sociale, en théorie, ce n'est pas possible...
Je n'ai jamais connu mon grand-père, gazé en 1917, mais mort après vingt-cinq ans de souffrance. Il parait qu'il était "coco". J'aurais aimé qu'il me tienne la main en m'apprenant l'Internationale, le "Temps des cerises" comme on chante maintenant "On lâche rien", "Le chiffon rouge" et tous ces chants d'humanité où l'on se bat encore et d'abord pour l'autre...
Pour apaiser ma frustration, j’ai pris mes raquettes et suis monté à la Sentinelle. Mais non ! pas pour faire un tennis, cono ! Celle-là aussi, on me la fait à tout bout de champ ! La Sentinelle, c’est le point qui domine légèrement Nasbinals à 1260 mètres. En montant pour me donner du courage, je les ai chantés à tue-tête, l’Internationale et « On lâche rien ». A un moment, je suis tombé sur des gens qui descendaient sans que je les aperçoive. Ils m’ont pris pour un gaga, tant pis ! S’ils m’avaient salué avec un grand sourire, c’est qu’ils auraient compris, tandis que là, ça faisait plutôt la tête éberluée. Oh ! les "bourges", je vous emmerde...
Mais je me dois de vous faire un aveu et ne peut différer ma confession. A propos des résos-socios, je me suis planté ! J’ai toujours pris la précaution de préciser qu’il n’y avait pas que des cons sur fessebouc et ouatesape, mais quand même, que tous les cons y étaient. C’est d’ailleurs pour ça que cela fait tant de monde ! Vous ne devez pas en revenir que j’écrive cela et vous attendez le moment où je vais prononcer l’une des formules-clé de ma chronique : « non, je déconne... » Et bien, je ne déconne pas du tout. Car même si cela reste de la merde, un outil de formatage à haute intention commerciale, c’est aussi l’un des rares moyens de pouvoir communiquer sans se laisser intoxiquer par les médias tenus - on ne cesse de l’écrire en le répétant -, par les grands patrons, la finance et l’État, leur complice et premier bénéficiaire.
Ce samedi donc, jour de triomphe pour le mouvement syndical et le peuple de gauche, toutes les chaînes de télévision où de radio, se sont efforcées en ramant à contre-courant de manière pathétique, d'expliquer que non, il y avait déjà eu des phénomènes équivalents voire supérieurs. Sur le site d’information d’Orange que je consulte, puisque j’y suis abonné, les quatre principaux titres étaient consacrés hier soir à : 1 – le sucre et notamment le coca-cola, fléau responsable des caries chez les enfants (un véritable scoop !). 2 – l’idée du gouvernement de faire payer les amendes en fonction des revenus ( tiens ! du social…) 3 – la disparition d’Héléna Cluyou, peut-être victime d’un crime sexuel. 4 – Pierre Palmade, cocaïnomane criminel. Et rien non plus dans le fil d’infos - comme ils disent -. Mieux encore, on trouve à 16 heures une dépêche évoquant une manifestation en faveur de la corrida, qui aurait rassemblé cinq mille personnes à Montpellier. Dans le genre provoc, allez trouver mieux !
Alors, je ne dis pas que les infos d’Orange conditionnent l’opinion publique de notre pays. Je constate que même sur internet, les groupes financiers pratiquent éhontément la désinformation. Ils portent d’ailleurs autant de responsabilités que les télés et journaux, dans le fait que les gens se sont détournés des médias professionnels, pour constituer leur propres réseaux de communication. Ô combien amateur, mais encore plus ou moins libre.
Il faudrait aussi aller dire à Macron et sa clique, que ce n’est pas en trafiquant les chiffres par la police et en les faisant reprendre en boucle sans la moindre trace de déontologie, par la télévision, que les manifestants seront moins nombreux. Vous souvenez- vous du ton triomphal des valets de la Macronie qui annonçaient, mardi, un « tassement sensible de la protestation » alors qu’ils savaient pertinemment que ce samedi serait marqué par des chiffres records dans les cortèges. Z'ont pas l'air cons !
Il s’agit, maintenant c’est avéré, du plus grand mouvement social des cinquante dernières années et ces manifestants sous-évalués, dédaignés, quelque part humiliés, mettrons plus de cœur à l'ouvrage encore, pour se faire entendre et respecter. Dans un pays où hélas, les lèches-culs ne regardant que leur nombril dominent, une prolongation et une amplification des manifestations constitue déjà une aubaine, un fait historique.
Et donc, désolé de ne pas vous y accompagner, mais sachez que si je considère toujours fessebouc et touiter comme une aberration, je considère aussi qu'ils nous sont en l'espèce bien utiles... Y compris pour organiser la suite et la durcir...
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