Geoffroy Roux de Bézieux. Y a vraiment des types qui ont des noms et des tronches prédestinées. Alors oui, chaque fois je le redis parce que c’est utile, nous sommes tous le con de quelqu’un, de plusieurs et parfois de beaucoup. J’imagine qu’avec ma prose vespérale et les lectures matinales qu'elle peut susciter, je dois bien capitaliser en la matière. Mais alors lui, pour moi, c’est un modèle, un chef de file qui, mille fois hélas, ne manque pas d’émules. Il est à craindre que non content d’être richissime, cet espèce de beauf, haut placé chez les argousins, se croit beau et intelligent. C’est en zappant les dernières infos de Médiapart, concernant la manif de jeudi, que je suis tombé sur cet ectoplasme.
Ce fils à papa qui doit sa fortune au fait du Prince, de Louis XV en personne - je vous invite à aller voir son pedigree sur Wikipedia, c’est du carabiné , de l’extrait de nanti, du baril d’indécence – ose tout et c’est bien aussi à ça qu’on le reconnaît. Il est certain qu’avec un tel palmarès, n’importe quel blindé de la planète, se planquerait dans son yacht au fin-fond des océans en espérant que ni la vie, ni le typhon, ni le Diable ne lui demande des comptes ! Et bien lui, messieurs-dames, il pérore à la tribune, se pavane au MEDEF et entre à l’Elysée comme dans un moulin où le petit marquis l'attend fébrilement, les genoux jouant des castagnettes. Il donne même des leçons aux pauvres et assure que les gens se foutent bien de l’âge de la retraite, que ce qu’ils veulent, c’est du pognon pour finir le mois ! On croit rêver ? Non, ce type et ses semblables sont des cauchemars pour la société et c’est ce dont le libéralisme a enfanté avec d’autant plus d’aisance que le peuple, les électeurs - par leur passivité - les ont installés. Va-t-en maintenant les déloger !
Il faut voir les choses en face, ces souverains, nous les avons, parce qu’au moment où nous pouvions tous avancer en commun, renforcer les conquêtes sociales, choisir l’écologie plutôt que l’économie, le local plutôt que le mondial, la fraternité plutôt que la croissance, nous avons tous - enfin presque !- agi et voté pour nos petits intérêts : plutôt Chirac que Jospin, Sarkozy évidemment, Hollande plutôt que Mélenchon et même, même Macron et c’est à n’y rien comprendre…
J’ai aussi lu qu’une maligne de la secte de Bézieux du MEDEF, avait déclaré à Lyon - me semble-t-il - consécutivement aux manifs et sans doute dans un but d’apaisement, qu’un maçon pouvait aisément travailler jusqu’à 64 ans ! C’est qu’elle a dû en soulever beaucoup, des sacs de ciment, tout en maniant la truelle dans le froid, le vent, la canicule.
Je pense à tous ces gens dont l’idéal de vie n’était pas le travail, le pognon ; ceux qui n’avaient besoin de bosser pour exister, de faire des courbettes, de faire semblant pour gagner du galon, passer des diplômes à la con pour monter dans la hiérarchie et emmerder le monde sans trop le faire avancer. Ceux qui se foutent bien de la valeur travail et qui n’ont sûrement pas tort, tant elle est surfaite, biaisée et détournée par les réactionnaires droitiers. Il y a mes Seigneurs, autre chose que votre fric de merde dans l’existence, vos transactions foireuses, vos startups nébuleuses et vos extractions honteuses. Il y a une planète à restaurer, des oiseaux à entendre – et à attendre – rechanter, une terre à réenchanter.
Et je pense même à ceux et surtout celles qui, les malheureu-ses-x avaient la vocation dans les campagnes, les hôpitaux, les EHPAD, les crèches - il paraît que le petit Jésus est turbulent -, les ateliers, les écoles, les gares, les guichets. Qui se sont levés le cul, souvent de trop bonne heure allant prendre un train, un bus, un métro dans les courants d’air et ce sont cassés le dos, usés les nerfs souvent pour des salaires non conformes à leur investissement et à ce qu’ils donnaient en terme d’éducation, de soins, de production, de services. Ceux à qui l’ont vient expliquer le plus sérieusement du monde, non sans culot mais en toute autorité, qu’ils vont devoir bosser deux ans de plus. Sans la moindre justification, lorsqu’on sait que la retraite est financée pour longtemps et que surtout, il y a de l’argent à récupérer en pagaille dans les cassettes de ceux qui la ramènent en permanence. Ceux qui peuvent travailler -et continuer à se gaver - jusqu’à quatre-vingt ans, puisque dans leurs entreprises, leurs tours d’ivoire, leur entre-soi libéral et leur costume du dimanche, ils n’ont jamais rien branlé...
Dans le prolongement de ce que j’écrivais hier, il me semble incroyable, honteux que nous, peuple de France, héritiers des Révolutions et de la Résistance, laissions ces patrons nous avilir de la sorte. Certes, Clémentine Autain n’est pas Louise Michel et François Ruffin n’est pas Jean Moulin, mais comment ceux-là et d’autres ne donnent-ils pas envie de se réunir autour d’eux pour envisager un monde plus juste et forcément meilleurs. Pas pour Geoffroy, mais pour ses valets. Voilà c’était ma petite tirade quotidienne. Un jour, un ancien abonné m’a tancé, me reprochant de tourner en rond et de ne finalement rien faire avancer.
C’est que cela doit être beaucoup mieux en se taisant. Surtout lorsque, plutôt que de lutter en s’indignant, on préfère naviguer...
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