Jaco...brac - Macronique

Luge, raquette, ski n'importe où. Chacun veut son petit tour de "ma neige" !

  (Photo France Bleu)

10.- ÉVASION ET INVASION. Vous avez vu comment je me suis empressé, ému, de ré-enneiger le blason d'Aubrac qui avait quelque peu fondu depuis trois décennies sous les assauts répétés des scientifiques et météorologistes qui, à force de prédire qu'il ferait de plus en plus chaud sur notre bon vieux chaudron, ont fini par nous faire monter la planète de quelques degrés. Cela ne parait pas, mais il suffit que l'on réitère une idée pour qu'elle finisse par être admise et avérée. C'est le cas de notre terre, bien influençable pour le coup !

Seulement célébrer le retour des frimas, des flocons (et des vrais) fini par aboutir sur ce que l'on redoute de plus. L'invasion. Ce qu'ils appellent, eux, l'évasion...

Et je me suis quelques peu senti coupable. Avec mes vidéos qui enchantent, idéalisent ce pays (sans rire l'un des plus beaux du monde lorsque la neige se pose sur ses courbes sensuelles, couchée sur un horizon céleste) je finis par convaincre quelques gens bien et réanimer d'anciens passionnés d'Aubrac, mais aussi et je devrais ajouter surtout, une sacrée bande de malotrus. Vous parlez qu'ils sont en manque ! Toutes les grandes stations où il faut être, étant fermées, les bars à cocktails, les téléphériques et les boutiques Hermès étant closed, ils se répartissent dans la cambrousse comme ils disent. Les bobos et les beaufs. Là, entre le Tarn, la Haute-Garonne, le Lot et l'Aveyron y a de quoi faire. Ce sont des viviers. 

Ce dimanche dans la montée de l'Aubrac, entre Saint-Côme et Nasbinals il y avait sûrement plus de monde en un jour que ce qu'il en est monté durant tout le mois novembre par exemple. La route étant canalisée sur ses côtés par deux imposants murs de neige, les citadins eurent l'idée exceptionnelle de se garer sur l'une des deux voix de circulation. Y a un gros cons qui l'a fait et des centaines de moutons qui l'ont imité : "Ben quoi ! auraient-ils rétorqué avec leurs tronches d'ahuris, le nez couvert d'anti- UV et le bonnet enfoncé jusqu'aux yeux sur ce qui leur sert de cerveau, où c'est qu'on se gare sinon ? " 

C'est à dire que le type, lorsqu'il est à Toulouse, à Rodez, à Cahors, s'il ne trouve pas de place de parking, il stationne au milieu de l'avenue ? Ah non, car là il est chez lui et il craint les flics. Tandis qu'ici c'est mieux pour foutre la merde. Y a pas de police…

Et c'est ainsi que l'Aubrac dont je prends toujours la précaution de préciser qu'il doit être protégé, ménagé, exempté de bruit et de fureur, se retrouve assiégé par les touristes des plages languedociennes et des stations pyrénéennes. Ceux avec lesquels nous ne sommes pas nécessairement faits pour nous comprendre et surtout... cohabiter. Voici en quoi c'est ma faute. Lorsque je livre un vidéo en pâture sur youtube, c'est dabs l'intention de faire partager avec quelques esthètes, des images rares et précieuses d'une nature préservée. Parce que je sais que cela fait plaisir à ceux qui connaissent et aiment l'Aubrac et que cela rassure aussi ceux qui contemplent de loin ces paysage merveilleux que l'on dit en perdition. 

Mais au lieu de ça, ce sont tous les piétineurs, les gueuleurs, les profiteurs qui  rappliquent et saccagent tout ce qu'ils peuvent. Pas dans les stations prévues à cet effet, non, non dans les vastes étendues souvent privées et intactes. 

Dans les bouchons entre les burons Couderc et Moussous, à 1400 mètres d'altitude non loin de l'infini, je scrutais ces congères abîmées, ces pentes souillées, ses espaces piétinés et je me demandais si je devais encore publier quoi que ce soit. Au risque de ne plus jamais revoir une trace de renard, d'hermine et de milan royal. L'ennui c'est que TF1, France 3 et d'autres bien plus influents, n'en finiront jamais. Et finalement, j'en suis revenu à cette question, toujours la même. Qu'ai-je de commun avec ces gens ? Appartient-on seulement à la même espèce... 

Mon cono de cousin et néanmoins érudit de Montpellier me fait l'honneur d'ajouter son grain de sel à celui d'autres amis qui m'accompagnent dans Macronique, exercice parfois compliqué pour ne pas dire périlleux. J'ai bien aimé sa réponse et le constant qui l'amène au sujet de youtube et de la dérive de notre société entraînée par  ces médias quasi incontrôlables  

" Concernant les 100000 vues c est mérité et normal, les gens aiment ce qui sort de l'ordinaire. C est mimi comme un film de chatons. Ils aiment encore plus le sensationnel mais surtout celui qui les épargne.
Une belle inondation avec des voitures qui flottent, avec des personnes en péril sur le toit ou une belle avalanche qui éventre une paire de maisons, là c'est plusieurs millions de vues assurées .
Pauvre monde qui fait du sensationnel avec le dérèglement climatique et bien d autre choses encore et qui occulte la misère humaine du fait même du dérèglement de sa propre conscience. Le bien être animal lui aussi est en passe de  devancer le bien être humain.
Dans tout cela on est loin de notre utopie commune. Gardons tout de même le moral et surtout ne change rien. Je ne sais pas si tu as raison ou si nous avons raison, mais il est important d' avoir un regard critique sur le monde qui nous entoure. Ce n est pas un manque de complaisance c'est simplement ne pas être soumis à l' opinion que l on veut nous imposer.
"Résister " dans une autre époque et pour un autre motif tout aussi important."