
3.- 2022, TROUVONS LA FEMME ! Nous voici en pleine période déferlante, dégoulinante de vœux et je concède que je n'en peux plus. Pour un peu j'en arriverais à préférer que l'on m'oublie, même si cette absence de sollicitude peut surprendre et inquiéter lorsqu'il s'agit de sa famille la plus proche. Alors bien sûr que comme tout être normal je souhaite à tout le monde, proche, inconnu, ami et même pas ami, le bonheur. Et surtout la santé ! Chaque année je suis stupéfait que les gens insistent comme s'ils avaient fait là une belle trouvaille : " et surtout la santé !" Vous remarquerez même que certains - et ça fait un certain nombre - insistent, dès fois qu'on soit passé à-côté de la question : " Oui, parce que sans la santé on n'est pas grand chose..." Les plus philosophes ajoutent même : " L'argent on peut s'en arranger, mais la santé rien ne la remplace..." C'est tellement beau, profond, vital même que, comme ils vous aiment bien, ils vous le gardent pour l'année prochaine. Début 2022, c'est sûr vous y aurez droit... " Et surtout la santé ! " Enfin bon c'est pas méchant, c'est déjà ça !
Voilà, voilà. C'est le moment où mes copains de droite vont devoir prendre congé - enfin j'imagine - parce que je doute qu'ils partagent les sujets et les préoccupations dont je vais faire état à présent. Au mieux, ils peuvent poursuivre la lecture en se délectant du futur fiasco que je redoute et que je vais tenter tout de même d'inverser avec mes infimes moyens, en espérant secrètement trouver suffisamment de relais pour aboutir à ce foutu front commun sans lequel c'est déjà cuit. Surtout si nous ne sommes que quelques centaines à nous activer. Des dizaines de milliers, là, ça change la donne !
Peut-être l'avez vous deviné je fais référence à l'élection présidentielle. Non qu'elle me fasse rêver, mais qu'elle soit la clé de tout tant que l'on n'aura pas fait péter le verrou de la monarchie républicaine. On s'aperçoit que toute notre vie sociale, économique, notre vie quotidienne même, le goût de notre café, l'heure à laquelle on va le boire, où et avec qui, est quasiment conditionné par cette élection. Donc, une seule question camarades : comment se débarrasser de l'autre tromblon ? Par les urnes s'entend ! Quel rapport avec les vœux de 2021 objecterez-vous, puisque le scrutin dont tout dépend est prévu l'année suivante ? Et bien, bande de couillons, c'est que la gauche - d'ailleurs tout comme la droite non macroniste ou ce qu'il en reste - scellera son destin par le choix de son candidat. Et c'est forcément maintenant.
Je pense depuis bien longtemps que les électeurs qui, reconnaissons-le humblement, n'y connaissent strictement rien, réagissent par pulsion et coups de cœur médiatiques. En aucun cas sur des critères économiques, sociaux, écologiques et humains. A ce titre Macron demeure un adversaire redoutable car il est celui qui maîtrise le mieux la communication, la manipulation notamment des 30-40 ans, des bobos, des cadres sups et des femmes ! Ça commence à en faire des charmés ! Et c'est pas avec Mélenchon qu'on va lui en piquer la moitié d'une...
Alors, peut-être pour me rassurer, je me suis dit que les français qui ont tout essayé : des vieillards, des gamins, des grands, des petits, des moches, des beaux - jamais hélas des types qui tenaient leurs engagements et rendaient la justice en éliminant les riches et les pauvres, pour faire une société de gens heureux - opteraient cette fois pour une femme. Comme ils ont voté en 2017 pour un populiste centriste, chantre du dégagisme et du nouveau monde, ils innoveront cette fois en portant une dame à l’Élysée. Or ça, même si l'on va me renvoyer aussitôt Thatcher et Merkel à la figure, faut quand même reconnaître que c'est de gauche, un femme à l’Élysée. Et d''abord qui ont-ils à droite ? Pécresse ? Daty ? Schiappa ? Buzin ?
Comme la plupart des gens réellement de gauche, lorsqu'on évoque une femme de notre bord on ne pense qu' à Christiane Taubira. Sans être dupe du fait que notre inclinaison n'est nullement portée sur une attirance physique voire sexuelle, mais par la conviction de tenir là une grande dame, d'une classe, d'une richesse intellectuelle rares de notre temps. Ça c'est pour les gauchos bon teint, car pour l'électeur moyen, le lambda que l'on peur rallier éventuellement à notre panache rouge, rose et vert, la classe consisterait plutôt à ce qu'elle porte bien la jupe crayon et le jean déchiré sur un chemisier largement échancré.
Blague à part, c'est en lisant l'excellent papier de Pauline Graulle et d'Ellen Salvi sur Médiapart que j'ai réalisé que, outre Mélenchon sur lequel hélas il ne faut plus compter pour jouer la carte de l'unité - et d'un succès déjà fort hypothétique même sans lui - le danger venait aussi d'une autre femme. Tout hélas dans la manière d'être d'Anne Hidalgo, ses compromis, son art de ne jamais trancher et de pratiquer sous d'autres vocables mais symétriquement le en même temps, fait penser à un Macron en jupon (ce qui lui siérait d'ailleurs à ravir).
C'est ce que je voulais exprimer, en cette année pré-électorale, le danger vient d'abord de l'intérieur (mais non je ne parle pas de Darmanin). D'ailleurs je me demande si, une fois doublée dans la course à la présidentielle, la belle Hidalgo ne rééditerait pas l'exploit de Manuel Valls en 2017. Que nos amis espagnols n'y voient ici nulle perfidie, mais l'exposition d'une malheureuses coïncidence : ces deux-là ont une gauche particulièrement faiblarde et si Valls n'est en aucun cas des nôtres, on put lui reconnaître ce constat flagrant de gauche irréconciliable. Bon, ne me sautez pas dessus ! Je le sais bien, Valls n'est pas de gauche. Sauf si ça l'arrange.
Alors qu'est-ce que vous en pensez, vous, de Taubira ? Elle a pas bien l'air d'avoir envie de se fourrer dans ce merdier. On va quand même pas le lui reprocher. D'autant qu'elle a donné. Et fauté. Mais qu'était-elle allé faire en 2002 dans cette présidentielle ? Surtout sous la bannière des radicaux de gauche. Vous savez, ceux qui sont rouge dehors et blanc dedans ! Un parti minable, refuge d'opportunistes et de grossiers personnages dont l'abominable Baylet et l'insupportable Tapie étaient les tauliers. C'est elle qu'ils choisirent pour dézinguer Lionel Jospin qui, rendons lui ce qui lui appartient, n'avait besoin de personne ! Mais enfin "grâce" à elle, nous avons connu un épatant duel Chirac - Le Pen. C'était bien non ?
Pourtant une pétition circule. Je l'ai signée. Car si j'ai le droit de choisir, j'aimerai bien pouvoir la désigner. Ou pas. Taubira m'émeut. Elle me parle à l'âme. Je la crois d'exception dans cette faculté, finalement assez rare chez les politiques, d'aborder les sujets de société, ceux qui préoccupent les êtres et de les décliner concrètement tout en les élevant spirituellement pour en extraire une synthèse qui ne s'éloigne jamais des réalités humaines. Je ne suis pas sûr de me bien faire comprendre. Mais j'aimerais, je le redis, pouvoir l'écouter en débat d'une primaire de gauche avec un Ruffin, un Jadot, un Poutou, un Montebourg et même, même s'il le faut une Hidalgo... En espérant ne pas se retrouver au second tour avec un couple glamour dont je n'ai absolument que faire. Mais il me semble qu'elle les mangerait tous...
Et maintenant, que je suis a peu près sûr que nous sommes entre nous, les purs -ou presque-, je vais vous faire part d'une confidence. Je crois surtout que Christiane Taubira est la seule a pouvoir peut-être parler au cœur d'un électorat dont la stupidité légendaire, n'exclut pas ponctuellement d'étonnants sursauts. La seule à réaliser une synthèse de gauche relativement raisonnable et conciliable - justement - et de se faire ainsi élire, avant de mettre un sérieux coup de barre à gauche et nous offrir la révolution Républicaine escomptée.
Je soutiens la candidature de Christiane Taubira
A propos des 100 ans du PCF,
quelques amis et camarades chatouillés
Retour en grand forme de mon Béo qui, après quelques compliments à faire rougir les plus ptérentieux, reprend avec sa rubiconde faconde sa plume correctrice. Admirable. Parfois vengeresse. Histoire de m'asséner quelques cours et coups que j'accepte sans évidemment tous les approuver...
" Tu n'écris pas avec tes tripes, frère d'Aubrac, car les tripes, fussent-elles à la mode de Caen, n'ont pas de style. Toi si et coruscant encore. Tes éditoriaux se boivent non pas comme du petit lait - triste breuvage - mais comme un joli champagne. Pétillant. Bon, concédons que les flûtes éclusées peuvent devenir des coupes d'amertume quand tes outrances, tes outrecuidances, tes plus injustes philippiques heurtent par trop les sentiments républicains ayant conduit une partie de ton lectorat à se détourner d'une extrême gauche schizophrène. Mais c'est finalement moins fréquent qu'il paraît et le goût fortuit de bouchon ne saurait détourner l'amateur du divin breuvage. En un mot, à te lire, on jubile souvent, on s'enthousiasme, on ressent de subtiles érections intellectuelles - dont nos sœurs, qui ont d'autres ressources, ne doivent surtout pas prendre ombrage - on se laisse captiver. Du bonheur, en somme et presque quotidien.
Merci de nous le procurer même entre deux réveillons, deux tempêtes de neige et deux péripéties politiques.
L'autre jour, c'était quand même un peu plus grave. Tu causais du centenaire Parti communiste français avec une honnêteté exemplaire tout en véhiculant, à ton esprit défendant, de l'idéologie dominante impure et dure. Associer d'abord Marx et Proudhon constitue un paradoxe curieux puisque, tu ne l'ignores pas, le premier pourfendit le second, tenant du socialisme utopique, avec son maître ouvrage "Misère de la philosophie" réponse cinglante à la "Philosophie de la misère". Idem s'agissant de Lénine et Trotski qui s'affrontèrent si durement. Par ailleurs, tu imputes à crime aux "héritiers", sans distinction, de ces illustres d'avoir maltraité la cause jusqu'au point sublime du stalinisme qui, selon toi, aurait scellé le destin du communisme. C'est aller fort vite et sans discernement en besogne. L'apport du léninisme dans le mouvement ouvrier mondial reste historiquement immense et fait toujours l'objet d'études. Sans lui, pas de révolution d'octobre. Sans lui et sa Nouvelle Economie Politique (la NEP) pas de survie du communisme. Quant à Staline, exclusivement réduit aux crimes imputables à sa dictature, on lui doit en très grande partie la victoire sur le nazisme.
Tu commets aussi une autre erreur en écrivant que le PCF a toujours soutenu le régime soviétique. Waldeck Rochet et le comité central condamnèrent sans aucune précaution oratoire l'invasion de la Tchécoslovaquie en 68 et, juste un peu plus tard, la répression contre les intellectuels russes. Mais les communistes français n'oubliaient pas que l'URSS, forteresse aussi assiégée que le fut la France révolutionnaire, en étaient souvent réduite à se défendre par la terreur.
Le Parti a perdu ses cellules, ses sections, sa substance. On n'imagine pas qu'il puisse un jour renaître. Mais, allez savoir… Il est assez piquant de constater que l'anti- communisme survit très bien au communisme et qu'il alimente aussi l'animosité de l'occident contre Vladimir Poutine. L'histoire donne raison à de Gaulle qui, tant dans ses mémoires de guerre que pendant ses dix années élyséennes, ne parlait jamais de l'Union soviétique mais de "la Russie de toujours."
Permets-moi, juste pour ne pas passer pour un con -ou un inculte- ce qui revient au même s'agissant de quelqu'un qui écrit sans maîtriser un tant soit peu son sujet, que je n'ignorai pas la réalité historique du conflit entre Lénine - à qui je ne dénis aucun mérite - et Trotski - le va-t-en-guerre devenu curieusement l'icone des pacifistes internationalistes -. Pas plus que je n'assimile Marx effectivement très critique à l'égard de Proudhon. Mais je peux te certifier aussi que j'adore le foie gras et le pain d'épice mais que je n'associe jamais l'un et l'autre. Même au réveillon du premier de l'an.
Et merci encore pour cette brève et brillante contribution.
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