" Tu m'apprends que cette horreur que je croyais enterrée, l'usine aux mille vaches, a été réalisée. Il est bien, ce maire qui arrondit ses fins de mois en tant qu'architecte sur des projets qu'il a autorisés comme édile... Enfin, il y a une justice, celle du profit et ce scandale cesse...
Il faut dire que j'ai été "élevé avec les vaches", aux Hermaux, du plus loin de mes souvenirs jusqu'à mes presque six ans et que j'ai côtoyé ces braves bêtes aussi bien là-haut qu'à Bugarach, dans les Corbières. C'était bien avant que ce village devienne un refuge pour la fin du monde (remise à plus tard).
Pour moi, la chaude odeur des étables reste la mémoire du lieu sûr, tranquille. C'étaient aussi les "toilettes", ici et là jusqu'aux années 1960. D'ailleurs, en 1963, Colette Renard qui tournait dans le film "Un roi sans divertissement" (d'après le roman de Giono), aux Hermaux, avait acquis la considération des Vergnet, chez qui elle logeait, et des gens du village, en ne faisant pas d'embarras pour y aller...
Puisque nous parlons des Vergnet, la mémé qui cuisinait si bien était au moins l'arrière grand mère de Christophe qui a repris les fourneaux ! Son chasseur de fils, Etienne, s'est marié pendant la guerre, je pense, en tout cas, j'y étais et c'est ma cousine qui m'avait servi de seconde mère qui avait fait la cuisine pour la noce, avec, bien sûr, la testo de bédel servie entière, crane fendu et du persil dans les narines. Le repas et la fête avaient eu lieu dans un grand local en étage qui était à mes cousins, sur le rue montant vers le four où "notre" maison était en face de celui-ci...
Aux Hermaux, "nos" vaches étaient des Aubrac, le parel d'attelage comportait une brune (Fièro) et une rousse (Froumento) - il paraît que celle-ci, avec ses muqueuses claires, n' était pas une pure Aubrac. A Bugarach, c'étaient des blanches Charollaises, plus grandes, mais ici comme là, adolescent, je savais les attacher à leur mangeoire en leur passant le bras et la chaîne autour du cou. C'était avant la stabulation libre et les vaches avaient leurs cornes, ce qui a coûté un oeil à mon oncle de guerre des Hermaux : la vache, sans penser à mal, avait tourné la tête pendant qu'il l'attachait et il n'avait plus les bons réflexes...
Il y avait aussi le lait bourrut : on trayait la vache dans le bol et nous le buvions, avec tout son goût qu'on retrouve, en partie, dans le lait UHT : paradoxe de la modernité ? En tout cas, ce bon lait non bouilli m'a sans doute valu une primo-infection : l'hygiène ne régnait pas dans les étables et après la guerre, beaucoup de bêtes ont été abattues, tuberculose oblige.
Quand je vois des vaches écornées, avec leur étiquette à l'oreille (encore une nouveauté), je leur trouve l'air... bête et je pense à leurs propriétaires sans aucune sympathie... Voilà, tu m'as donné l'envie de bavarder sur les vaches (et des cochons, que je menais au pré, que dirais-je ?) et sur le temps passé : merci ! "
samedi 12 décembre 2020
11.- MACRON ET LES AMISH DE LA TERRE - Dans l’attente d’une prochaine saillie télévisée, d’un discours lyrique, d’une plaidoirie flamboyante pour la protection de l’environnement, notre mythique président jupitérien – un peu mythomane parfois aussi mais c’est moins joli – semble avoir mis l’écologie entre parenthèses. Doux euphémisme si l’on en juge par son opposition constante à tous les combats menés par les élus et militants de ce bord-là.
Si je ne me méprends pas, la radicalisation présidentielle coïncide peu ou prou avec les élections municipales où ses Marcheurs se sont ramassés une branlée jamais égalée dans l’histoire des partis soutenant l’Élysée. La conquête de villes comme Marseille, Bordeaux, Lyon sans compter Paris, Montpellier, Nantes et Rennes - où les Verts étaient au soutien – voilà qui a dû lui filer les chocottes à l’envoyé spécial de Dieu sur la terre. Ceci intervenant après un succès incontestable de la tendance Jadot aux Européennes.
Lui qui se pensait déjà peinard pour 2022 avec un deuxième tour aussi folklorique que le précédant face à l’épouvantail nationaliste, il lui a donc fallu monter au font. Car j’espère que personne ne doute dans l’assistance, que ce type là n’agit et ne réagit jamais qu’en fonction de son intérêt et de sa réélection. Il avait déjà adopté cette posture incroyablement narcissique pour se faire élire en 2017, mais la grande différence c’est qu’il n’était pas sensé encore être le président de tous les Français.
Donc, il y eut à l’origine le grand débat. Ce machin dont l’objectif consistait à casser le mouvement des gilets jaunes en allant caresser le peuple et ses élus sur leurs propres ronds points. Et cela fonctionna à merveille, car avec si peu de crédit politique et humain, Macron parvient toujours à ses fins par une remarquable stratégie de communication. C’est là qu’il eut l’idée de créer cette Convention Citoyenne pour le Climat. La règle des 3 C en somme.
Donc, ils y ont cru les 150 ! Bon, dans le tas on peut espérer qu’il n’y avait pas que des niais, éblouis par l’aisance juvénile du bel ordonnateur, ni plus tard d’ailleurs par la barbe en noir et blanc du grand n'havrais.
Dans le même temps, Jupiter qui se prend aussi à l'occasion pour César, créa son propre Conseil de défense écologique. Ça fout les jetons Conseil de défense ; mais pas au président. Lui ça doit même le botter drôlement ça, car avant il y avait eu le Conseil de défense contre le terrorisme et il y aura, quelques mois plus tard, le fameux Conseil de défense sanitaire. A quand le Conseil de défense contre les rats taupiers qui saccagent les pâturages en Aubrac ? Et ne riez pas, bande de mécréants écologiques, c’est un vrai problème !
Lorsque les 149 propositions sont arrivées sur la table (sans doute l’un des 150 citoyens s’était fait porter pâle) le pape de la croissance, le boss de la start up néchion s’est étouffé. Nerveusement, il a rayé la réécriture du préambule à la Constitution, les 110 sur l’autoroute et la taxation de 4 % (!!!) des dividendes des plus riches. Bref le chef décidément très martial de son côté droit, entama une guerre de tranchée avec le camp écolo .
Depuis, alors que la 5G constitue une fuite en avant vers la surconsommation de l’inutile et l‘illusoire, qu’elle n’intéresse qu’une infime partie regroupée sous l’excellente formule de premiers de cordée, il trépigne et traite ces opposants préférés de Amish. Ouahh, l’insulte dit donc !
Mais depuis, ça n'en finit plus ! Le parlement détricote patiemment tout le travail de la Convention. J’ai retenu par exemple que la baisse de TVA sur les billets de train qui me tenait à cœur avait été recalée ; c’est qu’ils préfèrent les gros navions les amis de Macron… Z'ont pas l'temps.
Lorsqu‘il a ouvert le débat - un de plus ! - avec ses copains sur un média de jeunes, il s’est emporté : « Le rapport de la Convention citoyenne pour le climat c’est quand même pas la bible ou le coran... » Car il fait parfois aussi dans l’extrême facilité (à ce sujet, une amie m’a fait m’étouffer en me présentant Macron comme un philosophe !!!) Et le voici désormais qui, accoudé à son comptoir du café du Commerce, il s’énerve contre l’un des conventionnistes un peu emblématique, Cyril Dion, qui a fini quand même par se demander à haute voix si on ne les prenait pas un peu pour des cons.
Poser la question, c'est la résoudre. Définitivement adoubé par la droite qui conchie les écologistes, les assimile aux ayatollahs, les caricature, les redoute aussi - dès fois qu'ils ne pourraient plus faire leur pognon sur le dos la planète -, il n’est plus très loin le moment ou, inspiré par son maître (soixante) Sarko, Jupiter va gronder, des éclairs dans les yeux : « L’écologie ça commence à bien faire ! »
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Retour sur Macronique du 9 décembre et même bien en amont, à la source carrément de la belle vie que fut la nôtre à partir du temps évoqué par notre ami Claude de Marseille - et un peu de l'Aubrac aussi -
Alors suivons cette jeunesse rude mais joyeuse de son enfance, les vaches, les Hermaux, les Vergnet avec un petit crochet par l'Aude.
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