13.- Y A D'LA JOIE DANS MA DACIA ! Je vous l'ai sûrement dit, j'ai horreur de la bagnole. Je reste éberlué par l'existence d'homo-sapiens - dont les ancêtres se déplaçaient si bien sur la corne de leurs pieds - qui engloutissent des dizaines de milliers d'euros dans des engins de perdition et de pollution que je tiendrais aisément pour impardonnable, condamnable, pendable. Tout ces neuneus en fête et qui ne se mouchent pas de la manche lorsqu'ils lavent leur auto tous les dimanches. Et que je te lustre les enjoliveurs et que je te bichonne les chromes en soufflant sur la moindre trace pour l'éliminer ensuite délicatement à la peau de chamois...
Mais j'adore conduire !
Mais j'adore conduire !
Et de vous à moi on a plus de mérite lorsqu'on manie une Roumaine avec du poil sous les bras que lorsqu'on domine au volant d'une audi - la marque préférée des voyous - ou la célèbre wolksvagen -des collabos -. Ce que j'aime par dessus tout, c'est rouler en écoutant de la bonne musique. Un peu de tout, du classique, du jazz, Ferrat, Ferré, Brassens, Barbara, Reggiani.. à l'exception de tout le reste. L'union libre et joyeuse entre la subtilité des mots, des notes et des paysages en parcourant les belle nationales.
Nationale 7, qui traverse la Bourgogne et la Provence, qui fait d' Paris un p'tit faubourg d'Valence et la banlieue d'Saint-Paul-de-Vence. Le ciel d'été, remplit nos cœurs d'sa lucidité, chasse les aigreurs et les acidités... En descendant de l'Aubrac en direction du Tarn, je me refaisais le concert du fou chantant, lors de sa tournée d'adieux au théâtre de Liège. Le jeune présentateur de la soirée en fit l'éloge naturelle et au détour du propos cita l'enfant du pays. Jacques Brel, disait de lui : " Sans Trenet nous serions tous des comptables..."
Ça vous le fait, vous, d'entendre un mot, une phrase, souvent très simple mais qui par son ajustement, sa pertinence, sa finesse, vous comble d'aise, vous renforce, vous accompagne ? Quelques instants, une journée ? Moi ça va faire huit jour. Sans Trenet, nous serions tous des comptables ! Et puis quand vous écrivez, que même à l'occasion vous réfléchissez, vous regrettez de n'avoir pas été dénicher cette formule sans prétention qui sonne juste et dit tout.
Le poète Narbonnais dont les grands de la chanson se sont inspirés, n'a pas seulement imposé un style, posé une voix, un son, un vibrato, un texte, une truculence, il a réinventé, réenchanté le music-hall. Il était aussi de ces rares auteurs et interprètes dont toutes les chansons constituaient une petit univers joyeux, sombre, burlesque et qui toujours fonctionnait.
Je reviens sur Liège, sans neige, avec l'autre "grand Charles" celui de la chanson dont il fit pour ses héritiers, Brel et Brassens, un art majeur. Il attaque avec un petit couplet léger : Il pleut sur ma chaumière... De son accent de légère rocaille, en ondulant subtilement et en jouant des mains subrepticement vous embarque, vous berce et ne vous lâche qu'aux dernières notes, au bout des larmes confortables, alors qu'on voudrait que ça dure, dure, dure…
C'est au fond de votre âme, mais à la fleur de votre sensibilité, que ce grand échalas roux aux allures précieuses, vient tirer de vous ce qu'il y a de meilleur. De douceur, de poésie, de partage. Et c'est exactement là où nous cessons d'être des comptables pour nous élever dans la contemplation, la grâce et la joie. Tout devient plus lumineux, munificent, y compris dans le décor de "la 7"
Il ne m'est pas du tout embarrassant de confesser qu'avant d'admirer le maître et de m'en imprégner, j'ai adoré ses disciples, tous ces grands chanteurs-poètes qui, sans peut-être connaître l'abomination d'être comptables, n'auraient pas atteint le firmament de leur art. Je me souviens que maman aimait beaucoup le Charles Trenet de sa jeunesse. Bel homme aux mélodies charmantes de La Mer et Fleur bleue elle devait bien en être secrètement amoureuse, plus que ce qu'elle comprenait d'ailleurs les subtilités de ses strophes. Mais elle cessa brutalement de l'écouter, bien plus tard lorsqu'elle apprit, incrédule, puis révoltée, son homosexualité. On disait alors "pédéraste" que l'on confondait d'ailleurs souvent avec pédophile et on le traitait alors dans les milieux bien comme il faut, catholiques - dont on mesure bien l'exemplarité - comme un criminel. Certains prétendirent même qu'il aurait possiblement couché avec des Allemands. Et qu'il faillit être tondu ?
Voilà sans rien occulter d'un personnage forcément complexe tant il était complet, je voulais dire au détour de ce blog - où l'on n'est pas forcé d'absolument toujours rigoler ou militer en essayant de concilier les deux - tout le bonheur, le plaisir simple mais prolongé que m'apportait Monsieur Trenet. Et combien il compte pour moi, qui ne suis pas comptable. Ni téléspectateur des Victoires de la musique.
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Je vous offre l'occasion de vous replonger dans l'univers de Trenet, en 1980 donc à Liège, au moment sublime -à mon avis- de sa carrière.
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Et dans un tout autre ordre d'idée, à propos du vaccin COVID n'hésitez pas à regarder ce qui suit
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