Cela peut paraître prétentieux, mais il me semble que l'on peut déjà tirer le bilan des dix ans que Macron devrait passer à la présidence du pays. Si tout va bien... pour lui ! D'une part - et c'est la plus navrante - il sera parvenu à fractionner le pays en deux camps irréconciliables, au mieux à moyen terme. Les grandes fortunes et ce petit tiers de français qui le sont beaucoup moins - riches -, mais assez pour se sentir solidaires et protégés par le système, et les deux autres tiers dont une partie se bat encore, mais dont l'essentiel semble à jamais résigné, déclassé, rejeté. La symbolique, il ne faut pas aller la chercher plus loin que dans la dialectique macronienne. D'un côté les siens, les "premiers de cordée" et de l'autre "ce qui ne sont rien" !
Accessoirement, mais c'est évidemment bien plus grave qu'il n'y parait - et tellement malin de sa part - il aura été celui qui élimina et même lamina, tous les partis d'opposition, à commencer par les deux grandes familles historiques de la politique française : les démocrates-chrétiens incarnés par ce qu'il reste de Les Républicains et les Socialistes. Il n'est qu'à voir les scores ridicules de Mmes Pécresse et Hidalgo.
Si Macron est bien le président installé par la finance - plus grand monde ne le conteste d'ailleurs - il a aussi bénéficié de conseils avisés et, allez, accordons-le lui, d'un sens politique assez développé, comme le sont les grands opportunistes mégalomanes. Se sachant aussi proche des idées de la droite prétendument modérée que des socios-libéraux du PS, il n'eut donc aucune difficulté à faire l'amalgame dans cet immense ventre mou que représente la bourgeoisie consommatrice, sans idéal, sans conviction, sans âme.
La seule incarnation, la leur, est donc jupitérienne et n'est pas jolie à voir. D'autant que sans que cela perturbe grand monde, en procédant ainsi, Macron a jeté les gens laissés sur le bord de la route, dans les bras des Nationalistes. Qui n'en demandaient pas tant et qui, tout en le critiquant plus ou moins sincèrement, lui doivent une fière chandelle.
On a donc assisté à la débandade Républicaine dont elle ne se relèvera pas. Les durs iront avec Bardella, Marion Maréchal et va-t-en voir quel autre vert-de-gris ; les faibles rejoindront la macronie qui, même sans Macron mais avec la même perfidie, a tout l'avenir devant elle.
J'attendais donc les résultats du PS avec curiosité, ce week-end, pour savoir s'il restait encore des gens de gauche dans cette coquille vide. 41 000 votants, je ne sais si vous vous rendez compte, mais pour celui qui était le premier parti de France des années 2010, c'est nul ! Malgré tout, le sortant, Olivier Faure, surnage en flirtant avec la majorité des voix au premier tour. L'opposant principal -son nom est trop long pour figurer ici - passe tout juste les 30 % et se croit autoriser à revendiquer la victoire ! Plus ils sont petits, plus ils sont gonflés ! C'est pourtant une sacrée gifle lorsqu'on sait que tous les éléphants, ceux qui ont justement mis le parti socialiste à terre, soutenaient cette motion en totale contradiction avec les valeurs de gauche. Il était mandaté par Carole Delga - dont la gloutonnerie et la duplicité se lisent dans les yeux - d'autres "chefs" de régions et l'inévitable Hidalgo. J'avoue que pour l'opposant malheureux à Olivier Faure, ce soutien constituait un lourd handicap. S'il avait seulement pu le refuser...
Bref, tous ceux de Hollande, dans la lignée de Valls -leur maître à tous-, de Cazeneuve, de Le Foll et de tous ces fossoyeurs du socialisme, courent dans tous les sens, s'éparpillent, aveuglés par les phares de leur propre histoire, mesquine et délétère. Il y a fort à parier que la totalité de ces faux-culs trouveront un petit espace - à leur mesure - dans le magma vaporeux des opportunistes avides et vides de sens.
L'autre moitié, qui suivra Olivier Faure dans l'alliance de gauche, aura évidemment beaucoup de peine à exister auprès des écologistes et insoumis. Mais en conservant au Parti de Jaurès sa ligne prolétarienne et humaniste, elle grandira et rebondira même probablement un jour, sur les ventres repus des renégats.
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