14.- LA FAUTE A ROUSSEL OU A ROUSSEAU ? - Et Fabien Roussel alors ! En aurais-je seulement fait cas dans Macronique s'il n'avait pas eu l'outrecuidance de prétendre que la gastronomie française, c'est une belle entrecôte, un grand plateau de fromages, le tout arrosé d'un bon pinard. Enfin, je vous compose le menu à la louche vu que je n'ai ni lu, ni entendu ses propos in extenso.
Par contre - je sais, on n'écrit pas par contre, mais en revanche, mais là voyez, je n'ai de revanche à prendre sur personne mais en revanche, je suis plutôt contre...- j'ai lu la réaction effarouchée de la vierge écolo Sandrine Rousseau. Alors celle-là, je mentirais si je prétendais ne pas l'avoir vue venir. Elle fait partie de ces Verts foncés, ces Verts forcés même qui, après l'extrême droite, l'extrême gauche et l'extrême centre d'Emmanuel-les-mains-jointes n'ont pas voulu être en reste.
Et ça ne fait pas mes affaires. La Rousseau en question fut l'une des plus ferventes partisanes de la Primaire Populaire pour laquelle il faut, vous le savez, militer jusqu'au bout. De plus, il y a dans la vision de ce mouvement précurseur (voici trente ans que les écolos alertent les électeurs et les décideurs en étant pris pour des pitres illuminés) bien des aspects sur lesquels je me sens totalement en phase. Avec, face à l'urgence climatique, l'exigence de réduire nos trains de vie (nos bagnoles et avions raison de plus !) et de consommation. Un pas sûr vers la décroissance, voire une relative frugalité, qui irait concomitamment dans celui de la justice puisqu'en gagnant et en dépensant moins - je parle évidemment de ces millions de Français qui gagnent trop...- nous rétablirions une certaine justice sociale. Protéger la planète et les plus fragiles, j'ai beau chercher, je ne conçois meilleur programme pour un homme cérébralement bien constitué. C'est dire si je me sens écolo-compatible dès lors que nous restons sur le terrain fertile de la préservation de l'espèce humaine dans un milieu naturel équilibré.
Mais patatras ! Il grouille dans le fruit écolo, toute une colonie de ver(t)s qui semble résolue à le pourrir. Une constante chez eux tant on a l'impression que les amis des arbres, s'évertuent systématiquement à scier la branche sur laquelle ils viennent de s'installer. Se comportant comme de pauvres demeurés même s'il ne s'agit en fait que d'une forme aiguë de fanatisation erratique. Mais que vaut-il mieux, le crétinisme ou le fanatisme ? Je laisserai les philosophes gastronomes trancher.
Pour ma part, ma religion est faite. Ce sont des cons ! Ah ! le brave Roussel aurait rajouté à son menu type un onctueux foie gras de canard AOP du sud-ouest longuement gavé au maïs cru et un tendre cuissot de biche rôti (moi j'aime bien la cuisson basse température, sept heures à 100 degrés, ça fond sous le palais, c'est indéfinissable....), mais non ! Il l'a joué soft, petit bras avec son verre de vin, ses fromages et sa côte de bœuf ! Ça fait rien, haro sur le viandard conformiste, le vieux réac qui n'a pas compris que la gastronomie française serait à l'avenir composée de soja, de tofu, de magnifiques produits cellulaires, moléculaires et conçus en laboratoire avec les plus grands soins ou ne serait pas. Il faut rendre à Rousseau singulière pourfendeuse de Roussel - ça ne s'invente pas - cette plaidoirie pour une cuisine diverse, voire exotique. Et comme toujours avec ces moralistes à la noix - de veau - il a fallu faire appel au fameux couscous. Une petite note islamo-gauchiste rajoutée à la cancel culture cuisinée dans un woke tout neuf, ça vous mange pas de pain !
Et cela me fait penser aux arguments des français moyens, voire médiocres qui soutenaient ainsi en pleine érection lepéniste : " je ne suis pas raciste. J'ai un ami noir et j'adore le couscous..." Bon ben je suis désolé, pour moi ce plat de semoule avec ses épices à la noix - de muscade - ses légumes qui trempent , ses merguez et boulettes surnageant dans ce marigot culinaire, c'est de la merde ! (et on salue au passage Jean-Pierre Coffe !)
Pour faire bonne mesure et ne pas passer pour un fondamentaliste aussi bien auprès des amis de Friquet à la houppe que de Zemmour, elle s'est empressée d’ajouter la raclette suisse. Remarquez c'est quand même bien vu démagogiquement, puisqu'il paraît que la tranche de fromage fondue sous une résistance est avec le ragoût de pois chiches, le plat préféré des Français ! C'est vous dire s'ils ont bon goût les français ! Ils aiment Goldman, Mimie Mathie et la raclette…
Ce qui est sûr, c'est que grâce à cette ignominie, cette préférence indigne pour le coup de rouge - après tout on est coco ou on ne l'est pas - le roquefort et la bavette d'aloyau, la campagne de Fabien Roussel est enfin lancée. Quasiment personne ne savait qu'un candidat du nom de Roussel se présentait. Cela aura au moins contribué à rendre lisible son existence.
Bien entendu, je partage toutes les idées défendues par mon camarade qui plus fort sympathique. Et c'est vrai que revoir un communiste brandir le drapeau rouge a quelque chose de parfaitement touchant. Ce qui ne m'empêche pas hélas de me demander ce qu'il va faire là, sans même prendre le soin de prôner cette union des idées de gauche sans laquelle l'éparpillement sera du plus mauvais effet. Certes ce n'est pas parce qu'ils n'ont plus d'électeurs que Nathalie Artaud, Philippe Poutou, Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel ne défendent pas des courants communistes différents, lesquels remontent souvent à la guerre, au congrès de Tours, voire même à la Commune, mais enfin vu de loin, cela ressemble surtout à une belle bataille d'ego.
Mais lorsqu'on rêve de changer le monde et que l'internationale devienne le genre humain, cela ne donne que modérément l'espoir d'avancer d'un pas, ni même d'un poing. Dans trois mois, on comptera les voix de Monsieur Roussel, juste pour voir s'il a fait mieux ou plus mal que les 1,93 % de voix de Marie-George Buffet en 2007. Et si ça ne va pas, il pourra toujours se revigorer avec un bon vin, une bonne viande, un bon fromage !
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