Vendredi 23 décembre 2022
Sur la même longueur d'onde |
Noël, c’est nul, me direz-vous ! Non, d’ailleurs, vous ne me direz pas ça. Enfin pas tous. Pas beaucoup. Mais je partage cet avis. Ça l’est devenu, parce qu’au nom du fric et du Saint-esprit de consommation, on a transformé une belle fête relevant de la mythologie chrétienne, en grand'messe capitaliste mondialisée. Je ne crois en rien, mais à tout prendre, j’aimerais mieux croire en Dieu. Si cela me va bien, avant de vous laisser quelques jours, manière de digérer vos ripailles et sortir de votre bulle de champagne, j’en remettrai une petite couche au pied du sapin. C’est devenu n’importe quoi, mais je n’ai rien contre une petite attention. Or je trouve que vous la méritez. Vous qui avez pris la peine de répondre « oui » lorsque je vous ai proposé d’encombrer votre boite mail avec ma chronique quotidienne. Cela m’a touché et je vous en remercie encore, tout en espérant que comme un petit nombre d’entre-vous, d’autres recruteront autour d’eux, afin que la parole -qui n’est jamais vaine – ne soit pas trop restreinte non plus. Alors, dans ce monde où l’on consomme tout et n’importe quoi, outrancièrement, j’ai trouvé qu’offrir de jolies notes, de belles voix, des paroles douces et apaisantes, c’était aussi bien et plus commode, qu’un bouquet de fleurs des champs - surtout en plein hiver -. Cela m’inspire plein d’émotions, de sensation de bien-être. Lorsque je les écoute et que je caresse mon chat, je ressens cette plénitude absolue. Comme une force intérieure. Me dis qu’il ne peut rien m’arriver ou, que je peux mourir maintenant. C’est un peu la même chose - à condition de partager cet angle de vue particulier -. HK (Kaddour Hadadi), c’est il y a trois ans qu’il m’est tombé du ciel comme une providence. Je ne sais plus si c’est mon amie Danielle de Nevers qui me l’a envoyé, ou le contraire. Ce que je sais, c’est que depuis – comme pour Nadau – elle aussi, court inlassablement après. Je ne sais si vous avez jamais eu le bonheur, en découvrant un morceau de musique, d’être d’un coup, saisi, envahi, transporté, ensorcelé par ce que vous entendez. Beaucoup de mes amis éprouvent des choses semblables, à la lecture d’un grand bouquin, d’autres, dans une salle de cinéma. Moi, c’est à l’écoute des belles choses, les yeux clos. Aznavour lorsque j’étais gamins, puis Brel, Brassens, Barbara, Ferrat et Ferré, Reggiani mon chouchou, m’ont tour à tour bouleversé. Ils sont - avec ma petite famille, quelques amis et l’Aubrac- toute ma vie. Dans le sens où je mesure que, sans eux, elle n’aurait pas eu le même relief. Mais lorsque j’ai écouté Nadau - Los de qui cau, Lo dia Maria, Morlana, Saussat… - j’ai su que je rencontrais l’homme de ma vie. C’est con à dire et ce d'autant que cela marche aussi pour d’autres, avec Céline Dion ou Patrick Fiori (!) mais après tout pourquoi pas ! L’important c’est d’offrir à l’âme sa part de baume. Alors je pensais bien que plus jamais de tels débordements sensoriels – sans doute excessifs, mais faut-il s’en guérir ? - ne m’atteindraient. D’autant que je suis un type aussi fidèle qu’intransigeant. Mais voici donc que vient le confinement. C’est chiant cette période où tout le monde à peur de tout, où les gens s’espionnent, se méfient, se masquent et se piquent, hystériquement. Sans oublier de donner des leçons aux intempérants. Pas un pet de distance avec le matraquage médiatico-gouvernemental, aucune originalité, ne parlons même pas de générosité... Heureusement, sur internet, on ne tourne pas exclusivement qu’en bourrique. Exceptionnellement, la grâce vous atteint. HK, je ne connaissais pas... Si ! « On lâche rien » c’était bien dans le manifs et moi j’ai pas fini, de la chanter. J’ignorais qu’il en fût l’auteur. Un « arabe » en plus... Et oui, je me moque, veuillez me pardonner… La première pépite qui m’a frappé en plein coeur, ce fut le magnifique « Danser encore ». Un hymne à la liberté, à la fraternité, la concorde et l’émancipation. Rien de bien en cours dans nos sociétés bêlantes et libérales. Alors tu parles, si j’y vais ! Google c’est de la merde et l’ordinateur pas loin… mais qu’est-ce que c’est pratique ! Je l’ai découvert « mon » Kaddour. Un amour de mec. Et me voilà déjà en chemin vers cette infidélité dont je me croyais incapable. Autant vous prévenir, pas plus que je ne suis bipolaire, je ne suis ni bisexuel et de femme, je n’en ai eu qu’une - j’ai bien fait, car je ne suis pas encore certain d’en avoir fait le tour ! - Enfin me voilà sur la place d’Antraigues-sur-Volane, au Festival Jean-Ferrat dont HK est la vedette estivale. Tu parles ! Au pays de celui qui a chanté Ma France et La montagne d’Ardèche... Tellement semblable à l’Aubrac. Alors, c’est parti : Dis-leur que l’on s’aime, Laissez-nous travailler, Sans armes et sans violence - bien sûr -, toute une cascade de musiques joyeuses, de voix chaleureuses, de paroles justes et généreuses. Lorsque HK s’est associé à Awa Ly, pour nous donner Un autre rendez-vous, je me suis jeté dessus. Le CD est arrivé cinq jours plus tard - oui je sais c’est plus long qu’Amazon et même si cela devait mettre deux mois, je n’irais toujours pas chez Amazon ! - J’ai posé longuement mon regard sur la jaquette, en mesurant la somme d’émotions, le monceau de sentiments, qu’elle recelait. L’ai téléchargé sur mon PC et ce n’est qu’hier donc, que je me le suis fais péter, au son épuré de la Bose. Et j’ai vécu une de ces heures rares, privilégiées, que vous offre la vie à petite dose. Sans quoi d’ailleurs ce serait trop. L’homme à la casquette blanche s'avance en duo. Avec Awa Ly. Awa, il faut que je vous dise, c’était aussi le prénom de la petite serveuse du week-end que nous avions dans notre restaurant de Toulon. Jeune et jolie comme un jour. Pleine d’humour de classe, de grâce et d’intelligence. Elle étudiait le commerce international et je lui demandais bien ce qu’elle allait foutre dans ce merdier. C’était pour aider son pays, le Sénégal… Plus rien à objecter ! On s’est perdu de vue, mais nos coeurs battent en mesure, la plus belle des mesures : fraternité entre les hommes, au-delà des peuples et des frontières, qui n’ont de sens que dans une vision mesquine du monde. Awa Ly non plus, avant Un autre rendez-vous, je la connaissais pas. Voix cristalline allant sur deux octaves avec l’agilité de ces hermines qui arpègent sur les murets de basalte de mes hivers joyeux. Elle ne chante pas, elle vogue, chaloupe, s’envole, parfois se révolte mais avec cette espèce d’élégance par laquelle toutes les révolutions deviennent rassurantes. HK est égal à lui-même, tout en harmonie dans son univers à lui où les mélodies ne sont jamais anodines et confinent toujours au sublime. Il y a là des trésors d’humanité, de sensualité, de générosité. Il y chante Prévert – Etranges étrangers – mieux que s’il l’avait lui-même écrit. Awa enchaine en un clin d'oeil - Étrange étrangère - Et moi qui suis un fou d’accordéon - de Boissonnade et Péchel jusqu’à Azzola et Galliano – je me repasse Inchallah Paris avec une inlassable délectation. Il délivre enfin, un irrésistible « Je suis Charlie, je suis Adama, je suis Samuel Paty, je suis Zyed et Bouni, je suis Rémi… » Et nous, sommes bien sur La même longueur d’onde... ________________________________________________________ Je vous offre donc un titre - le plus connu de cet album - : |
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