28.- À SATAN, SATAN ET DEMI - Il y a longtemps, très, trop longtemps - disons 40 ans - je fus réveillé à l'aube par une sirène étrange - courte, rapide, stridente - dans le genre de celles qui résonnaient durant l'occupation allemande, signifiant qu'il fallait descendre aux abris. Je me retrouvai, paniqué, assis sur mon lit. Ma femme interloquée. " C'est la guerre ! " avais-je dû décréter avant de me raviser bien vite.
Cela se passait dans un bled du Maine-et-Loire où nous accueillait gentiment ma belle famille. On peut même l'appeler par son nom, Chemillé.
Depuis lors, il m'arrive d'évoquer cette histoire pour rire, sauf qu'en réalité cette sortie de cauchemar - c'est ainsi que je l'interprète - n'était ni totalement idiote, ni injustifiée. Je souffrais déjà - et je ne me suis jamais soigné - de russophobie. Très curieusement, moi le révolutionnaire si proche de Marx, de Trotski et Proudhon - dans la pensée desquels je picore et me nourrit - l'anti-capitaliste primaire et anti-américain secondaire, ai toujours eu une sainte frousse des Soviétiques et même globalement de tous les Slaves.
Je n'ai certes pas besoin de vous présenter Staline, ancien grand copain du brave Adolf et qui sur le palmarès des suppliciés est probablement de nature à rivaliser. Certains prétendent qu'il aurait fait mieux. Ne chipotons pas, ils se valent... Mais ceux qui ont suivi en URSS, Khrouchtchev, Brejnev, Andropov, Tupolev - ah non, excusez, ça c'est un avion qui se scratche régulièrement ! - n'engendrent pas non plus l'hilarité prodromique. Ils donnaient l'impression de rire chaque fois que leur habilleuse leur piquait le sein avec les aiguilles de ces dizaines de décorations qu'ils portaient sur le poitrail. Et connaissant les goulags de réputation, elle faisait gaffe !
Ils étaient, pour de bon, terrifiants tout ces vieux camarades figés dans leur costume d'apparat, leur doctrine totalitaire - et pas si égalitaires -, impassibles lorsque défilaient des kilomètres d'engins de guerre et notamment ces premières bombes nucléaires reposant sur trois essieux distants de plusieurs mètres. Et les soldats qui se ressemblaient tous avec leurs casquettes trop grandes, leur pas de l'oie (ni loi d'ailleurs) et ne devaient pas avoir lu Horace dans le texte (carpe diem). Tout ce joli monde - que les occidentaux et libéraux s'empressèrent d'assimiler exclusivement au communisme pour mieux asseoir leur hégémonie - indépendamment de la grande austérité dans laquelle il baignait, contribua justement au discrédit de cette belle, grande et je dirais seule idée digne de l'humanité : le commun, l'égalité, la fraternité. Bravo et merci !
Mais Poutine lui, il n'est pas communiste. Il en a même balayé toutes les traces en faisant entrer la Russie dans une économie de marché plutôt débridée. Il n'en reste pas moins l'archétype de l'ours froid, cynique et violent dont on ne s'est jamais assez méfié. Je me souviens avoir croisé dans les aéroports des monstres au regard glacial, dont je ne m'approchais jamais de peur de prendre froid. Y compris lorsqu'ils étaient entourés de belles plantes. C'est ainsi un jour, autour de sublimes créatures, que deux blonds rasés, visages taillés à la serpe et vitupérant, en étaient venus aux mains. Bref, pour beaucoup ce sont les arabes et bien moi, ce sont les russes !
Il n'est pas communiste, Vladimir et c'est d'ailleurs pour cela qu'il compte parmi ces amis le Depardieu bidon - et même un gros bidon- ! Et ce n'est surtout pas lui qui a lancé la célèbre mode du nucléaire. Arrêtez-moi si je me trompe, ce sont même les amis de Saint-Emmanuel-les-mains-jointes et de "quelques autres" qui ont expérimenté le truc en envoyant la purée sur les Japonais. Remarquez cela a plutôt bien marché puisque les enfants des victimes d'Hiroshima et Nagasaki ne jurent eux-aussi que par les amerloques. Et si aujourd'hui nous tremblons tous, dites nous qui depuis quatre-vingt ans et "Mongénéral" nous bassines avec la force de dissuasion nucléaire, engloutissant des milliards qui auraient pu nourrir la planète, plutôt que de la saloper avec l'uranium et finir peut-être bien par la détruire complètement ?
Bref, même si je veux encore croire - avec mon optimisme je l'espère pas trop communicatif - que le missile Satan II susceptible de détruire la France en un seul pet, je vais quand même rester un peu plus sur mes gardes et guetter d'une oreille la sirène qui, à Nasbinals, ne manquent pas non plus de souffle.
Et si le coup va mal, je me quillerai d'un bond et me réfugierai à l'abri, sous le lit...
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