Pour la police gouvernementale le compte s'est arrêté à 1,1 millions, pour la CGT il s'est poursuivi au-delà des 2 millions. La vérité doit se situer au milieu, qu'importe. S'il ne s'agit pas d'une vague de fond, voici un beau mouvement d'ampleur. Mais je suis pas nature méfiant et inquiet, pour ne pas dire un peu défaitiste -car lorsqu'on s'inscrit parmi les activistes, le pessimsime n'est pas de mise et ne doit surtout en aucun cas être concédé-. Mais enfin tant que les gens ne crèveront pas de faim...
Non mais franchement c'est beau de voir tant de monde dans la rue. Que l'on soit en instance de retraite, en précarité, en difficulté quelconque ou comme moi dans une logique révolutionnaire, on se sent moins seul et un peu réconcilié avec l'espèce. Je l'ai dit hier, c'est une énorme frustration de n'avoir pas été dans ce premier grand défilé de la contestation à Macron 2. Se retrouver au cœur d'une manif, cela vous porte. Même les petits marcheurs parviennent à avaler des kilomètres et les petits bras sont prêts à en découdre. Il y a le phénomène de foule certes, mais peut-être quelque chose d'heureusement plus noble, qui tient à cette émotion solidaire et humaniste (enfin pas quand on manifeste contre l'avortement ou l'immigration !)
Un million et demi c'est fort et un soutien de 60 % des français, c'est bien. Pour autant, si je vous ressors les chiffres de 2018 et nos fameux gilets jaunes, ça craint déjà un peu. Car ils étaient au moins aussi nombreux au départ sur les ronds-points et les français les soutenaient à hauteur de 74 % ! Il aura suffi qu'on leur arrache un œil par-ci, par-là et qu'on en mette quelques-uns au gnouf, pour qu'ils se déballonnent... Petits joueurs ! Non je déconne - je le précise car ils ne pratiquent pas tous le second degré et la litote !- et ce qu'ils firent aura néanmoins marqué la société française. Mais j'aimerais pour autant, qu'il n'ait s'agit que d'un premier coup de semonce. Celui de ce 19 janvier 2023 en étant le suivant.
Ce que j'observe, en me présentant-là aussi objectif que sérieux, c'est que les motifs d'un véritable combat de rue ont décuplé. Sans caricaturer, je me souviens que les petites gens, se déclarant les oubliés du territoire, se mobilisaient contre la limitation de vitesse à 80 à l'heure (tu parles d'une catastrophe !) et de l'augmentation du gasoil à 1,70 € (alors qu'il a franchi allègrement les 2 €). En réalité, c'est surtout que les gens d'en bas, de gauche et de droite, ne pouvaient pas voir en peinture ce président, arrogant et méprisant, dans lequel ils ne reconnaissaient par la France.
Quatre ans plus tard, il est difficile d'imaginer que la tête de Macron leur reviendrait davantage. Tout, dans son comportement, ses propos, sa seule présence, révolte le citoyen lambda. Celui qui n'est, de près ou de loin, concerné, voire corrompu, par la finance, le marché, le profit. Certes on identifie bien ce noyau de vingt pour cent de privilégiés qui à lui seul, parce qu'il se mobilise aux élections et vit dans le confort absolu, assure la prolifération de la peste libérale. Mais...
Mais ce n'est plus seulement ce visage hideux de la grande bourgeoisie qui révulse les citoyens. Ce sont les crises successives : 'hôpital, la COVID, l'Ukraine, l'hyper-inflation - essayez d'acheter un filet de merlan ! -, les super-bénéfices et les provocations gouvernementales qui, des retraites aux allocations chômage, s'en prennent à toutes les forteresses du modèle social français. On puise dans le portefeuille et la santé des plus faibles tout en privilégiant les patrons, les actionnaires et empires financiers : crédits d'impôts, aides publiques, suppression des taxes sur les hauts revenus. Ce sont des provocations à la chaîne qui méritent surement mieux qu'une riposte ponctuelle, même à deux millions de quidams.
Non la révolution n'est pas encore en marche et je vous ai déjà donné hier mon point de vue. Pour faire tomber Matignon, voire l'Elysée, il faudrait que les quatre-vingts pour cent de Français hostiles à Macron, se mobilisent. L'ennui c'est que tous ceux que Le Pen - et ils sont aussi des millions - a récupéré en jouant sur la peur de l'autre et la haine de l'étranger, ne sont pas solidaires du mouvement. Car leur raisonnement est désormais figé sur la question de l'immigration, qui est pourtant et évidemment la dernière des causes à l'origine de la crise. Là - et je sais que cela reste entre nous - le problème se situe au niveau du cerveau et il n' y a hélas, pas grand chose à faire. Si ce n'est qu'à attendre que ce peuple-là ait faim, et là, je vous le garantis, ils y descendront dans la rue. Et pas gentiment !
Désormais nos regards se portent, avec nos espoirs, au 31 janvier. D'ici là, rien ne devrait bouger chez nos princes et ce n'est qu'après que le duo Macron-Borne, décidera de la marche à suivre. Si les syndicats maintiennent leur unité, si les étudiants et lycéens entrent plus massivement dans la lutte, si les salariés du privés osent défier leurs patrons, si la petite bourgeoisie déjà bien mal en point accepte de sortir de sa fragile zone de confort, si les banlieues méprisées, les campagnes ignorées, si les fonctionnaires plus massivement dans les hôpitaux et les écoles notamment, rejoignent le mouvement, inspirés par cette foule déjà importante du 19 janvier, alors oui, il reste bien un espoir de basculement dans une sorte de rébellion qui pourraient emporter ce pouvoir démoniaque.
Vous n'avez pas été nombreux à m'envoyer des photos de vos manifs -en fait un seul pour le moment ! mais j'attends demain pour établir un bilan -. J'espère que ceux qui s'y sont rendus m'en feront part. Peu d'entre vous semblent également faire suivre Mélenchronique. Or ne cherchez pas. Si vous n'avez même pas ce petit geste solidaire et indigné, il n'y a aucune raison pour que les autres bougent. Et que ce monde change.
Quant à moi et dans ces conditions, je ne pisserai pas non plus très longtemps dans cette contrebasse !
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