samedi 26 septembre 2020







25.- A THERESE, A LA FAMILLE VIDAL, A NASBINALS - Nasbinals m'est aussi cher que si j'y étais né. Peut-être parce que, sauf surprise, je vais y mourir. Célestin Vidal, je ne l'ai connu que bien plus tard. Et dès lors, j'ai regretté que cette rencontre n'ait pas eu lieu bien avant. Comme si je redoutais de ne pas assez en profiter. Sans anticiper qu'effectivement la maladie, représentée bien souvent sous la forme hideuse d'un crabe, viendrait - alors qu'il s'en était déjà tiré une fois ! - le grignoter inexorablement pour en finir ce 24 septembre. J'ai perdu maman le 26 de mois-ci l'an passé. Ce n'est pas un bon mois. Si tant est qu'il existe un bon mois pour mourir ! 
J'ai peu connu Célestin, à peine mieux que les lapins qu'il nourrissait, qu'il chérissait mais qu'il n'arrivait pas à tuer, confiant la mission à son fils Michel - notre cher Michel -, qui n'aimait pas ça non plus, mais à qui le patriarche ne laissait pas le choix. C'était agréable de discuter avec Célestin, lorsqu'il "soignait" ses lapins. Ce n'était pas des conversations d'une folle densité. Tout se mesurait à l'intensité. Y compris dans les silences. Parfois le propos était ferme. Excessif (quoique !) lorsqu'il jetait sur ce monde en perte de valeurs morales et de conscience au travail, un oeil amer et désabusé. Mais il savait aussi rendre justice. Aux ouvriers de la menuiserie Vidal par exemple. Avec Maxime et Thierry, il trouvait que Michel avait beaucoup de chance. C'est juste ! 
D'ailleurs juste, c'était un mot qui lui convenait parfaitement. Rude, intransigeant, mais juste. Et pas méchant... 
Rude lorsqu'il s'agissait de travail. Rude au Conseil municipal où il fut premier adjoint. Rude chez les pompiers. Rude lorsqu'il prit en main les destinés de l'Association des anciens combattants, la Fnaca. Tout devait aller droit, tout devait tomber juste pardi. Une toiture, un escalier, un engagement, un défilé vers le monument aux morts. Et un repas ! Car si nous avions à faire là à un rigoriste, un perfectionniste, il ne fallait pas gratter beaucoup pour rencontrer l'épicurien. Le bon vivant épris de bonne chère, mais aussi de grand air. Dans un verre de vin, un ciel de juin, il admirait les rondes d'étoiles qui embellissaient l'existence.
Ce que je retiens de Célestin et qui lui a valu l'attachement de Nasbinals et de tous ceux qui, de Saint-Geniez à l'Algérie ont eu le bonheur de le côtoyer et de partager quelques bonnes tranches de vie, c'est sa bonté, son intelligence et son humour. Ce petit sourire en coin, les yeux plissés. Je dirais malicieux, si j'osais. Car s'il savait se montrer intraitable, Célestin possédait le fond que l'on doit le plus apprécier chez un homme : la gentillesse, la simplicité, la bonhomie. 
Et il n'a pas fini de m'accompagner sur les sentiers d'Aubrac, parmi ses parterres fleuries dont on ne se lasse jamais parce que nous les redécouvrons sans cesse. On redécouvrira aussi Célestin, éternellement, par delà ces chemins...













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