15.- LE MOULIN DE L'ÉLYSÉE - Évoquant la Primaire populaire, voici quelques jours, je disais qu'elle me réjouissait doublement. D'abord donc ces gamins qui en ont pris cette belle initiative, m'ont éloigné, au moins provisoirement, de la zone des vieux cons forts vers laquelle j'incline dangereusement. Trop souvent, j'éprouvais le sentiment, que dis-je la frustration, de n'être plus en phase avec les plus jeunes et là, d'un coup je me retrouve au milieu d'une cours d'école où la pertinence, l'engagement, la conscience d'une jeunesse déterminée, viennent me rassurer.
Et puis donc, j'y reviens tout de même parce que c'est bon à dire et encore meilleur à redire, cette démarche citoyenne consistant à créer les conditions d'un choix de la base pour désigner celle ou celui qui nous représenterait à la présidentielle, m'a littéralement emballé. Il se trouve certes que c'est Christiane Taubira qui a obtenu le plus de parrainage et que c'est vers elle que ma raison et ma sensibilité me guident. Mais il ne s'agit pas du vote définitif et si la gauche écologique et sociale devait désigner Jadot ou Hidalgo, j'accepterais sans ciller le choix de mes congénères et participerais au mouvement, avec évidemment moins d'enthousiasme mais en toute loyauté. Un mot qui ne fait toujours pas recette dans la classe politique, loyau-té ! Et pareil évidemment pour Mélenchon celui qui en veut le plus, excessivement même…
Sacré Mélenchon ! C'est donc lui qui a décrété récemment que la Primaire Populaire n'était pas son affaire. Son truc, c'est l'Union populaire... autour de lui. Et il est exact qu'il en a du monde dans sa cour. Plus de vingt ans qu'il tente de convaincre que c'est lui et pas un autre et quelques milliers de fanatiques qui ne jurent que par son auguste personne. Tout ceci rarement dans la finesse et la gentillesse. Parfois même avec véhémence, une certain violence sous-jacente qui en dit long aussi bien sur leur mentalité que leur éventuelle manière d'agir si on leur donnait une once de pouvoir.
Car même au XXIe siècle ces gens-là croient davantage en l'homme providentiel, au guide suprême, qu'aux idées communes. Cette vision messianique témoigne tout de même du caractère rétrograde et je m'efforce de ne pas prononcer le mot arriéré, du courant majoritaire de la France soumise aux caprices d'un grand orateur certes, charismatique sans doute, mais que l'on peut aussi bien figurer, affublé d'une moustache, d'un képi ou tout autre signe extérieur de grande tolérance. C'est à croire que ses deux cautions humanistes et sympathiques, Clémentine Autain et François Ruffin, n'ont plus aucune prise sur lui.
Le voici, don Quichotte de la gauche radicale - mais radicuite aussi ! - poursuivant ses moulins en croyant voir apparaître sans cesse les ailes de l’Élysée. Erreur camarade lui dira Sang Chaud, son fidèle compagnon penchant sur son âne, il ne s'agit que du moulin Rouge...
En acceptant de s'aligner dans la Primaire populaire, Méluche aurait pu remporter deux importantes victoires. D'abord celle du choix des militants. Car si nous sommes trois cent mille actuellement, il aurait la capacité à doubler la participation et à devenir majoritaire. Et puis, bien au-delà de ce scrutin de chapelle, il apparaîtrait comme le Champion de la gauche, ce qu'il n'est désormais plus qu'aux yeux d'une toute partie de ce bord-là. Border line.
Battue,Taubira se retirera elle l'a dit. Jadot passerait alors pour un marginal buté s'il persistait à se maintenir et Hidalgo qui n'existe déjà plus, serait laminée. Ne resterait plus que Poutou et Roussel avec lesquels il serait encore possible de discuter en rêvant d'une grande coalition à la Chilienne !
Une gauche à 25 %, devant Saint-Emmanuel-les-mains-jointes et ses trois amis de droite, on en rêve ! La Primaire populaire est à même de le réaliser. Car dans une campagne âpre ne reposant plus que sur des chiffres biaisées, le rejet, les mensonges et toujours leur sacro-saint libéralisme, le candidat désigné par la gauche bénéficierait du soutien d'une jeunesse qui de l'université en crise, aux quartiers méprisés en passant par la ruralité oubliée, redresserait la tête, retrouverait l'espoir.
Refuser cela c'est se rendre complice du prolongement incessant de cette cinquième République d'un monarque, des énarques, des dominants, de la finance, dont la raison d'être est de partager la richesse : 90 % pour 20 % d'entre eux et le reste pour les manants...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire