
15.- QUARTIERS LATENTS.- Coïncidence, j'échangeais hier encore avec Chantal à propos de ce que l'on fait de nos jeunes. Pas de ceux du lycée Louis-le-Grand, ni des enfants de cette petite société clanique et libérale qui se coopte depuis trop de temps en prenant soin de laisser tous les autres sur le bord de la route.
Et puis ce matin, j'ai lu l'alerte des 101 maires indiquant à M. Macron que la crise qui frappait plus durement les banlieues était une bombe à retardement. Déjà, ce qui semble hallucinant et l'est pour de bon, c'est qu'il faille rappeler au président de la République qu'il existe des banlieues et qu'elles constituent une poudrière. Certes comme depuis longtemps, oui, mais comme jamais ! Les 101 en question ne sont pas des gauchistes révolutionnaires. Ils réclament que un pour cent des 100 milliards prévus pour soutenir la relance d'après COVID soit affecté aux zones dites sensibles. Celles qui ne mangent pas à leur faim, ne vont plus à l'école et ne laissent plus entrer un uniforme dans leur cité, confondant les pompiers avec les flics ou les agents d'EDF.
Je me débats toujours avec ses p... de chiffres. Je croyais que c'était quatre cent milliards qu'il avait fait rouler, le chef des banquiers ! Les trois cents qui dépassent doivent être réservés pour ses amis de la finance. Les Pinault, les Arnault, les Lagardère et tous ceux qui l'ont mis-là et qui en ont bien besoin.
Alors si nous avons le cul sur un cocotte minute, ce n'est pas le président actuel qui en porte la responsabilité première. Souvenons-nous qu'au moment de la décolonisation, disons entre 60 et 80 pour la faire bien large, les gouvernants de l'époque, qui rapatriaient les esclaves indigènes du Maghreb et d'une partie de l'Afrique noire, se firent un malin plaisir de les caser et de les cacher dans d'immenses cages de bétons. C'était assez bien pour eux, dont la plupart n'avaient pas dans leur casbah le quart du confort qu'on leur offrait à La Courneuve, Saint-Denis, les Minguettes, la Faourette, les Œillets et tout ces jolis noms de ghettos !
Nous eûmes d'abord, il faut l'admettre, des immigrés plutôt reconnaissants et encore bien conditionnés par les missionnaires de la République. La génération suivante, dépourvue d'éducation et d'autorité parentale suffisante, entama le processus de déscolarisation, de paupérisation. Vint ensuite une rapide autant qu'inexorable désocialisation... En résumé, à gros traits je le confesse, voici l’œuvre globale du Gaullisme en la matière. Un gaullisme très en vogue sous le macronisme, mais que l'on ne dissocie pas assez à mon goût du personnage qui en fit l'essence initiale, avant d'en être déformée et violée.
L'amie Chantal vit dans les vastes vignes, pas à Chanteloup mais dans le Tarn, moi sur les espaces préservés de l'Aubrac, nos enfants sont grands et les petits bien entourés. Mais cela ne nous empêche pas de souffrir pour ceux qui, dans les banlieues sur-confinées, vivent la crise comme une sanction, un humiliation de plus, toujours moins supportable.
Elle me transmettait une pétition du Mouvement pour une alternative non-violente qui vient s'opposer au SNU. Le risible Service National Universel. Ce machin créé par le gouvernement du nouveau "préféré des Français" Édouard Philippe (bravo les Français, c'est un super choix !) en 2019. Alors en gros, après avoir - depuis le non moins remarquable Sarkozy - coupé tous les budgets consacrés à l'éducation populaire (un gros mot !) l'encadrement des jeunes, l'animation sociale, culturelle, sportive dont les effets n'étaient pas tous spectaculaires mais néanmoins patents, on se réveille dix ans plus tard parce qu'il y a le feu ! Entre temps on a renvoyé Borloo et son plan banlieue sur les roses... de Fontenay. Et pour récupérer cette jeunesse, souvent issue de l'immigration, radicalisée soit dans la religion, soit dans le rejet de la France et bien souvent les deux, on ne trouve rien de mieux que de vouloir embrigader les "petits salopards" dans une sorte de fausse armée où on leur apprendrait vite fait à vivre. A grand coup de pied dans l'cul, non de...
Un succès ! Là où ils en espérait 30 000, ils n'en ont vu que 2 500 ! Bon certes c'était sur la base du volontariat. Mais en 2023, lorsque ce sera obligatoire et concernera 800 000 gamins de 16 ans, ça va être quelque chose !
Alors bien sûr qu'il ne nous reste que la colère. Car MM Sarkozy, Hollande, Macron, vous les grands visionnaires du XXIe siècle à qui les électeurs ont fait confiance, vous êtes coupables de négligence, d'aveuglement, d'incompétence. Il y avait quasiment partout, dans les immeubles des quartiers en souffrance, souvent dans un local au rez de chaussée, des animateurs de la Fédération des œuvres laïques subventionnée, des association d'éducateurs spécialisés rattachés aux départements, les fameux "grands frères" issus de ces milieux qui s'occupaient des clubs de boxe, de danse, de football, mais parfois aussi d'échecs, de théâtre, de musique ouvrant la voie sur une culture populaire mettant en lumière tous les effets de la diversité intégrée. Même les flics s'en mêlaient et cela avait du sens, sans parler des curés - à conditions qu'ils ne soient intéressés que par l'esprit et non les corps des gamins ! -
Et vous autres, les 101 maires - malgré tout le respect que l'on doit à votre appel - que voulez- vous faire avec un milliard ? N'est-il pas trop tard pour rebâtir tout ce que vos leaders politiques ont anéanti en recouvrant d'une bâche dédaigneuse tout un pan, le moins accessible et intéressant évidemment, de notre société ?
Vous l'avez dit, vous le savez, ça va péter ! Et puisque Borloo n'a pas été retenu pour appliquer son plan banlieue, il faudrait au moins Jésus-Christ pour rétablir la confiance et l'état de droit dans ces territoires perdus de la République. Une bien belle formule pour caractériser notre nullité.
Vous pouvez signer la pétition rédigée par le Mouvement pour une alternative non-violente. Elle demande la suppression sans délai du Service National Universel tel qu'il se présente actuellement.
2022 (vraiment) en commun, c'est maintenant !
Lettre envoyée à mes amis,
Notre seule chance, infime pour le moment (mais Hollande élu en 2012 et Macron en 2017 n'atteignaient pas 5% d'intentions de vote un an et demi avant l'échéance !) d'éviter un nouveau duel Macron - Le Pen, est de promouvoir un rassemblement de tous les courants écologistes et de gauche. Il ne s'agit pas de réaliser un "coup électoral" comme le fit l'actuel président, mais de créer les conditions d'un changement profond de notre société. Plus humaine, fraternelle, sociale, solidaire. Le contraire a peu de choses près de ce que nous proposent les gouvernements ultra-libéraux de France et d'Europe. De cette réunion, sortira un candidat que nous aurons choisi pour représenter un programme que nous aurons écrit ensemble. Je sais que beaucoup sont désabusés, ont renoncé, je leur suggère de refaire un essai.
Suivant un vieux slogan à remettre au goût du jour, il faut se battre "Pour changer la vie". La nôtre n'a que peu d'importance, mais les dix millions de pauvres en France, les milliards d'affamés dans le monde et nos propres enfants est essentielle.
Merci de signer cette pétition de soutien et si ce n'est pas abuser... de faire suivre !
https://www.2022encommun.fr
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