3.- AH NON ! PITIÉ ! PAS EUX ! - " Dans le dernier baromètre des envies de quitter Paris réalisé par cadreemploi.fr, l’Aveyron se place en cinquième position des territoires les plus recherchés par les cadres voulant quitter la capitale." Ce n'est pas moi qui le dit, ce n'est pas même un marronnier de l'Express ou le Point, mais Centre-Presse, vieux canard de pays. De si mauvaises prévisions ne s'inventent pas. Elles se cauchemardent peut-être, mais mêmes les cerveaux les plus diaboliques n'auraient pu présager d'une telle invasion en Aveyron. On les avait déjà en vacances. C'était dur, mais ça passait et ça faisait vivre les fabricants de buffadous et de gâteaux à la broche...
Sinon, il y avait jusque-là beaucoup de paysans, des commerçants forcément, pas mal d'artisans et les fonctionnaires pour faire tourner l'État. Des cadres, à part peut-être au musée Soulage, on n'en trouvait guère et le tableau nous convenait plutôt bien.
Voilà un engeance, vous le savez, que je ne goutte guère. Socialement, de tout temps, les cadres ont été les suppo... sitoires du patronnat. Oui je sais, ne me dites pas qu'il y a des exceptions ! J'en connais et on se taquine. Mais dans leur globalité, ce sont les mêmes et donc l'écrasante majorité. Qui part en vacances sur le yacht du patron, qui se fait son petit parcours de 18 trous le dimanche matin et parfois le 19e à l'occasion avec la patronne ? Ben pas le manutentionnaire ou la technicienne de surface !
Politiquement c'est la même chose. Vous me direz, dans l'Aveyron ça vote déjà fort à droite, mais alors là ça va se macroniser de façon pestilentielle. Les épandages de lisier, à côté, c'est du shalimar. Sociologiquement enfin c'est une catastrophe. Voici donc une horde d'opportunistes, de nantis - d'autant que souvent ils s'accouplent et doublent leurs émoluments - qui vont investir nos campagnes, nos chemins de randonnées avec leur VTT électriques chaussés de roues considérables et proportionnelles à leur orgueil. Il deviendra bien compliqué d'apercevoir une alouette, une hermine, un chevreuil. Même les vipères et les sauterelles ne s'aventureront plus hors de leur muret, car les têtes blondes particulièrement mal élevées, puisque persuadées qu'il n'y a qu'elles qui comptent, romprons le grand pacte que ce pays simple et sauvage a passé avec le silence ! On les croisera partout, contents d'eux dans leur 4 X4 allemand, au marché bio, chez la productrice de lait de chèvre et à l'association des parents de l'école catholique dont ils auront tôt fait de prendre la présidence.
Mais attention ! ce ne sont pas tous des fainéants. Comme ils travaillent à distance en co-working in the open space of village que le maire a fait aménagé de toute urgence pour accueillir ces premiers de cordées tellement plus importants que les vieux improductifs de naguère, ils auront tout le loisir de rénover et agrandir la grange acquise pour une bouchée de pain. L'été prochain ils pourront accueillir les premiers touristes dans leur gîte, ainsi que leurs cousins, eux aussi cadres dans la biotechnologie et qui se verraient bien s'installer dans le coin. Car si on quitte Paris c'est pas forcément pour se retrouver seuls à la cambrousse. Une petite communauté de cadres supérieurs serait du meilleurs effets.
Bon, je vais bien finir par me réveiller et sortir de ce putain de cauchemar... Ah ben non, toujours pas !
Mais enfin comme me le disait récemment un copain de ma tribu de sauvages : " Ah ! ça pour venir, ils vont venir, mais au bout de deux ou trois hivers, y aura des maisons à vendre ! "
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