20.- DE QUOI SE FAIRE PIPI DESSUS ! Mon copain Jean-Pierre T, Ardéchois coeur fidèle, y compris à Macronique alors que ses idées ne penchent guère du même côté - j'en profite pour remercier Gérard, Alain, Claire, Marie et bien sûr j'en oublie, qui sont dans la même situation - m'a transmis voici peu une coupure de journaux à pisser de rire. Et comme il sait que je démarre au quart de tour…
L'histoire, je la résume en deux mots pour ceux qui ne seraient pas tombés sur l'info. C'est un automobiliste, représentant de commerce dans le Nord. A 64 ans et avec une possible propension à se désaltérer à la bière, notre homme n'a peut-être plus la prostate profilée de ses belles années de compétition. Toujours est-il que comme nous l'avons tous fait - ou presque car on trouvera bien quelques vertueux qui ne pissent jamais dans la nature, de même qu'ils ne pètent probablement en aucun cas ! - le voyageur mit son clignotant à droite et s'arrêta dès qu'il le put, avisant une voie de stationnement.
Une fois soulagé et je ne sais pas s'il existe plus grand soulagement que lorsqu'on peut accomplir paisiblement sa miction - en ayant évité de dommageables débordements - à part peut-être de dire merde à un chef (?) l'homme se remit au volant. Si vous avez du temps à perdre vous lirez l'article dans le détail, mais toujours est-il que deux gendarmes ayant vu la scène, s'arrêtèrent et verbalisèrent le délinquant pour "déversement de liquide insalubre hors des emplacements autorisés."
Par déformation professionnelle et bien qu'ayant toute confiance en Jean-Pierre, il m'a fallu aller vérifier sur le net. C'est le journal de l'Orne qui semble s'en être fait le premier l'écho, relayé par une partie de la presse régionale. Mieux, j'ai même retrouvé une affaire similaire. Elle ne tient pas debout non plus, même si la fautive était, elle, accroupie pour des raisons uniquement physiologiques.
C'était donc une femme qui revenait de voir son père nonagénaire dans la Côte d'Or. Saisie d'une envie pressante, elle se gara fort correctement et fit ce qu'elle avait à faire. Pareillement verbalisée, elle se retrouva devant le tribunal de police où une juge à la fois solidaire de la féminité et particulièrement humaine trancha : "Vous auriez dû prendre vos disposition ! " Par ici les 135 € !
Oui parce qu'en plus, l'Etat ne se mouche pas avec la manche lorsqu'il surprend un contrevenant. Mais même à ce prix là, pas sûr que ça leur fasse passer l'envie. Parce que tenez, moi par exemple j'ai sans cesse besoin de pisser. Je vous remercie de vous inquiéter de ma santé, la prostate apparemment va bien même s'il me faudrait sacrifier un de ces jours au merveilleux touché rectal dont le premier objet - le seul en principe ! - consiste à estimer la taille de la glande masculine. Entre nous, en cette époque formidable où l'on envoie des oisifs passer six mois dans des stations orbitales, je m'étonne que l'on n'ait toujours pas trouvé un autre moyen de jauger la taille d'une prostate. Mais c'est un autre débat...
En réalité c'est ma vessie. Toute petite ! m'a diagnostiqué le radiologue voici trente ans. C'est la faute à maman qui souffrait de la même atrophie. Remarquez pour ma fierté d'homme il a mieux valu que ce soit le réservoir qui soit riquiqui plutôt que le robinet. Mais ce n'est pas non plus la question...
Alors comme je bois beaucoup (de l'eau comme le savent ceux qui me connaissent le mieux), je passe une bonne partie de la journée, les jambes légèrement écartées en sifflotant avant de secouer l'instrument. Lorsque je marche le matin, faisant le yoyo avec Marie, je m'arrête trois-quatre fois. Si j'ai bu un ou deux cafés et que la température est basse, cela peut aller jusqu'à 6 pauses ! Alors imaginez si je me faisais choper à tous les coups : 1000 euros par jour ! Mon pipi aurait une plus grande valeur qu'un Don Pérignon hors d'âge.
Et depuis, pardi, je fais des cauchemars ! M'imagine traqué par les farces de l'ordre me poursuivant dans la nature, déguisées en arbre et avançant un peu comme des militaires en tenu de combat. Chaque fois que je n'y tiens plus, allez 135 balles ! Et fatalement un jour je finis par en prendre un pour un vrai arbre. Ma peine allait être transformée en prison pour "outrage à agent de la force publique", heureusement je me suis réveillé à temps. A temps mais en nage car j'avais fini par me pisser dessus .
Cela me fait aussi penser à un matin à Paris où, me rendant à pied à une conférence de presse dans un hôtel luxueux, j'avais été incapable de trouver le moindre lieu d'aisance. Ce jour-là, le boulevard Masséna me parut interminable. N'y tenant plus, j'entrai dans un bar, commandai un café tout en descendant au sous-sol où se trouvaient les WC. Hélas ils ne s'ouvraient que moyennant une pièce de cinquante centimes et je n'avais pas un pet de monnaie. Au bord de l'explosion, je ressortis de la brasserie et me libérai in extremis derrière un engin de chantier mais quasiment devant les passants, ne parvenant à cacher que le gros du matériel.
En découvrant cet article, je mesurai la chance que j'avais eu de n'être pas débusqué par la marée-chaussée. J'aurais peut-être écopé d'une lourde peine pour atteinte aux bonnes moeurs et exhibitionnisme. Mais c'était il y a quatorze ans, dans une société un peu plus humaine, apaisée et moins autocratique.
En résumé, on vit une époque et dans un pays formidables, celui de Saint-Emmanuel-les-mains-jointes où l'on nous impose de nous vacciner, mais où l'on nous interdit de pisser...
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