mercredi 30 septembre 2020

 


29.- BASTIDE APRÈS VALADIER, LE PNR SERA BIEN GARDÉ ! - Ceux qui connaissent l'Aubrac et a fortiori ceux qu'il l'aiment ne seront pas insensibles à la nouvelle. Bernard Bastide succède à André Valadier à la présidence du Parc Naturel Régional de l'Aubrac. Il se disait souvent, quasiment toujours que la succession de Monsieur Valadier était impossible. Sauf l'intéressé, évidemment, qui tenait absolument à passer la main avec cet argument coulant finalement de source : nul n'est irremplaçable. 
Mais d'abord se demanderont ceux qui ignorent tout ou l'essentiel de La Terrisse, de la terre et de l'Aubrac, qui est donc ce Valadier, si souvent valorisé par ici ? La réponse tient en une formule : Valadier, c'est l'Aubrac ! Je sais bien que cela pourrait être assimilé à de la pure flagornerie, si d'une part je n'en avais rien à attendre et de l'autre, si sa page Wikipédia ne comportait cette citation d'Edgard Pisani, ancien ministre de l'agriculture du Général de Gaulle : " Le patrimoine de l'Aubrac, c'est André Valadier !" 
Je ne suis pas un inconditionnel de Wikipédia qui a contribué à rendre les journalistes encore plus fainéants et encore moins consciencieux, mais j'aime tout de même beaucoup l'énumération de ces activités : homme politique, paysan, éleveur, militant, entrepreneur. Pas d'erreur, il y a bien de tout ça en lui, même si l'on aurait pu ajouter sans doute poète et humaniste. Il a écrit des textes somptueux que l'on peut encore lire et attendre à la maison de l'Aubrac. Et dans la même rubrique internet, on peut également retrouver cette formule dont il fit tout un programme et une philosophie de reconquête d'un territoire : « La tradition sans modernité est stérile, mais la modernité sans tradition est aveugle. » 
Lorsque la race aubrac fut déconsidérée car elle n'était plus bête de somme, pas assez laitière et insuffisamment rentable pour la viande, celui qui se leva (dans les années soixante) pour clamer : " Arrêtons le gâchis il y a des choses à faire formidable ici ! ", celui qui créa - avec ses amis - la coopérative laitière jeune montagne et permit au cheptel d'Aubrac de repartir nettement à la hausse, c'est lui. Si vous n'avez rien compris, en résumé, si vous mangez de l'aligot c'est grâce à lui ! 
Mais si André Valadier a permis aux monts d'Aubrac de garder
leur spécificité, leurs paysages sauvages, fleuris à l'infini, mais remarquablement entretenus, les magnifiques perspectives où les silhouettes harmonieuses de nos vaches se reflètent dans les lacs et rivières à truite, il a également beaucoup contribué au développement touristique en restant lui même ouvert, mais en influant également beaucoup sur les éleveurs et le monde agricole, pour qu'ils ne s'opposent pas au développement touristique, mais au contraire s'y harmonisent. Tel n'est pas le moindre de ses mérites et la symbolique du passage de témoin au principal acteur de l'économie touristique de l'Aubrac n'est en rien anodine. 
On ne prétendra évidemment pas que Bernard Bastide va
faire mieux que Valadier. Ni même faire pareil ! Ni même essayer. Ce que partagent le nouveau président du Parc et son illustre prédécesseur, c'est une passion, un sentiment, un attachement viscéral à ce territoire qui les a vu naître, grandir, s'élever à force d'obstination au travail. Une manière de courage permanent qui ne leur aura coûté finalement que de la sueur et si peu de mérite, tant ils l'avaient inscrits dans les gènes, portés sans doute par des parents et une lignée d'exception. 
Ce courage, cette passion, cette intégrité aussi qui ne gâte rien dans un monde en déshérence morale, c'est l'Aubrac qui en a bénéficié, et qui, va parions-le sans risque, encore en jouir. Je trahis un petit secret en écrivant que Bernard Bastide se faisait une montagne - bien plus haute que Gudette ou le Signal - d'une telle éventualité. Très vite il constatera que les choses se font naturellement, car il restera lui-même. Partageant avec André Valadier, l'âme d'un pays. La même force insubmersible. Le respect de la nature et des hommes.

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