lundi 19 décembre 2022

 



20 décembre 2022

On a aussi perdu la COP 15 à Montréal

Il y avait donc 24 millions de Français - soit la moitié de la population adulte - devant TF1, Macron et leur Coupe du monde au Qatar dimanche après-midi. Bel exemple de solidarité envers les esclaves du bâtiments et les mouvements d'écologie, féministes et des droits de l'homme entre autres. Le président l'a dit "faut pas politiser le sport !" D'ailleurs il a donné l'exemple ! Mais si nous avions interrogé nos compatriotes au sujet de la COP 15 de la biodiversité, qui se jouait à la même heure au Canada, combien auraient été seulement informés de son existence ? Sans vouloir jouer les pessimistes, deux tiers probablement, nous auraient dit : « chut, tu vois pas que les Bleus sont en finale ? » Quant au dernier tiers - celui des faux-culs qui ira jusqu’au bout, en enfer, avec Macron – il aurait répondu : « Ah oui, c’est important ça, la biodiversité, mais en même temps, les Bleus sont en finale. »

En gros, ce que deviennent nos océans, nos lacs, nos pâturages, nos forêts, cela ne les tracasse guère, lorsqu’au même moment un ballon roule sur la pelouse artificielle d’un monde démentiel. Eh ! les écolos ! Fermez-là ! On s’entend plus gueuler ! D’autant que c’est seulement demain que ça craint, tandis que là, les buts de M’papé et le demi de bière, c’est à déguster de suite. Puis, côté réflexion, c’est tout de même plus vite fait ! L’insouciance, l’inconscience aussi, c’est maintenant. Même si vous m’objecterez que ce n’est pas d’hier non plus. Oui mais enfin, si l’on mesure le degré d’incapacité de réflexion, de réaction et d’action des nouvelles générations bercées par les GAFAM et l’égoïsme ; le mépris et la résignation des anciens, il n’est pas compliqué d’anticiper le cataclysme annoncé sur cette pauvre nature.

Du reste, ceux qui ont voulu « vendre », autrement dit susciter un intérêt pour la COP 15 de Montréal pour la biodiversité, ce sont aventurés à la comparer à la COP 21 de Paris pour le climat. C’est tout de même assez gonflés, lorsqu’on sait que cette dernière n’a servie à strictement rien et que par exemple, la limitation du réchauffement à 1,5 ° fixé à 2050, a déjà été franchie, trente ans avant. A ce rythme-là, dans le même laps de temps, tout sera cuit, êtres humains compris.

Alors si je lis l’un des beaux organes gouvernementaux - France Info - je me rassure : « plus de 190 Etats approuvent un accord historique qui vise notamment à protéger 30% de la planète d'ici 2030 ». C’est beau ça ! Surtout que c’était présidé par la Chine et que ceux-là, question protection de l’environnement, on ne les attendait pas à la distribution des prix. Là où l’on a bien pu les reconnaître, c’est lorsqu’ils firent taire et passèrent outre les objections du Congo et d’autres nations d’Afrique, qui réclamaient d’avantage d’aides compensatoires. Oui, parce que l’on demande à un pays dont les seules ressources sont maritimes ou sylvestres d’en exploiter un tiers de moins, mais on ne lui dit pas comment il va nourrir son peuple. Tandis que pour ceux qui saccagent leurs littoraux et leurs sols pour enrichir les grandes industries et leurs capitaines, y aura toujours moyen de s’arranger entre forbans.

Bons mais enfin, ne nous emballons pas, tout ça c’est essentiellement et continuellement du vent. Parce que l’article triomphant diffusé par la radio d’État, se trouve finalement assez loin de la réalité. Une branche de ma forêt familiale m’a permis de prendre connaissance d’un autre document élaboré, celui-là, par Bloom, une ONG qui se bat contre la destruction des océans, du climat et des petits pêcheurs ! De celles que vous n’aurez jamais l’occasion de voir et d’entendre sur LCI ou BFM.

Alors même qu’en cinquante ans  les animaux terrestres ont disparu dans une proportion de 69 % et pas moins de 90 % des gros poissons (du mérou à la baleine) ; que dans la mer du nord les poissons de plus de 16 kilos ont décliné de 99,2 % en un siècle, que la diversité biologique du monde est en train de s’éteindre à la vitesse de la lumière, ce n’est plus une nécessité, mais une obligation absolue d’en finir avec les exploitations en tout genre et à fortiori lorsqu’elles n’ont pas une indication vitale mais seulement mercantile. Hé bien, que nous apprends Bloom ? Que ce sont les hommes de Macron, la diplomatie environnementale française qui a sabordé le plan de la COP 15. En communicant sur un objectif de protection de 30 % de la biodiversité dans le monde, la France alliée notamment aux Pays-Bas, est parvenue à faire abandonner la résolution qui devait imposer, partout dans le monde, une protection stricte, c’est-à-dire totale, de 10 pour cent de ces zones. Dix pour cent, sans usine, ni rejets, ni extraction, ni pêche, ni crème solaire pour bronzage intégral. Rien. Dix pour cent où la nature reprendrait intégralement ses droits, permettant la régénération, voir le retour d’espèces animales ou végétales, c’était trop et pour cause. Lorsque son élection dépend intégralement des lobbies industriels et financiers, on ne peut se permettre d’interdire l’exploitation de ressources qui mettent l’environnement mondial en péril, mais les dividendes en folie. Encore une parfaite illustration de la pourriture du « en même temps » : je communique sur ces 30 % de zones protégées, mais je n’empêche pas mais amis de les exploiter. Car il faut bien comprendre qu’il s’agit de délimitations factices, de mesures de papiers, de pointillés sur une carte où les puissants ne se gêneront pas de sévir à l’abri de toute publicité, si leur besoin s’en fait sentir.

Bref il s’agit d’une grossière opération de marketing, communication de conception typiquement macronienne. On la retrouve dans son aspect le plus ridicule sur le terrain de foot de Doha et dans les méandres de la politique environnementale à Montréal où Macron s’est bien gardé d’apparaître, puisqu’à son image, les aficionados du football, du Qatar et des Bleus, n’en ont strictement rien à foutre.

Voyez ci-dessous l’article de Bloom et voici le site de l’ONG : https://bloomassociation.org/

Le péril français sur la biodiversité mondiale

L’heure est grave. La situation accablante. La France est en train de saboter la possibilité même au niveau international de protéger la nature. Je pèse mes mots. Lisez jusqu’au bout car il faut impérativement que tout le monde connaisse la dualité du gouvernement d’Emmanuel Macron sur l’écologie. Je précise qu’il ne s’agit pas d’une attaque idéologique de notre part : nous avons toujours critiqué tous les gouvernements qui se révélaient défaillants dans la protection des biens communs et d’une économie tournée vers l’humain. Comme toujours, nos critiques sont basées sur des faits et ceux que nous avons à révéler aujourd’hui sont d’une gravité rare.

La France est en train de faire dérailler les négociations internationales sur les espèces vivantes. La responsabilité de notre gouvernement dans ce drame est inédite. Du jamais vu.

Une conférence sur la biodiversité aux enjeux existentiels

En ce moment même se tient à Montréal la 15ème conférence internationale sur la biodiversité, dite « COP15 » (15ème « Conférence des parties »). La dernière COP sur la biodiversité a eu lieu en 2018. Contrairement aux COP sur le climat, les COP biodiversité ne se tiennent pas annuellement alors que le monde naturel et les espèces animales et végétales sont en train de disparaître.

Les chercheurs alertent sur la dégradation faramineuse du vivant sur Terre. En moins de 50 ans, les animaux sauvages ont decliné de 69% au niveau mondial. Dans l'océan, plus de 90% des grands poissons comme les mérous, les espadons ou les requins ont disparu depuis 1950. En Mer du Nord, les poissons de plus de 16 kilos ont décliné de 99,2% depuis 1900 ! Rendez-vous compte : la diversité biologique du monde est en train de s’éteindre. La beauté du monde est saccagée par nos activités. Nos économies sont basées sur la destruction des habitats naturels et de la biodiversité alors que l’humanité dépend vitalement de cette diversité, qui nous fournit la régulation du climat, la nourriture, la pollinisation, la dépollution des océans, la fertilité des sols, le stockage de carbone, l’absorption de nos excédents de CO2…

Sans biodiversité, pas de vie sur Terre.

L’enjeu de la COP Biodiversité à Montréal est donc EXISTENTIEL.

Il s’agit de mettre 196 pays d’accord sur des mesures immédiates et efficaces de protection de la nature. C'est maintenant qu'il faut protéger le vivant, au minimum pour se protéger nous-mêmes.

Le résultat majeur qui est attendu de la Conférence sur la biodiversité est l'adoption d'un objectif de 30% de protection de notre planète d’ici 2030, que ce soit sur terre ou en mer.

C'est une mesure d'urgence et de dernière minute avant le tomber de rideau sur la nature.

Les objectifs de protection sabotés par la France avant même la COP15

Vous savez déjà car vous nous lisez qu’Emmanuel Macron a clamé haut et fort que la France protégeait "plus de 30% de ses eaux" et vous savez aussi que nos chercheurs ont déjà démontré et fait savoir haut et fort que ce chiffre était mensonger. (Voir nos études antérieures sur notre site).

Avant la COP Biodiversité, nous avons interpellé le Président de la République dans le journal Le Monde pour lui rappeler que la politique du chiffre n’avait aucun sens si les aires marines dites « protégées » étaient en fait labourées quotidiennement par des pêcheurs industriels tirant des chaluts sur le fond.

Avant même de partir à Montréal, la France a saboté de l’intérieur l’objectif de protection de la COP15. Les diplomates français à Bruxelles se sont opposés à la Belgique qui ferraillait pour que le mandat de négociation officiel de l’UE pendant la COP Biodiversité comporte non seulement l’objectif de 30% de protection mais aussi l’objectif de 10% de protection « stricte ». La France, alliée aux Pays-Bas, a gagné : le mandat de l’Union européenne ne mentionne que l’objectif de 30% de protection et a abandonné les 10% de « protection stricte », c’est-à-dire que l'UE a renoncé à défendre au niveau international la mesure la plus efficace pour permettre à la nature de se réparer : les zones de protection intégrale ne coûtent rien à personne, on y laisse simplement l’océan et les animaux marins SOUFFLER, sans les prélever, sans les exploiter, sans les détruire. Et l’excellente nouvelle, c’est que ça marche ! Lorsque les humains cessent de s’acharner contre la nature, elle se régénère de façon spectaculaire. C’est pour cela qu’il faut créer des zones strictement protégées de toute urgence.

Malheureusement, la pêche a aujourd'hui accès à 99,9% des eaux métropolitaines françaises et le gouvernement Macron a œuvré au niveau de l’UE pour proroger cette situation lamentable. Mais une fois arrivée à Montréal, la délégation française a montré qu’elle pouvait être beaucoup plus nuisible que cela.

Le pouvoir de nuisance de la France débridé à Montréal

A Montréal, la France applique la méthode Macron : elle affirme publiquement quelque chose et agit en sens totalement inverse.

La délégation française prétend être favorable à l'objectif de 30% de protection et à l'adoption de critères sur la "qualité » qui précisent ce qu'on entend par « protection ». Car si on ne précise pas que dans une aire marine protégée, les activités industrielles et les méthodes de pêche destructrices sont interdites, on se retrouve avec des « parcs de papier » : des pointillés sur des cartes qui n’empêchent en rien le saccage des animaux et des habitats marins.

La France s'affiche donc en faveur d'indications sur la « qualité » de la protection, mais dans les négociations, la France est ultra active pour bloquer l'adoption de critères qui permettent de définir très clairement ce qu’on doit interdire dans les aires protégées. La France voudrait que le monde entier fasse à son image et se dote d'aires marines protégées qui sont des coquilles vides et ne servent à RIEN.

Le rôle toxique de la France choque les délégations étrangères, y compris au sein de l’Union européenne. Les alertes nous parviennent en grand nombre de Montréal. Les ONG, les diplomates, les observateurs sont atterrés par le double jeu de notre pays.

La France n'a même pas le courage d'assumer publiquement cette position indigne. Emmanuel Macron veut le beurre et l'argent du beurre : l'exploitation de chaque animal pour la pêche et de chaque grain de sable pour la construction, tout en se faisant passer pour un champion environnemental.

Il faut bien comprendre qu’on se trouve bien au-delà d’une simple opération de markéting écologique dont on a l’habitude en vue d'une échéance électorale.

Et malheureusement, les consignes de l'Élysée sont de saboter l'ambition de l'Union européenne. La France œuvre CONTRE l'interdiction des activités industrielles dans les aires protégées à l'intérieur de la délégation européenne.

C'est une catastrophe. Tout est calcul. Le macronisme n'est pas qu'un antiécologisme, c'est un machiavélisme écologique.

Sans protection de l’océan, pas de solution pour le climat. Sans un océan en bonne santé, pas de pompe à carbone pour absorber nos excédents de CO2.  Sans animaux, pas de séquestration du carbone.

Emmanuel Macron sait tout cela mais il nous regarde en face et il nous ment. Le hiatus entre l’affichage vertueux de la France et la réalité lamentable de nos actions génère de fortes tensions parmi les diplomates sur place.

Pour sauver le lobby français de la pêche industrielle, c’est l’avenir de l’humanité et du vivant qu’Emmanuel Macron est en train de sacrifier à Montréal.

C’est une honte infinie pour la France et un désastre sans précédent pour le vivant sur Terre.

Nous avons déjà attaqué le décret du gouvernement Macron qui amoindrissait la définition des zones protégées devant le Conseil d’État. Il devient clair que nous devons renforcer nos actions en justice pour empêcher le chef de l’État de détruire notre avenir.

Nous avons besoin de vous pour tenir cette bataille dans la durée : la pente est raide et la route longue, mais notre détermination est inébranlable.

Merci de votre soutien, de vos encouragements, de votre fidélité.

Au quotidien, vos messages décuplent notre énergie. Merci du fond du cœur.

Claire Nouvian

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