samedi 19 septembre 2020

 




18 .- CHAMPION DUMONT... SAINT MICHEL (23e épisode - suite du 9 septembre) - Cela ne fait rien, Liang restait sous le choc de cette annonce que Dumont-Pourriti pensait avoir communiqué en douceur, mais qu'il reçut comme un coup violent asséné par surprise. Il avait tant imaginé, idéalisé son retour en Chine parmi les siens ! Tandis que Jiao lui souriait comme pour le soutenir autant que pour manifester une manière de soulagement personnel lui, s'était refermé comme une huître du bassin de Cancale. 
- Demain c'est une grande marée, nous irons au Mont-Saint-Michel par la digue vous verrez c'est inouï, improbable, magique. 
Jiao ne comprenait rien aux superlatifs de l'avocat mais elle lisait dans ses yeux pénétrants, la promesses du merveilleux. Lorsqu'elle rejoint la chambre de ce vieux et néanmoins confortable gîte tenu et bien tenu même, par un ancien collègue de Dumont, elle trouva son époux couché. Elle aurait bien poursuivi intimement la soirée avec son Liang, mais celui-ci était déjà recroquevillé, dos tourné, probablement dépité par la réaction détachée de son épouse  à l'annonce sidérante d'un exil forcé qu'il ne pouvait accepter. Comprenait-elle cette frustration, ce sentiment d'abandon, violent comme une deuxième rupture de cordon qui accablaient maintenant ce jeune homme profondément attaché à ses racines et à sa vie d'avant ? Elle, était plus légère, insouciante, plus inconsistante peut-être, moins ancrée à son passé. Libre. Ses dernières tentatives, motivées peut-être aussi par l'excitation que provoque le champagne, la petite fine de Calvados et le panache de leur cicerone, restèrent sans effets. Le malheureux ne réagit pas à ses chatouilles dans le cou, ses caresses dans les cheveux. Elle s'allongea, éteignit la veilleuse et resta songeuse, contrariée à son tour mais sans plus, imaginant un futur qui ne l'effrayait point, l'emplissant au contraire d'espérance. 
Kim ne suivrait pas Dumont et le couple maudit vers le mont Saint-Michel. Elle en avait fait cent fois le tour lorsqu'elle dirigeait l'amicale France-Chine au début des années 2000. 
Ce coquin d'avocat, ami de Dumont et du nom de Ramel, ce qui avait fait Florès en fac de droit, car l'on ne parlait jamais que du futur avocat Ramel, ce à quoi il rétorquait non sans esprit : "mais attention, je ne suis pas mou ! ", le vieux grigou saisissant bien que la belle Kim n'était hostile à aucune éventualité, pourvu qu'elle soit étayée, financée, éphémère, l'emmena déguster les meilleures huîtres du monde, selon lui, les pleines mers de Normandie, chez un petit producteur de Granville. Deux douzaines qui passèrent comme une caresses, comme une promesse au fond de la gorge de l'experte eurasienne. 
Tandis que de l'autre côté d'Avranches, Dumont offrit cette arrivée enchanteresse sur la baie de Saint-Michel, la citadelle se découpant sur un fond bleu nuit comme un navire lumineux revenant de conquêtes miraculeuses. Liang fut saisit par ce spectacle naturel grandiose, mais resta stoïque, obstiné, sans émotion concédée. Tandis que Jiao ne dissimulait pas sa joie. 
Elle en avait visité des temples chinois délicats, vastes, solennels , des sites prestigieux, la Cité interdite, la grande muraille, mais là c'était autre chose. Un point sublime de dépaysement, jaillissant du plus profond de l'océan dans un tableau féerique. Dumont s'avisa de l'émerveillement de sa voisine. Elle n'allait pas jusqu'à faire les yeux ronds, cela lui était physiologiquement impossible, mais resta bouche-bée. 
- Vous savez que vos ancêtres, sous la dynastie Song autour des années 1000, montèrent une expédition sauvage pour tenter de conquérir le mont Saint-Michel ? Le duc de Normandie, Richard II, fut d'ailleurs contraint d'en appeler au prince François de Hollande et à la reine Bécassine de Bretagne ! 
Féru d'histoire et déjà assez francophone pour bien saisir les nuances, Liang sortit de sa réserve - en réalité une franche bouderie - manifestant enfin son intérêt et son étonnement. 
- Vous dites que cela s'est passé sous la dynastie des Song ? Mais j'ignorais que la Chine avait navigué aussi loin ver l'Europe à cette époque. Quel était l'intérêt de cette conquête ? 
Dumont-Pourriti, désarçonné par ce rebond inattendu, se mit à éclater de rire 
- 但是,没有,没有什么是真的。我只是想检查一下你是否在睡觉!(NDLA : Mais non, il n'y a rien de vrai. Je voulais juste vérifier si vous dormiez !) L'avocat avait pris un risque, celui que le jeune chinois chiffonné, se vexe un peu plus, mais en réalité il se laissa aller d'un rire interminable et sonore. "J'espère qu'il n'a pas rechuté" se dit-il tandis que la fort aimable Jiao tambourinait de ses petits poings le buste solide de l'avocat, en guise de désapprobation amusée et admirative. 
Ce court épisode tactile, lui rappela en même temps que son métabolisme, que la divine Kim était partie avec Ramel manger des huîtres et qu'il suffirait de neutraliser le mari, pour toucher en fait au but et surtout au joli petit butin. D'ici-là il fallait éviter toute faute de goût à l'égard de l'une, tandis qu'il s'agissait de remettre en confiance l'autre et, il faut bien l'admettre, le petit épisode historique biaisée à propos de la pseudo-invasion chinoise sous la dynastie Song - une belle petite ballade, apprécieront les puristes anglo-chansons - avait produit son petit effet auprès de Liang. 
Tout allait pour le mieux, Dumont géra l'après-midi à la perfection avec une longue visite de la chapelle où il partagea son interminable soliloque entre références historiques, culturelles et commentaires fantaisistes, voire fantasmagoriques. Cela plaisait à son mince auditoire, lequel finit pas s'étonner du peu de monde qui circulait au cœur de la citadelle. 
- Mais c'est que vous savez en temps ordinaire et en haute saison, ce sont dix-huit mille personnes qui franchissent les portes de la chapelle, soit plus d'un million et demi de visiteurs par an. 
L'anticlérical épidermique qu'il était ne put s'empêcher d'ajouter : " Chez nous,  c'est simple, tous les cons vont au même endroit. C'est pour ça que c'est bondé. Prenez une exposition de plumes d'autruche. Vous faites venir le journal télévisé et vous pouvez être certains qu'ils y seront tous ! " Il se dit en lui même " Dumont calme toi ! Reste concentré sur la petite. Ne va pas me les déstabiliser..." 
Retrouvant le grand air du chemin des rondes qui permet de surplomber la totalité du territoire, il se mit alors à déclamer du Féval : « Le crépuscule se leva. Le Mont-Saint-Michel sortit le premier de l'ombre, offrant aux reflets de l'aube naissante les ailes d'or de son archange ; puis les côtés de la Normandie et de la Bretagne s'éclairèrent tour à tour. Puis encore une sorte de vapeur légère sembla monter de la mer qui se retirait et tout se voila, sauf la statue de saint Michel qui dominait ce large océan de brume. » 
Jiao s'en trouva bluffée. Une brise fraîche la caressa. Frissonnante, elle sembla se blottir tout prés de Dumont, qui en ressentit aussitôt les effets et promesses. 
- Il se fait tard et j'ai faim. Je vois que le restaurant du père Loupard est ouvert malgré l'absence de touristes. Que diriez vous d'une belle omelette et de quelques bolées avant de rentrer ? 
Il fixèrent interloqués leur avocat, mais de quoi s'agit-il ? 
- Comment ! Vous ne connaissez pas l'omelette du père Loupard ? 
Tandis que le monde pleure ses morts et qu'une terrible pollution humaine menace, Dumont et le couple suspecté d'avoir introduit le COMIC 19 en France, profitent ainsi de l'un des sites les plus remarquables grâce à un laisser-passer obtenu en haut lieu. Bientôt tout ce monde sera rappelé à de plus rudes réalités, mais il este encore quelques doux plaisirs à savourer. 
Mais est-ce que l'affaire est vraiment dans la Manche ? Vous le saurez bientôt surtout si vous connaissez vos départements par cœur. 

                               ______________________

Hamon... grand étonnement !


Il est bien rare que quatre personnes réagissent à la fois sur un même sujet de blog. Et je ne résiste donc pas à la tentation de démontrer, en publiant ces propos, que je ne suis pas seul, même si j'assume, m'accommode et me rassure même parfois de cette solitude. Et puis cela change des petites morsures que m'assène le rutilant Béo qu'il ne faut pas confondre pour autant avec le béotien. Nous ne sommes d'accord sur - presque - rien, mais c'est le Béo... mien ! Et pour en revenir, non à mes moutons mais à mon Hamon, merci à ceux qui ont pris le soin de prendre la plume pour confirmer mon sentiment.
J'en profite pour redire à ceux-là et d'autres, que mon blog est ouvert et qu'il suffit de m'adresser un mail (jaclarrue@gmail.com) tout en précisant que les propos tenus peuvent être partagés.

De Stéphane P. (La Valette) : " Merci mon Jaco de porter la parole de celui qui fut mon admirable perdant... Oui, je le reconnais, je roule en bm (d’occasion, je suis quand même pas assez con pour mettre 45000€ dans une voiture), mais j’admire profondément ce type qui est pour moi le seul véritable humaniste de la scène (que ce terme est affreusement bien adapté...) politique. Le seul à avoir voulu, et vouloir encore, croire en l’Homme (et la Femme, sinon on va me targuer de machisme) dans ce qu’il (elle) peut avoir de plus beau (belle... et merde à l’écriture inclusive!!!), dans une société qui nous pousse à un individualisme forcené... Il a eu le courage de prôner une vision de la société qui redonnerait un peu de fraîcheur et de lumière à cette devise que je trouve toujours aussi émouvante, malgré ce qu’en ont fait certains: liberté, égalité, fraternité... "


De Richard G. (Le Vésinet) : " Même si Hamon avait obtenu le soutien de Jadot et des écologistes - ce qui n'est pas le moindre exploit - la Bataille a été perdu parce que les égos sont plus forts que les convictions. Surtout à la France Insoumise. Vous l'avez écrit, si toute la gauche "conciliable" était partie unie elle aurait viré en tête du premier tour en 2017. Tout était possible ! Il faut croire que Benoît Hamon n'a pas eu la carrure suffisante. C'est dommage car pour moi aussi, c'était le bon. "


De Francis B. (La Réunion) : " Merci pour le lien, car ce matin je ne l'ai pas écouté. Pendant la dernière campagne présidentielle, le maire de la ville voisine, qui appelait à voter pour lui, l’avait invité. J'ai eu beaucoup de plaisir à l'écouter: il me semble que c'est un homme de convictions.... "


De Patrick L (Forcalqueiret) : " C'est marrant (ou pas) ! Je suis aussi tombé sur Hamon hier matin, et je n'ai pu m'empêcher de me dire qu'on avait raté une belle occase ! Ce qui, soit dit en passant, me rend l'ego de Mélenchon encore plus insupportable. Et si tu finis par devoir manger un âne, je viendrai d'aider. Et je boufferai peut-être le bât !"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire