5) A L'OPÉRA BARNIER - On a beau être de gauche, il devient désormais compliqué de croire que nous allons nous en débarrasser comme ça de l'autre boulet jupitérien. Il faut dire que les sondages s'en mêlent pour raboter un espoir déjà épais comme peau de chagrin. Qu'on les prenne tous autant qu'ils sont, qu'on les aime beaucoup, à la folie ou pas vraiment, leurs perspectives de score à la présidentielle, sont à pleurer. Pour espérer sortir du chapeau du premier tour, il faudrait qu'il n'y en ait qu'un, bien rouge mais pas trop non plus et là, des candidats "providentiels", s'il n'y en a pas au moins quatre, il n'y en aura aucun.
L'espoir ne vient donc pas de notre camp. Et là vous pensez aussitôt à Marine. C'est un cauchemar qui perdure. Faudrait consulter un psy. Mais enfin à force de rentrer dans son jeu, de la faire monter - comme le fit Mitterrand avec feu son papa Jean-Marie - pour être sûr de l'affronter et de la ridiculiser en finale, on en connaît un qui pourrait bien se la prendre dans sa petite gueule de suffisance. Mais enfin, cette hypothèse-là, si vous me permettez, on va toute de même l'éviter. Sans néanmoins l'oublier, ni la sous-estimer.
Alors que reste-t-il ? Pas la droite traditionnelle quand même ? me direz-vous. Pas celle laissée par Sarko et Fillon dans le même état que Hollande et Valls crucifièrent le PS ? Je partageais la même incrédulité tant qu'il s'agissait d'envoyer dans les chevilles gonflées de Jupiter, un Bertrand, un Retailleau et pourquoi pas une Dati ou un Sarko, disponible entre deux mises en examen, tant qu'ils y étaient !
Mais voici que dans son costume de naphtaline, son brushing argenté, sérieux comme un pape mais accrochant subrepticement un sourire de dandy toujours vaillant et disponible, Barnier est arrivé.
Tel le Messie ouvrant l'horizon de la droite, le diable sortant de son placard bruxellois, le chantre de l'Europe reprend une place fort inattendue et intrigante dans le débat public. Où il est apparu il y a environ 45 ans, sortant d'une école de commerce pour vendre sa soupe gaulliste et se faire élire peu après à 27 ans seulement, réussissant l'exploit d'être le plus jeune député de l'assemblée en 1978. Grand exploit et belle longévité si d'aventure il parvenait à être le plus vieux élu à la présidence de la République (72 ans). Joli pied de nez aussi s'il succédait au plus jeune de tous les temps. Il est vrai qu'avec le bordel qu'il a mis en seulement trois ans, les français - tout moutons qu'ils sont - pourrait éprouver l'envie de remettre un peu d'ordre et de mieux chercher à comprendre ce qui se fait à la tête de leur pays, avec qui et pour quoi !
Très jeune, il trouva donc Savoie et ne la quitta que pour Bruxelles. La Savoie à jamais reconnaissante puisqu'il forma avec Jean-Claude Killy un duo certes mûr mais encore glamour qui obtint l'organisation des Jeux olympiques d'hiver d’Albertville. Lesquels ne s'avérèrent pas plus inintéressants que d'habitude.
Ne me demandais pas ce qu'il a glandé tout ce temps à la commission européenne, mais il me semble que l'homme est au moins doué d'une grande maîtrise de soi ce qui n'est pas la moindre des qualités lorsqu'on aspire aux plus hautes fonctions de l'État. C'est lui en effet et lui seul qui est parvenu à négocier le Brexit durant plus d'un an sans finir par mettre un pain à Boris Johnson, la plus belle tête à claque qu'ait connue l'Europe depuis au moins Barroso ! Moi si j'avais mesuré un mètre quatre-vingt dix comme le savoyard, ça n'aurait pas fait un pli. C'est là aussi où l'on mesure le léger écart existant entre un ancien ministre des affaire étrangères (gv Raffarin) et le rédacteur de Macronique.
Mais enfin voilà un homme qui a pris un sacré crédit depuis qu'il nous a habilement débarrassé des Anglais et si ce n'était que moi je l'empêcherais de rentrer à Paris, afin qu'il consacre la totalité de son temps à surveiller que la Grande Bretagne ne revienne pas par la fenêtre.
Voici donc un nouveau requin blanc venant croiser dans les eaux électorales qui deviennent de plus en plus chaudes à mesure que 2022 approche. Mielleux, pataud, pas encore gâteux mais ça viendra, susceptible de séduire encore les électrices dans l'âge, voici un candidat plus solide qu'il n'y parait à mon sens. Et puisque la priorité, je crois que nous sommes unanimes sur ce point, est de se débarrasser du petit marquis versaillais illuminé, pourquoi ne pas envisager de voter en sa faveur dès le premier tour.
Reste à savoir pourquoi ce vieux briscard blanchi sous le harnais de la politique de l'ancien, du très ancien monde, s'aligne dans une compétition où il pourrait nuire gravement à la réélection de l'un de ses jeunes clones, néo libéral et européen forcené, ainsi qu'à Bruno Le Maire sont fils spirituel et sirupeux...
Serait-ce par seule ambition personnelle ? On n'y croit pas.
Pour le bien de la France seulement. On est rassurés...
Pour le bien de la France seulement. On est rassurés...
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