27.- LA PÊCHE À PIED... NOIR ! N'importe quel autre président, à quelques semaines d'un suffrage engageant - ou pas - sa réélection, se serait bien gardé de repasser le plat tant de fois réchauffé de la guerre d'Algérie. De remettre les pieds-noirs dans le plat - si j'ose m'exprimer ainsi -. Il s'agit là d'un drame inachevé en plusieurs actes malheureux et malfaisants. Pas lui ! Pas Emmanuel-les-mains-jointes. Il était bien loin de naître lorsque la France colonisatrice fut confrontée à ce tragique règlement de compte et n'en connaît, n'en juge même, que ce que lui rapportent les livres et Benjamin Stora, son conseiller éminent spécialiste du dossier. Mais lui il sait. Lui il peut dire. Le pouvoir jupitérien n'a pas de faille et peut trancher sans faiblir. Jamais. C'est bien à cela qu'on le reconnaît.
Face à tant de lacunes en réalité, car elle est là sa réalité, il aurait pu se faire porter pâle, prétexter d'omicron, se faire représenter quitte à passer pour un dégonflé - ce n'est pas tout de même pas un monstre de courage - mais non ! Son avis était essentiel. Avec lui toute la ténébreuse affaire de l'Algérie allait s'éclaircir, voire même se résoudre. Ainsi, après avoir carrément dénoncé un crime contre l'humanité de la part de la France en Algérie, puis reconnu notre responsabilité dans la mort de Maurice Audin, militant communiste partisan de l'indépendance, probablement torturé à mort par les parachutiste français et déposé une gerbe à Charonne pour le 60e anniversaire du massacre perpétré par la police lors d'une manifestation favorable à l'indépendance, le voici qui part en campagne glaner des voix dans le camp d'en-face, des rapatriés et pro-Algérie Française, en reconnaissant la responsabilité de notre pays dans un autre massacre, celui de la rue d'Isly à Alger où des activistes de l'OAS tombèrent sous les balles de soldats français.
La réalité c'est que l'on ne parviendra jamais à réconcilier deux camps que tout opposait et dont les rancoeurs demeurent intactes. Aucune incantation, aucunes mains jointes, aucune danse du ventre, aucun pas de deux n'y changera quoi que ce soit. Mieux vaut encore croire que l'on peut faire fraterniser un Chinois et un Américain, un Russe et Ukrainien ou marier un supporter de l'OM avec une Parisienne ! Rien dans cette sombre occupation que l'on doit à Charles X n'est acceptable, ni respectable. Quant à la fin, elle renvoie les deux camps à une barbarie sans nom lorsque les attentats et les assassinats du FLN répondaient aux tortures et meurtres de l'armée française et à l'obstination colonisatrice de l'OAS.
Et ce n'est sûrement pas en procédant par calcul électoral indécent, au nom de ce en même temps incessant, que les quartiers populaires s'apaiseront et que les partisans de Le Pen et Zemmour se mettront en Marche.
L'instrumentalisation du drame algérien à dix semaines de l'élection présidentielle est une honte de plus. Elle donne une nouvelle fois la pleine mesure du personnage...
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