24.- PASSEUR DE MÉMOIRE ET DE VALEURS - Bon vous avez vu la primaire populaire ? Celle qui dérange les vieux partis et qu'aucun égo-candidat ne veut reconnaître ! 467 000 inscrits au vote du week-end prochain, ça fait du bruit non (?) pour un processus soi-disant illégitime... Mais vous l'avez bien deviné, Macronique va vous épargner les considérations politiques usuelles et il ne sera même pas question de Saint-Emmanuel-les-mains-jointes. Ça alors !
Nous n'allons pas parler chiffon pour autant, mais podcast. Si vous ne vivez pas dans une ferme au fin-fond de l'Aubrac, vous en avez sûrement entendu un. Ou au moins entendu parler par un autre. C'est bizarre, moi qui suis un vieux clou rouillé, ça ne m'aurait pas effleuré, cette idée de rendre au son son caractère exclusif, un siècle et demi après l'avènement de l'image et pas loin de cent ans après la télévision. Moi, j'en suis resté à la bonne vieille vidéo qui tremblote d'émotion et d'improvisation... Mais mon ami DD n'en est pas un, de vieux clou, ou en tout cas il n'est pas rouillé ! Et voici qu'avec son fils Nicolas, il s'est mis en tête de passer la voix de la mémoire qui peut-être effectivement la plus belle lorsqu'elle sonne juste, vrai et puise au plus profond de l'âme.
Le podcast permet en principe de suivre une émission, un entretien ou quoi que ce soit d'autre qui s'écoute, en tout lieux et à toute heure. Cela peut-être un moment de radio et pour celles du service public, c'est magnifique, ou bien du fait maison, artisanal, éthique, bien foutu. Et je me suis aperçu aussi d'un phénomène assez étrange qui fait que lorsque bien isolé dans votre propre univers, vous écoutez ces voix épurés avec l'aide des meilleures technologies, vous avez la sensation de vous retrouver dans l'intimité du locuteur, un peu comme dans un fauteuil au coin de la cheminée, recueillant confidences et expressions du coeur.
J'en connaissais pas mal ; Isabelle Nohain, Sylvie Giono ou Léon Bouteuil m'avaient marqué et je vous invite à en profiter, mais Jean-Louis Tichet c'est encore autre chose. Mon ami DD, du signe de la Vierge, ascendant épagneul breton, avait flairé la belle histoire lorsque Jeannot, un autre éleveur, lui avait raconté que sur les marchés aux bestiaux de la région, il arrivait que l'on négocie encore le morceau en franc.
Nous allâmes par mon entremise, déranger ce brave homme, véritable bourreau de travail qui ne garde que très peu de temps pour la discussion et ce, sur quoi qu'elle porte. Mais l'éleveur, sans doute par sympathie et en confiance, se posa et, accoudé sur la table de hêtre du salon, se mit à se raconter. Et même avec toute la retenue, la pudeur, l'humilité qui caractérise un montagnard de l'Aubrac, Jean-Louis survola sa vie rude et austère qu'il parsème de notes heureuses qu'il faut savoir deviner. Il y parle de ces foires où l'on recule encore l'entrée de l'euro comme un coin de cette modernité qui défigure une époque. De ces choix de jeunesse, de ces regrets, de sa succession, des relations avec les éleveurs de la plaine, de la détresse de cette vache entrant dans le couloir de l'abattoir et qui vous le fait payer. D'un coup de corne ou d'un seul regard...
Bref, il y a de l'humanité, de la belle, dans ces podcasts et notamment celui de cet homme que je suis heureux d'avoir rencontré voici une dizaine d'années. D'autant que c'en est un autre, que j'aime depuis quarante ans, qui nous le donne à écouter.
A ECOUTER ET A REECOUTER
https://laparoledonnee.fr/2022/01/19/jean-louis-tichet-laubrac-au-coeur/
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