20.- HOLLANDE, TOUTE HONTE UBU - Ah ça ! vous me direz ce que vous voudrez François Hollande, c'est vraiment le meilleur. Lui qui dénonce à tort ou à raison, l'hubris de la classe politique, incarne lui tout seul, l'Ubu président. Car au lieu de se faire oublier après une accumulation de désastres, il palabre encore et parade toujours sans pudeur.
J'en ai pourtant souvent fait écho et je ne me renie pas. Lorsque François Hollande nous débarrassa de Sarkozy je fus si heureux, tout au moins soulagé, je me sentais si léger que j'avais promis que je lui en serais à jamais reconnaissant. Cela reste le cas, mais forcément cette reconnaissance n'a plus du tout la même teneur.
Car ce que je ne savais pas, c'est qu'il allait trahir à la fois tous ses engagements et quasiment toutes les valeurs de gauche, pour finir par installer à sa place un type, idéologiquement et humainement s'entend, bien pire que l'autre avec sa Rolex, sa gonzesse et ses talonnettes.
Parcourant les librairies, pendant que Sarko fait le tour des salles de tribunal, le comique-troupier distribue les bons points et les cartons rouges, qualifiant par exemple Mélenchon de fardeau de la gauche. Gonflé, non ? Et de candidats lilliputiens ceux qui se présentent à la présidentielle. Tandis que lui, c'était un géant !
S'il n'était le véritable responsable de la liquéfaction de la gauche on pourrait s'en amuser, autant que des discours sous des trombes d'eau, des scènes de ménage hystériques de son ancienne maîtresse à Élysée, de ses sorties nocturnes d'adolescent en scooter, de la merde de pigeon tombant sur son épaule durant la manif pour Charlie (revoyez Luz, ravagé de douleur mais ne pouvant retenir un fou rire), de ses pans de chemise dehors et cravates de travers, de ses chutes et maladresses diverses, puis du livre testament Un président ne devrait pas dire ça où il finit de creuser son trou, duquel il aurait été plus élégant de ne jamais ressortir.
Mais tout ceci n'était rien et si les résos-socios, dans leur rôle, se servirent d'un tableau présidentiel à ce point lamentable pour détruire son image et l'empêcher de se représenter, le plus grave fut évidemment sa gouvernance et la conduite des affaires. Lui qui avait déclaré la guerre à la finance, une fois élu, se trouva dans l'obligation de la câliner. Et il n'y alla pas avec le dos de la cuillère. Jamais sans doute (avant Macron et la COVID) les patrons n'avaient été à ce point aidés avec tout un tas de mesures antisociales dont le fameux CICE, les allègements fiscaux, prolongé par la loi travail qui porta un coup fatal aux masses populaires, aux chômeurs, aux précaires. Pour succéder au soporifique Jean-Marc Ayrault, il fit appel au très droitier Valls et pour le pompon, il remplaça le frondeur Montebourg par l'ultra-libéral Macron.
Lorsque le père François fut élu en 2012, la gauche des Radicaux à LFI détenait largement l'Assemblée Nationale, le Sénat, les Régions, les Départements et la plupart des grandes villes. Lorsqu'il est parti, la même gauche n'avait plus rien.
Et c'est qui le fardeau ?
Alors je veux lui dire et nous sommes comme ça des millions, que s'il tient à tout prix à écrire - ce qui ne paraît pas, à sa lecture, d'une impérieuse nécessité - nous lui conseillons de se lancer dans le roman mais en aucun cas dans l'essai politique. Car pour Affronter - c'est le nom du bouquin qu'il vient de commettre -, il est préférable de disposer d'un minimum de crédit, de quelques armes morales et argumentaires. De pudeur, d'humilité et de lucidité.
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