29.- LES IMBÉCILES HEUREUX - Ça y est, allez-vous dire, il enfourche son dada et va nous faire quelques tours de manège. Bon c'est possible, mais je vous le rappelle, si ça vous va pas, vous pouvez toujours sortir, on ne retient personne. Mon cheval de bataille, avec sa grande crinière noire et ses fines attaches aux valeurs humanistes, il s'appelle Égalité. Il y en a deux autres de la même lignée, Liberté et Fraternité, mais je n'avais pas les moyens de m'offrir les trois étalons de la République. En plus ce que je trouve bien, finalement, c'est qu'avec Égalité, je synthétise quasiment les deux autres. Je ne sais pas si vous m'avez suivi, car il est vrai que je suis un peu parti au galop.
Oui mais quand c'est trop, c'est trop ! je pense que beaucoup dans cette lecture, éprouvent le même malaise. On n'en peut plus. On étouffe, on suffoque et si l'on n'explose pas encore, c'est que nous sommes trop raisonnables, déjà trop résignés ou manquant - je crains de tenir ici la principale justification - de courage !
Nous vivons donc dans cette open space libéral dans une sorte de course au confort, au mérite, au pognon, une hyperconsommation tellement flattée par la Macronie qu'elle en est directement issue et dépendante. Je les vois les jeunes - et les moins jeunes aussi, les yeux fixés sur leur portable. Pour leur expiation, ils auront la cataracte à 40 ans et la DMLA à 60 ! Mais en attendant, qu'ils te radotent sur les résos, les deux pouces s'agitant sur un clavier pas plus grand qu'un mouchoir de poche et le petit cabanon qui leur sert de tête. Pas sur qu'ils soient même en couple virtuel avec une jolie fille, la plupart se foutent du sexe, certains ne connaissant même pas leur penchant.
Ils ne font plus médecine, ou droit, mais écoles de commerce. Ils ne rêvent plus de sauver des vies, ni même d'un statut social, ils sont tous possédés par la Silicon Valey. Leur truc à eux c'est l'innovation et le pognon. Pesquet et Bezos.
Ne me le dites pas, il est certain que je suis né trop tard dans un siècle trop moche. J'ai certes évité deux guerres, mais enfin, pour en arriver là... Parfois j'aimerais être déjà mort. Et quand je vois tant de pauvres hères qui s'y raccrochent à mon grand étonnement, cela fait une moyenne.
Bon, mais quand même qu'est-ce qui a pu le foutre dans un état pareil le Jaco ? La tête de Saint-Emmanuel-les-mains-jointes, son comité de soutien pour sa réélection avec les Dalton : Philippe, Castex, Ferrand, Bayrou - que des perdreaux de l'année et pas la moindre caille à l'horizon ! - Ou bien alors ces migrants que l'on laisse se baigner en se les renvoyant d'une rive à l'autre, jusqu'à ce qu'ils finissent pas lâcher l'affaire et couler ! Non tout ça c'est du classique, du quotidien. Je dis pas que je m'y suis fait, mais je me suis aussi épuisé et laissé noyer.
C'est encore un sondage qui m'a mis hors de moi. Ou plutôt deux. Et ça ne fait que commencer ! Le premier remonte à quelques jours. Commandé à Elabe, un institut pas farouchement de gauche, par l'institut Montaigne, un think tank - comme ils disent - hystériquement libéral. C'est vous dire qu'il n'est pas du tout, mais alors du tout, orienté. Et qu'est-ce qu'il révèle de si gros, ce sondage aux petits oignons ? Ben que les Français se disent heureux, attention, roulement de tambours à ... 80 % ! Et comme si la couche n'était pas suffisante, ils en remettent une deuxième, tenez-vous bien, ils sont même très heureux, les Français, à 40 %.
C'est quand même vous dire qu'on chipote. On se demande comment il peut y avoir une opposition en France. Comment ils osent ! Avec de tels résultats, le mieux serait même de se passer d'élections et de leurs palabres. Alors pour être totalement transparent, je ne sais plus si le sondage a été effectué avant l'achat du vote à 100 balles par les gouvernementeurs ou après. Mais vu que trente millions vont recevoir le chèque, on mesure à quel point c'était inutile de les corrompre puisqu'ils baignent déjà tous, non dans la Manche, mais dans la félicité. Ah au fait, si vous connaissez quelqu'un qui a été interrogé par Elabe, dites-le moi. Car même si on ne fréquente pas le même monde, dans mes relations j'en connais peu qui trouveraient cette époque tellement formidable.
Le second sondage, date d'hier. Et qu'est-ce-qu'il nous révèle, celui-là ? Que pour les Français ce qui compte le plus dans le vote à la présidentielle, c'est le pouvoir d'achat. Pas celui de ceux que l'on ne voit jamais, cette jeunesse très pauvre privée de tout et ces petits vieux qui meurent avec le minimum vieillesse et se rabougrissent dans un fauteuil défoncé. Pas de ceux que la France se couvre d'indignité et de barbarie en leur foutant des coups de pied plutôt que de leur tendre la main.
Non, ce qui compte aux 80 % qui un peu plus haut se disaient heureux, c'est d'en avoir un peu plus. Parader dans leur bagnole, se faire deux cinémas par semaine et au moins autant de restos, un séjour d'empreinte carbone maxi à Courchevel, puis un voyage fantastique... Passer aussi une partie d'Halloween déguisé en sorcière, des toiles d'araignée dans le plafond, avec les gamins - qui sont les cons de demain - à quémander des bonbons chez le voisin ; passer une partie de leur friday à commander sur Amazon tout un tas de nullités, en tout cas bien inutiles. S'apprêtant à remettre ça, déguisé en père Noël. Ils sont tous tellement formatés, manipulés, abêtis, déshumanisés qu'ils n'ont plus conscience de rien.
Ils ne se rendent pas compte que si l'écologie est devenue la première cause à défendre pour limiter la catastrophe, en faisant tourner l'industrie, les usines à gaz, les GAFAM, les avions, les camions, eux contribuent grandement à l'anéantissement de l'humanité.
Ils sont 45 % à placer le pouvoir d'achat en tête de leur préoccupation. Pas le pouvoir d'achat de ceux qui n'ont et ne sont rien. Ça c'est le cadet de leur souci. Tout pour leur gueule. La deuxième préoccupation c'est la santé. Loin derrière à 30 % ! Parce qu'avec les doses qu'on leur met dans le cornet ils ne sont pas prêts de s'enrhumer. Pour 24 % quand même c'est l'immigration et l'insécurité. Oui parce qu'il ne faudrait pas qu'ils aient dans l'idée de venir toucher un peu à notre bonheur. Et puis alors avec 21%, c'est à dire plus de la moitié moins que la consommation, vient l'environnement. C'est dire que nos compatriotes ont bien pris la mesure des enjeux planétaires et engagé le monde d'après sur les meilleures bases. Ils s'en tapent ! Quant à l'éducation, dont nous disons quelle est le socle de toute société saine, qu'elle doit être non seulement confortée mais réinventée, elle préoccupe 13 % des gens. Et la culture me demandez-vous ? Elle n'est même pas mentionnée par le sondage Odexa pour Europe 1 ! A quoi bon ?
Voilà j'en peux plus. Suis épuisé. Vous laisse...
Ah non, avant, je voulais remercier Manu de Marseille pour l'excellent dessin qu'il m'a fourni et que j'ai utilisé en tête, car il illustre parfaitement le propos. Vous inviter aussi, dans le cas où vous auriez des amis qui penchent vers l'esprit de Macronique, à leur proposer de s'abonner pour maintenir son audience. Car je vous signale que des gens heureux qui ne comprennent rien à ce que j'écris et qui s'en vont, il y en beaucoup plus. Vous me direz c'est normal : 80 % ...
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