12. SOYONS BRAVES VA ! - Il y a quelques jours, je perdais mon vieux papa en chemin, ce qui appartient à l'ordre des choses même si cela crée quelques désordres émotionnels. Dans l'évocation, l'hommage rendu à mon père, j'insistais à son sujet sur la notion de " brave et honnête homme ". Si cela lui correspondait, le choix de mettre ses déterminants en exergue revêtait un sens bien plus profond que symbolique, dans une famille, un cadre de vie, une ville où il n'est pas forcément inutile d'en rappeler le sens et l'existence.
Je me fous assez de ceux qui sont forts, qui réussissent, qui irradient même, la seule valeur qui compte chez un homme à mon estime, c'est son honnêteté, sa bonté. Car bien entendu chez moi, être honnête et brave cela marche ensemble. Ce n'est pas faire acte de bravoure ou de bravade (même si dans sa maladie d'adolescent et tout au long de sa vie d'adulte handicapé, il ne manqua jamais d'y faire appel).
Non mais j'y tiens pourtant beaucoup à ce mot brave. Je crois qu'on lui donne un sens plus fort et très spécifique dans cette partie du sud-ouest toulousain où se situe Graulhet. De ces gens courageux qui se lèvent tôt, vont dans les champs, les usines, au marché, humblement. Qui n'emmerdent personne. Ceux qui n'ont leurs noms que deux fois marqué dans le journal, quand ils naissent et quand ils meurent. Nadau l'exprime fort bien dans "Los de qui cau" - je vous la mets juste en dessous - Rien avoir évidemment avec le sud-est méditerranéen et son fameux et peu charitable "Oh ! il est brave peuchère... " qui signifie en gros qu'il s'agit d'un benêt, voire carrément d'un con.
Être brave, cela consiste donc à rester à sa place. C'est ne se prendre bien sûr pour personne d'autres que ce qu'on est et tenter d'être le plus convenable possible. C'est aussi et surtout, c'est d'abord ne prendre sur terre qu'une part du gâteau. Ne pas chercher à gagner plus que l'autre et si d'aventure, on a encore faim, c'est regarder si tout le monde à été servi, si l'autre a eu la même part de gâteau, avant d'envisager de prendre une autre part.
Être brave, c'est aller un peu hélas à contre-courant de tout ce qu'on voit maintenant où le type roule avec une voiture allemande à 50 000 euros sans se rendre compte qu'il y a dans le monde des milliards de gens qui n'ont pas de quoi se payer un vélo. Il ne s'en rend pas compte et de tout façon il ne veut pas le savoir, il s'en fout. Chacun sa merde…
Etre brave c'est inévitablement risquer de se laisser broyer, écraser, mépriser par ceux d'en-haut. Et c'est bien là qu'il faudrait agir. Je ne sais plus réellement comment fonctionne l'enseignement. L'ai-je jamais su ? Pas quand je le subissais en tout cas, même si je pense honnêtement que c'était plus ma faute que celle de ma prof de maths. Ma sympathie pour la fonction publique - qui me coupe évidemment de l'essentiel de l'opinion - m'incline à croire que les enseignants font le job.
Il me semble bien que ce sont les programmes qu'il faudrait revoir. Et lorsque je dis "revoir" c'est une belle litote. Il faudrait tout casser !
L'enseignement devrait être fondé sur deux valeurs : l'honnêteté et la bonté. Il faudrait inverser la rotation du cercle vertueux. En foi de quoi, en éliminant les concepts y compris de respect - tellement galvaudé - , de combat, de compétition, de fierté et je ne sais tout ce qui pousse un être humain à vouloir posséder une piscine, une audi Q ridicule et un forfait de remontée à Courchevel, la société retrouverait un peu de sens et d'âme.
Il y aurait plus de jeunes dans les centres de formation d'aides soignant.e.s et beaucoup moins dans les écoles de commerce !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire