mardi 28 février 2023

 

Élégante formule que l'on doit à Michel Audiard. Et qui vaut à peu près pour tout, sauf pour les manifestants évidemment...

La boucle, hélas, est bouclée

On vous parlera encore, comme on vous chante une berceuse, comme on vous verse un barbiturique, de résilience. Formule très en vogue, passée de la physique à la métaphysique et popularisée en psychanalyse par le chouchou des médias, le Varois Boris Cyrulnik.  Il faut un temps pour tout et il me semble qu'il serait préférable de parler de Résistance. Dans ce monde en déshérence où les gens semblent vouloir profiter de tout avant de sombrer dans l’abîme, n’y a t-il rien d’autre à faire que de suivre et subir ? Comme ils ont suivi Macron, le suppôt d’un monde libéral, ravageur de moralité publique, aliénateur et destructeur de consciences. Et le suivra-t-on encore, lorsqu'après avoir décrété la fin de l’abondance, il osera peut-être demain évoquer l’ère de la frugalité et pourquoi pas de la décroissance et de l'abstinence ? Tout et son contraire ! Comme il a fait croire qu'il était le rempart face à l’extrême droite, tout en la ménageant, l’entretenant durant deux quinquennats, pour s’en servir d’alibi, d’allié même, pour sa réélection.

Voyez-vous, je n’aime plus trop les gens, peut-être l’avez vous remarqué (?) parce qu'ils ne m'inspirent plus de respect, ni  d'amour. Ce ne sont pas des hommes, enfin des êtres humains, dignes d’intérêt, de considération. Ce sont des moutons qui vont voter Macron soit parce qu’ils appartiennent à son monde, que ça les arrange - et c’est légitime -, soit et c'est hélas la plupart, parce qu‘ils ne comprennent rien, ne voient rien, ne veulent rien voir, ni savoir, de la duplicité, de la saleté de la stratégie macronienne, qui n’est autre que l’incarnation d'une doctrine libérale brutale et autoritaire. Mensongère.

Ceux-là, ces petits ovins dans le troupeau, sont complices - que dis-je coupables - non pas tant par connivence que par indifférence. L’indifférence à tout sauf à leur petit égo. Leur petit moi - leur petite fin de mois - ; de vénalité, de vulgarité, qui les conduit à se satisfaire d’une semaine à Tignes, d’un voyage d’illusion, d'une piscine de flottaison, d’une voiture d’ostentation, d’un costume de suffisance… Et si je n’ai jamais aimé les premiers, les riches, les financiers, les patrons, ceux de la caste supérieure qui méprise le peuple - ce mot que l’on pourrait aisément remplacer à leur estime par de la merde -, je n’aime plus, mais alors plus du tout les seconds. Plus envie de leur accorder la moindre excuse, la plus petite concession, plus envie de les fréquenter...

D’ailleurs et j’évoquais la question déjà hier, je les connais, ceux qui ne se sont pas réabonnés à Macronique - devenue Mélanchronique et tous ces proches qui s’éloignent - et surtout qu’ils continuent ! - Qu’ils se gavent et se repaissent d’un système, d’une société consumériste taillée sur mesure pour eux, décérébrés, déshumanisés. J’avais choisi de titrer cette chronique agitée, désordonnée : « Voilà pourquoi je vous hais ! ». Au bout de vingt lignes, je me suis un peu calmé - mais non apaisé -, enfin, je me suis ravisé et ce sera juste : la boucle est bouclée. Et les cons sont sur orbite… ça tourne !

Mon ami à distance, Francis B de la R. m’a en effet passé par mail (un truc qui marchait très bien avant les résos), une vidéo aussi brillante qu'édifiante. Il s’agit d’un court métrage (8 minutes à consommer ci-dessous) de Pablo Polledri. Comment ? Vous ne connaissez pas Pablo Polledri ! 
Non je plaisante, je ne veux pas vous écraser de mon immense culture, enfin pas tout de suite ! D’ailleurs à ce se sujet, c’est assez impressionnant de voir tous ces gens hyper-savants depuis qu’il y a internet. Quand je pense qu’il y en a qui, des siècles durant et même encore, se sont fait chier à engranger par cœur des milliers de connaissances, pour devenir maîtres ou docteurs en tant de choses, alors qu’il suffit désormais d’allumer un ordinateur pour tout savoir sur à peu près n’importe quoi. C’est quand même couillon !

Non, je ne le connaissais pas plus que vous, ce Pablo Polledri. C’est un Argentin. Ni spécialiste de tango, ni propriétaire de ranch, ni joueur de rugby. C’est un créateur et un réalisateur de films d’animation. Il y a quelques semaines il a reçu le Goya (le César espagnol) du court métrage. Cela s’appelle Loop. Ça se prononce loup, mais celui-ci n'est pas entré dans la bergerie. Ce n’est pas loupé non plus, car traduit en bon français, cela donne : boucle. Et durant ces huit minutes-là, on assiste consternés, presque impuissants à la parfaite traduction parabolique de ce que nous sommes devenus sous l’emprise et la loi de la société capitaliste. 

Des humanoïdes. De petites machines serviles. Idiotes. Machines à consommer, à obéir, à se vacciner, à se distraire, à aimer, à surveiller, à trahir. Tellement formatées que lorsque l’opportunité de s’affranchir d’une situation non désirée se présente, l’on en devient incapable. Et lorsque par extraordinaire, on à l’heur de tomber sur des esprits libres qui vivent comme ils l'entendent et différemment - comme vous et moi ici-même - une brigade spéciale les poursuit, les traque, jusqu’à ce qu'ils rentrent dans le rang.

Je vous préviens, c’est drôlement bien foutu, mais ça fout le bourdon. Si vous le comprenez… Et vous le comprendrez parce que vous n’êtes pas dans la boucle. Merci.

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Loop de Pablo Polledri Meilleur film d’animation en court métrage au Goya 2023 de Séville.
https://youtu.be/ijq_UkRKSFw

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