mercredi 7 décembre 2022

 

Jeudi 7 décembre 2022



Faut-il euthanasier les soignants non-vaccinés ?

Qui avait-il aujourd'hui de mieux que le prix de l'humour politique pour alléger cette chronique, qui s'ouvre souvent sur des allures cocasses et débonnaires, pour s'achever sous des chapes de plombs ? Chaque fin d'année, le club fondé en 1988 par Jacqueline Nebout, décerne donc ses oscars de la meilleure blague à d'heureux récipiendaires qui ne sont d'ailleurs pas toujours maîtres de leur humour. On décompte même un nombre conséquent de propos hilarants prononcés le plus sérieusement du monde par leurs auteurs. Tout le monde ne peut se révéler maître de la communication comme le fut un Edgard Faure regrettant : " Voici que s'avance l'immobilisme et nous ne savons pas comment l'arrêter". J'irais presque jusqu'à suggérer que le patelin président du Conseil, puis de la l'Assemblée, nous manque, s'il n'était pas l'initiateur de l'extrême-centre et le père naturel de qui vous savez...

C'est quelques années avant que ce concours d'une nouveau genre  n'ait vu le jour, que Coluche déclarait : "J'arrêterai de faire de la politique, quand les politiciens arrêteront de nous faire rire !" Autant dire que sans sa moto et quelques meurtrières addictions, notre icône de la déconnade, ferait toujours de la politique. D'ailleurs, il en fait ! Filer à bouffer à ceux qui ont faim et froid sans cesse depuis quarante ans, c'est éminemment politique. Et là non plus il n'y a jamais de répit. Les promesses élyséennes s'amoncellent et les files de malheureux se multiplient.

Donc, la palme d'or de l'humour 2022 en politique est revenue à Fabien Roussel. Qui sait ? Ah oui ! Je m'attendais à la question. Il s'agit du premier secrétaire du Parti Communiste. Il cumule d'ailleurs les farces en cette année 2022. Car c'est bien lui aussi qui, en avril dernier, se proposait de détrôner Mélenchon, dont il est terriblement jaloux - et il y a effectivement de quoi ! - Malgré son épais maquillage sur les affiches et l'oeil de velours qui ne laisserait pas insensibles les ultimes  filles du peuple, il culmina dans un grand éclat de rire à ... 2,3 %. Juste ce qu'il fallait pour empêcher Méluche d'aller défier le jésuite jupitérien au second tour de la présidentielle. Très drôle en effet !

Maintenant, faut tout de même lui rendre justice, comme comique il dispose d'un vrai potentiel. Il a, en tout cas, bien amorcé sa carrière à la pompe, en déclarant cet été : « La station d’essence est le seul endroit en France où celui qui tient le pistolet est aussi celui qui se fait braquer ! » Difficile encore d'établir si son jeu de scène serait à la hauteur de ces promesses, mais bon y a quelque chose.

Le charme et la force de l'humour c'est qu'il est éminemment transpartisan. Ainsi, Roussel est talonné de près par Nicolas Sarkozy. On mesure bien-là, comment les illuminées de la place du Colonel Fabien peuvent rivaliser avec les repris de justice. Dans le cas de l'ex-ami de Mouammar, il s'agit même de re-repris et même re-re-repris et probablement bientôt re-re-re-repris... ce qui n'empêche nullement cet homme aux diverses facettes, de prononcer quelques phrases cultes, dignes d'un sous-Audiard, lorsqu'il persifle à l'adresse de son ancienne groupie, Valérie Pécresse : « Ce n’est pas parce que tu achètes de la peinture, une toile et des pinceaux que tu deviens Picasso. Valérie Pécresse, elle a pris mes idées, mon programme et elle a fait 4,8 %. » Ceci étant dit sans la moindre fausse-modestie ! Picasso c'est peut-être exagéré. Lui  serait plutôt du genre  pingre pique-assiette ! 

Voilà, j'aurais bien poursuivi cet aimable florilège, si je n'avais lu entre deux badinages, que Caroline Fiat, la député aide-soignante qui porte la parole des sans-grades, des opprimés qui sont nos véritables héros de la République, retirait finalement la proposition de loi visant à la réintégration des personnels soignants ayant refusé la vaccination. Tout ça, parce LFI s'étant montrée incapable de présenter ce texte lors de sa niche parlementaire, refuse d'entrer dans celle que lui ouvre le Rassemblement National.

Voilà encore une manifestation pitoyable des manigances politiques, des manoeuvres incessantes dont se rendent coupables les élus de la République, qui s'assimilent de facto aux élites de la pire espèce. Et irritent au plus haut point, le populo. 

Il y a deux jours encore, la même Caroline Fiat, tenait un discours cohérent et bien différent : "S'ils nous permettent de faire passer un texte juste, pourquoi le refuserions-nous..." Certes, le Rassemblement national tendait un piège grossier à l'opposition de gauche. Mais en faisant bien savoir que la NUPES n'était pas DUPE et qu'elle ne partageait aucune des idées xénophobes et nationalistes de la bande à Le Pen, elle permettait à des milliers de personnes et notamment dans les départements d'outre-mer, d'être réhabilités et de reprendre le cours normal de leur existence. Ont-ils déjà oublié que Macron, l'ennemi Numéro 1 de Marine, accepta les voix généreuse du RN pour faire élire ses députés au détriment de ceux de gauche ?

Et puis que veulent-ils tous - les Insoumis de Mélenchon comme les autres - ? Que l'on couvre d'opprobre, que l'on marginalise, que l'on destitue ceux qui ont refusé une vaccination qui allait contre leur principe ? A qui faisaient-ils du mal ? Et d'abord la vaccination a-t-elle réellement éradiqué la COVID ? Ces gens sont sacrifiés, déclassés pour la seule et excellente raison - au goût du pouvoir- qu'ils ne sont pas soumis.

Cela fait des décennies, depuis Mitterrand, Lang et Strauss-Khan, que la gauche française se coupe de ses racines, s'éloigne de ses valeurs et se rapproche des socios-libéraux fascinés par la consommation, le marché, la bourse et le modèle américain. Le lent poison de la gauche bo-bo a fini par se répandre dans tout le corps électoral et c'est évidemment l'inénarrable Hollande qui a injecté la dose létale. Et les voici, bien qu'ils s'en défendent, tous peu ou proue macronisés. Tombés dans le panneau de la bipolarisation où les bons se taisent et les méchants sont tous des fascistes.

Le retrait de cette proposition de loi constitue une lourde défaite pour le camp populaire. Quasiment une abdication. Une trahison ! Je reste coi, interdit, sidéré de constater que ces dirigeants n'ont toujours pas compris que ce n'était pas en méprisant leurs anciens électeurs qu'ils les inciteront à rentrer au bercail. Et à ce rythme-là, la gauche n'est pas près de regagner la moindre élection.

 

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