19.- VIVE LE PASSE JUPITER ! Je ne suis pas heureux de ce que les enfants de la guerre et notamment de la Résistance, les ados de 68 sont devenus. Pas heureux et pas fier, même si le mot fierté chez moi prend le plus souvent un accent péjoratif. Avant, mais ce n'est pas si vieux, lorsqu'une loi, un acte, parfois même une parole ne nous convenait pas, nous étions dans la rue. Pas quelques milliers, mais dix, cent fois plus. On ne compte plus les temporisations, voire même les rétractations qui honoraient aussi bien les militants de la rue que les gouvernants. Au nom d'un rapport de force nécessaire et d'un fonctionnement rassurant de la démocratie.
Après être passé sous le laminoir des espoirs de la gauche qu'incarnait non sans cynisme François Hollande, le mouvement contestataire qui animait un certain nombre d'entre nous, mais aussi un peu de chacun d'entre nous, s'est anémié, voire nécrosé en à peine plus de quatre ans. Et c'est là que, même s'il n'y a de notre part aucune manière de respect à l'égard de Saint-Emmanuel-les-mains-jointes, il faut lui reconnaître cette exceptionnelle emprise sur l'inconscient collectif, cette séance d'hypnose - d'autres parleraient de lobotomisation, mais enfin restons à l'hypnose -, ou chacun en se réveillant devient tendre comme un mouton ou placide comme un vieux chat castré aux pieds de sa mémère. En sorte que derrière celui qui se démultiplie, des hôpitaux au stade de foot en passant par les quartiers nord et à qui l'on caresserait bien la houppette tel l'enfant de cœur, se dissimule un manipulateur luciférien d'un nouvel ordre. Aussi rusé et doucereux que prodigieusement venimeux.
La pandémie mondiale récupérée en affaire d'état aura permis à l'autocrate jupitérien de tester son potentiel totalitaire. Comme pour les gilets jaunes - avec la répression en moins -, il s'est assis en se dandinant pour mieux l'écraser, sur l'immense mouvement de grogne justifié par l'imposition du passe sanitaire. D'abord en minimisant les chiffres, puis en se jouant de la diversité du mouvement pour mieux le décrédibiliser. Le mépriser. Si bien qu'au lieu de l'entendre et de le considérer il le laissa s'étouffer dans sa colère. Préférant laisser s'accumuler depuis trois ans les frustrations, les rancœurs, tout ce qui nourrit le ferment de la haine.
Ah ! quel beau président, s'esbaudissent tous ceux qui pensent que montrer son passe et sa servilité, porter des masques et se faire trouer la peau deux, trois et pourquoi pas dix fois (?) relève de la bonne citoyenneté. Je ne vois à cette subordination des consciences et de l'esprit de résistance, que le dénominateur commun de peurs absurdes et maladives, de l'exaltation de la bêtise et d'une certaine forme de revendication de l'être. Peur du migrant, peur du virus, peur du mutant, peur du voisin, peur de n'être pas dans le rang...
Sans avoir la moindre idée de ce qu'il adviendra du virus, la Macronie déchaînée veut prolonger l'obligation du passe sanitaire et des vaccinations à tour de bras jusqu'à l'été. Et qui sait si d'ici là, tous ces bons masqués n'auront pas déposé dans les urnes un nouveau passe Jupiter ?
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