14.- BRUNO, ROGER ET SURTOUT, PETIT ! Magnifique week-end de grisaille en Aubrac comme je les aime. On a raté la neige d'un ou deux degrés mais la pluie qui l'a remplacée n'a pas altéré la qualité des vins. C'était une fête familiale autant qu'amicale. Et j'aime quand les deux vocables ne font plus qu'un. Que l'on est heureux d'avoir choisi les uns et de ne pas subir les autres... Ce sont à ces moments précis que l'on a envie de chanter "Il peut pleuvoir" avec Brel. Et nous avons ensemble, le soir bien après la cérémonie délicieuse orchestrée par l'ami Bernard, écouté "Regarde" de Barbara. "On a envie de se toucher, de s'aimer et de tout recommencer".
Le lendemain nous étions encore là. Autour de deux tourtereaux depuis longtemps sortis du nid mais qui ne s'interdisaient pas, eux non plus, d'y revenir... Nous serions bien restés près de cette cheminée où le bois ne brûle plus mais où une autre flamme vous réchauffe avec la même intensité. Seul le foie aurait fini par nous interrompre d'une manière ou d'une autre.
Autour de la doyenne, Solange, la plus jeune d'entre nous par bien des côtés, nous avons fini par aborder le sujet de tout groupe civilisé qui se respecte - avant de s'invectiver -, la politique. Avec toutefois bien peu de mérite puisque nous étions à quelque chose près, tous d'accord ! D'accord avec Julie et Caroline par exemple pour se préparer à voter Philippe Poutou si, comme tout l'indique, la vraie gauche susceptible de gouverner, part dans un désordre, non, un bordel indescriptible abîmant un peu plus cette grande idée que l'on se fait de l'humanisme qui ne se barguigne ni sur la liberté ni surtout l'égalité et la fraternité. Trois petits concepts jetés aux orties par les ultra-libéraux dont l'argent constitue la seule obsession.
Alors, portés, grisés même par l'idée que nous pourrions être six de plus (soit 80 % de la table) à aller voter pour le porte-parole du Nouveaux Parti Anticapitaliste qui grâce à nous franchirait peut-être la barre des 2 % (!) nous nous sommes rassemblés comme une volée de gamines pour leur influenceuse préférée, autour d'un smartphone pour revoir les extraits du fameux débat où en moins de deux minutes, Poutou est devenu le porte-drapeau de l'internationale des indignés : " C'est pas parce que je ne porte pas de cravate et que je viens de la classe ouvrière qu'il faut me couper la parole ", indique-t-il d'abord à l'une de ces intrigantes de la cour des puissants. Je ne vous raconte pas la suite et comment il se paye tour à tour Fillon "qui pique dans la caisse" une proie facile, d'accord ! et notre punching ball favori, Le Pen "qui est contre l'Europe mais par contre son pognon" ! Plus de quatre ans après, cela fait encore du bien au mental.
Tout en jetant un œil sur la liste des sujets rattachés à ce fameux débat des présidentielles 2017, je repère un titre de Challenge - l'un de ces canards qui font rêver ! - " L'inquiétant bouffon de la République " lis-je. D'abord j'ai trouvé que c'était dur à l'égard de Jean Lassalle. Je reconnais que le grand berger Béarnais excelle dans le genre comique-troupier et qu'il se trouve plus près du siècle des Illuminés que de celui des Lumières. Mais enfin un type qui porte si bien le béret ne peut être totalement mauvais. Ni bouffon...
Et puis non. Il ne s'agissait pas de Jeannot du Béarn. L'inquiétant bouffon de la République, c'était bien lui, le mécano de Blanquefort en Gironde, Philippe Poutou. Dans cette article bileux et même fielleux, l'éditorialiste dénonce le représentant de la classe ouvrière comme l'instrument d'une organisation révolutionnaire déterminée. Tremblez braves moutons macroniens. Le même accuse le candidat d'extrême gauche de tricher en prenant ses instructions auprès de ceux qui étaient placés derrière lui. Quel scandale en effet ! Et tout dans cet article est à l'avenant. A charge. Avec toujours pour obsession d'effrayer le bourgeois, y compris celui qui aurait le tentation de s'égarer du troupeau.
Des papiers comme celui-là dans la presse et désormais les médias totalement aux ordres de la finance, tu en lis un, tu en lis cent. Mais je me suis tout de même intéressé au signataire de ce chef-d’œuvre : Bruno Roger- Petit. Ça vous dit quelque chose ? Moi non plus. J'ai découvert qu'il avait été journaliste sportif. Ce qui tendrait à expliquer - tout en l'exonérant - la pauvreté du style et du propos. Plus fort encore, le BRP en question aurait chroniqué dans les émissions de Pascal Praud et de Cyril Hanouna ! Et là, ça vous classe un homme. Convenons-en tous en chœur, c'est du raffinement. Maintenant, roulements de tambour, je vais vous poser la dernière qui vous permettra de remporter la super-cagnotte : quelle est la fonction actuelle de l'auteur de ce merveilleux article de Challenge ? Ah ! je savais que vous ne trouveriez pas. J'en suis navré pour vous. Échouer si près du jackpot, c'est rageant !
Bruno Roger-Petit est "conseiller mémoire" et spécialiste de panthéonisation auprès de Saint-Emmanuel-les-mains-jointes après avoir été, écoutez bien, son porte-parole à l'Élysée...
________________________
Rendons à Georges et à Jean-Noël
J'ai évidemment beaucoup de considération pour le combat de Mathilde Panot qui, telle Don Quichotte s'attaquant à des moulins... à eau, tente de dénoncer le règne maléfique, la toute puissance de Véolia. Mais c'est tout de même par erreur que j'ai placé le lien de cette vidéo à la place du sujet consacré à Brassens et mon copains gratteur de fond, Jean-Noël Pichon. Or donc voici cet hommage que je tenais absolument à partager avec vous ... Et mes excuses à tous !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire