29.- MÊME PAS UNE TOUCHE ! Ça y est ! Je me suis offert ma première partie de pêche à la truite. Je précise à la truite mais c'était inutile vu que je n'en ai pas pris. C'était une pêche à rien. Quand je dis je me suis offert, le mot est juste car à quatre-vingt euros le permis, c'est déjà un petit luxe (surtout pour un Lozérien. Même d'adoption !) Notez que c'est un peu le principe du capitalisme. Faire payer le droit de tremper une ligne dans une rivière, comme de boire de l'eau ou d'utiliser du pétrole. Ce sont des produits de la nature mais les plus malins se les accaparent pour s'enrichir.
Admettons tout de même que ce ne soit pas le cas de la Fédération de pêche qui entretient le milieu halieutique et emploie pour ce faire un certain nombre de personnes, dont ceux qui vérifient que vous avez bien le permis et que vous respectez les règles communes. C'est aussi le principe du capitalisme de faire payer "un peu" cher afin d'éviter que tout le monde s'y mette. SI le Ritz était au prix du Formule 1 il y aurait des tas de pouilleux et ça, le mobilier Louis XVI ne le supporterait pas ...
Et ça m'arrangeait hier qu'il n'y ait pas trop de monde sur les bords de l'eau. C'est plus fort que moi, dès que j'aperçois une ombre, je l'entends déjà marcher, siffler, tousser et parfois même, horreur absolue, parler. Et c'est tout un monde qui s'écroule. Le mien.
Admettons tout de même que ce ne soit pas le cas de la Fédération de pêche qui entretient le milieu halieutique et emploie pour ce faire un certain nombre de personnes, dont ceux qui vérifient que vous avez bien le permis et que vous respectez les règles communes. C'est aussi le principe du capitalisme de faire payer "un peu" cher afin d'éviter que tout le monde s'y mette. SI le Ritz était au prix du Formule 1 il y aurait des tas de pouilleux et ça, le mobilier Louis XVI ne le supporterait pas ...
Et ça m'arrangeait hier qu'il n'y ait pas trop de monde sur les bords de l'eau. C'est plus fort que moi, dès que j'aperçois une ombre, je l'entends déjà marcher, siffler, tousser et parfois même, horreur absolue, parler. Et c'est tout un monde qui s'écroule. Le mien.
Le ruisseau qui murmure ici, ce sont des confidences. De graciles vaguelettes s'étirent jusqu'à la berge déposant furtivement une écume légère. Lorsque le vent s'apaise, des mélopées d'alouettes égayent le silence. Le bouchon s'évade, je mouline il revient. Toujours rien. J'ai accroché une teigne à l'hameçon. Elle s'ennuie.
Remontant le courant sans me presser, j'avise un méandre un peu plus bouillonnant. Nous sommes là sur un torrent venu du Mailhebiau où fond encore quelque neige.
Maintenant il gronde. Je perds le contrôle de la ligne. Elle tire, revient, tire plus fort, resurgit, disparaît. On perçoit même le choc profond des roches basaltiques, toujours animées par le courant. Vivantes. C'est un petit vacarme et pourtant l'impression de silence demeure. La solitude qui accompagne si bien l'âme. Une ombre semble monter des abysses. Serait-ce ma truite ? Trop grosse. Drôle de forme. Au-dessus de moi, c'est un milan royal de passage qui se reflète, probablement à la pêche lui aussi. Il m'aperçoit et sans à-coup reprend aussitôt de l'altitude. Les poissons ont un sursis. Il reviendra.
Et au moment où je me dis que finalement toutes ces sensations que l'on pourrait concevoir par une simple balade sur les berges, une halte contemplative sur l'un de ces rochers majestueux de granit, doivent pourtant beaucoup à la présence d'un canne dans la main, me débarque la mauvaise nouvelle. Je débute et j'aurais aimé que ce fût sans témoin.
- Beau temps aujourd'hui n'est-ce-pas ? mais le poisson n'y est pas !
Un quidam repérable à deux kilomètres, cuissardes Dior, chemise Armani, montre LMM-01 (ça c'est la prime à ceux qui suivent bien Macronique),
canne télescopique semi-automatique et hameçon en platine. J'en mettrais mon pied à un pirahna, le type doit avoir une audi garée pas loin. Au pire une BM.
- Vous eschez à quoi ?
Je lui réponds que je pêche à ce qui veut bien mordre.
- Oui mais comme appât ...
Ah ! c'était ça "escher" c'est que moi, le vocabulaire des polytechniciens du moulinet, je ne le connais guère... Teigne, croûte de fromage...
- Ah bon et vous en prenez ?
- Oui, j'en suis à une dizaine, au moins, mais je pêche en no kill...
Je ne sais pas si le snobinard m'a cru lorsque je lui ai placé le "no kill" consistant - comme je venais à peine de l'apprendre - à relâcher tous les poissons. Mais avec mon allure il a bien dû comprendre que je me moquais. A peine ! Tu parles que si j'en chopais un, je le relâcherais ! Il a poursuivi sa remontée et sans doute avec un tel matos, une pareille assurance, il a bien dû en accrocher quelques-unes.
Conformément à mes prévisions - et celle de mon copain Albert, un autre champion qui s'était bien marré lorsque je lui avais fait part de mes velléités halieutiques - je suis revenu seul à la maison, sans avoir eu seulement la sensation d'une touche. Lorsque, plus jeune, je rentrais ainsi de discothèque, la frustration était terrible. Là, machinalement, j'ai ouvert le congélateur et j'ai sorti un dos de cabillaud. Ben quoi c'est bon le cabillaud !
Faudra d'ailleurs que je pense à faire le plein.
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