mercredi 26 août 2020


Lui au moins, il marche sans bâton !





25.- DE L'OR EN BÂTON - Cette différence abyssale que j'évoquais tout récemment - je ne sais si vous avez suivi - y compris et souvent avec des proches de la famille et des amis, elle m'est pénible, à la limite du supportable, lorsqu'elle concerne l'argent. Je suis de ceux qui pensent que " l'argent c'est mal " dès lors qu'il s'accumule - et parfois se dissimule - inconsidérément chez certains et manque cruellement chez les autres. Un tel degré d'absurdité autant que d'injustice, me met en rage et il me semble légitime de cultiver cette révolte puisque n'ayant jamais chercher à "gagner", mais n'ayant pas davantage "manqué", je ne suis pas personnellement touché. Pas touché, mais concerné - consterné - et ceux qui ont encore le courage, l'inconscience, la patience, la curiosité, l'intelligence de me lire, n'en ont pas fini avec ce vieux thème récurrent mais hélas intact. Je trouve d'ailleurs que je n'en fais pas assez ou que je le fais mal, car j'ai vraiment l'impression d'avoir devant moi un lectorat - certes désertique - mais qui plus est, atone et pusillanime (l'emploi de ce mot n'est nullement prétentieux mais correspondant impeccablement au fond de ma pensée). 
Je dis souvent que la différence entre un mec de droite (ce qu'il y a de plus banal, courant - ou en Marche -  et donc désespérant) et un vrai type de gauche (ce qui est devenu extrêmement rare et qui m'est donc cher !) c'est que le premier se lève le matin pour savoir comment il va pouvoir gagner plus de pognon et si possible - pour que la journée soit vraiment radieuse - en niquant le plus grand nombre, tandis que le second va toujours se préoccuper de l'état de l'autre. De son prochain, comme disent les curés avec lesquels j'aurais bien fait un bout de chemin s'il ne s'agissait d'une engeance mystificatrice et donc méprisable qui ne vaut pas plus - et parfois pire - que les autres. 
On parle des Tapie, des Bolloré, des Niel, des Macron et toute une bande d'affreux, mais je voudrais bien tenir le pire de tous. Le génie du mal qui a enfanté ça. Je vais maintenant vous poser une colle. Hewolf, Attrac, Norstix, Abbey, Guidetti, Hicker, Costway, Giantex, PowRX, Tec Take, Royal K, Wanabi... selon vous qu'est-ce que c'est que ce galimatias-là - selon la prose de M. Jourdain - ? Ce sont douze des innombrables marques qui fabriquent et/ou commercialisent des bâtons de marche. Et encore je ne suis pas allé prospecté chez nos amis asiatiques qui doivent en avoir aussi à foison, des fabricants de bâtons. 
Oui parce que, je ne sais pas si vous avez remarqué, désormais pour marcher il vous faut des bâtons. Deux. Sans quoi évidemment c'est comme si vous ne marchiez pas. Je suppose d'ailleurs qu'à la République en marche chacun à son bâton... Non ! pas question. Vous ne ferez pas dire où ... 
Mais il est vrai que ces centaines, hélas même ces milliers de gens croisés sur l'Aubrac cet été, en avait bien l'allure... de trous de balle. Avec plus ou moins de style certes, mais trou de même ! 
Le Puy de Gudette, vous le savez, est certes le plus beau sommet du monde mais il ne culmine cependant qu'à 1427 mètres. Belle altitude pour l'organisme et la balade, mais qui ne nécessite pas pour autant de sortir les piolets, d'en appeler aux sherpas, ni donc de planter les bâtons, sauf lorsqu'on s'y pointe imprudemment un jour de tourmente. 
On me parlait aussi, non, on me rabattait les oreilles avec la marche nordique et même parfois finlandaise. Je m'attendais alors à voir déferler des gens affûtés, me doublant dans un grand courant d'air, me couvrant d'opprobre ou au moins de complexe. Mais c'est que tout l'été ce fut l'inverse. J'ai dépassé des centaines de bâtonneurs et  n'ai jamais  eu l'honneur d'être une seule fois devancé par l'un de ces marcheurs du grand nord. Il est vrai que la moyenne d'âge des usagers avoisinait les "soixante" et que beaucoup les avait franchi, plus ou moins allègrement, depuis une ou deux décennies. En sorte que les bâtons leur serve davantage à garder l'équilibre plutôt qu'à avancer. 
En réalité, ce n'est d'aucune utilité lorsqu'on veut faire de la randonnée sur l'Aubrac. Cette prolifération n'est que le fait d'une campagne de marketing parfaitement ciblée, au plus large aussi... sur les cons. Qui représentent et de très loin la plus grosse part du marché. Et du marcheur ! 
J'en ai même trouvé une paire sur CDiscount - qui ne constitue pas un support direct de Chanel ou Louis Vuitton - pour la nordique somme de 999 € ! Il s'agit parait-il des meilleurs bâtons possible en carbone. Mais enfin quand même, j'espère qu'à ce prix ils sont électriques et que les batteries sont fournies. 
Alors donc, si la vente de drogue fut lucrative, tout comme l'actionnariat dans les cliniques privées et les EHPAD, les mandats électoraux, la construction de rond-points et l'agroalimentaire, il me semble quasiment certain que ceux qui font le plus de pognon au monde, ce sont les fabricants de bâtons. Certes ils n'ont pas une vie devant eux, car les usagers vont vite trouver le gadget embarrassant et bien peu nécessaire à une saine activité de marche, mais les start-upper, les as du business, du process de mes fesses, tous les opportunistes de droite qui se lèvent le matin en se demandant comment ils vont bien pourvoir faire du fric sur le dos de millions d'idiots, ont toujours une longueur d'avance (comme les dopeurs du Tour de France). 
Je parie qu'à l'instant même, dans un soufflerie de Marne-La-Vallée, ils expérimentent une fusée à se visser directement (mais délicatement) dans le cul. Pour boucler une randonnée encore plus rapidement qu'avec des bâtons de marche...

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Dans le rouge 
avec mon Béo

Voici une rubrique assez particulière où je vous propose de relire un texte récent - terrible épreuve - heureusement contesté, raturé et rehaussé par la plume rubiconde, rubescente, parfois même flamboyante de mon Béo.  



23.- FIDÉLITÉ AU PASSÉ - Voyez tout de même comment les choses tournent étonnamment, parfois à l'inverse des aiguilles d'une montre. J'avais prévu ce soir de prendre le temps de chiader Macronique. Un soupçon, un iota, un tantinet, un brin de travail supplémentaire de réflexion, de recoupement, de projection sur ce que nous société reflète du présent et rejette du passé. Elle pompe tout, sans rien rejeter Je venais de lire sur un site d'info en continu pas plus brillant que ça, mais toute de même plus rigoureux, un intéressant dossier évoquant la possible exhumation de la semaine des quatre jours (et pas encore des quatre jeudis) et le toujours pertinent revenu universel de mon "ami" Benoît Hamon dont je ne me suis toujours pas relevé de la déculottée présidentielle (et lui non plus d'ailleurs). D'aucuns - dont je suis - en sont fort aise. Quand les utopistes confus, bafouilleurs et ténébreux parviennent au pouvoir, il est temps de songer à l'exil

 

Avant que de plancher et de suer sang et méninges, d'autant que la température en plaine (nous sommes plus de mille mètres en dessous de mon niveau de survie habituel) demeure étouffante en cette fin d'août, nous nous sommes rendus en visite de courtoisie chez de très anciens amis (de plus de quarante ans) qui ont absolument tenu à nous "garder à manger". J'aime beaucoup puiser dans ces expressions rustiques qui, quoi que d'inspiration idiomatique voire chaotique du patois local, veulent bien dire ce qu'elles cherchent à exprimer. très juste  Non qu'ils nous aient bouffés, ce qui ne leur aurait d'ailleurs procuré j'en suis sûr nul plaisir, quoique du Jaco rissolé des deux côtés pourrait affriander les anthropophages qui pullulent, dit-on, en Aubrac mais qu'ils nous servirent ce qu'ils avaient soustrait à l'avidité de leurs convives de la veille. Nous avons savouré des restes de foie gras, de jambon et de cochon de lait (s'il s'était s'agit de sanglier nous aurions parlé de cochon de laie) alors là, Jaco, on touche au su(idé)blime  et du coup, ce fut cérébralement parlant beaucoup plus reposant. rien ne détend, en effet, comme un gros plateau de cholestérol  C'est donc l'estomac qui ne s'y attendait pas qui fut sollicité, tandis que le cerveau qui avait commencé à jeter un peu de charbon dans la motrice, se mit spontanément et sans regret en roue libre... quand son propre génie débraye, quel repos !

Image supprimée par l'expéditeur.

Et pourtant, pensez-en ce que vous voulez, je ne suis pas certain qu'il y ait de meilleure sensation sur terre que de retrouver de vieux amis et de remonter le temps, sans avoir à produire d'efforts particuliers. lire ou relire à cet égard le délicieux "Ami Fritz" de MM. Erckmann et Chatrian :"Est-il rien de plus agréable, en ce bas monde, que de s'asseoir avec quelques vieux camarades…"
La mémoire n'en faisant, à notre âge, qu'à sa guise.
Agriculteurs bien installés dans la vie je n'avais pas, moi fils de petits bourgeois recalés, vocation à les côtoyer plus que ça puisque nous n'étions cousins qu'au troisième degré, ce qui même à Graulhet commence à faire éloigné. 
et, pour peu que vous en pinciez pour votre hôtesse, vous met à l'abri de toute consanguinité C'est Jacques Chirac qui a permis cette collusion subite si ce n'est brutale en 1977. Alors que le jeune gaulliste que je me repends d'avoir été, tiens, pourquoi ? avait formellement tourné le dos à ce jeune Rastignac de Corrèze après qu'il eut trahi "notre cher Chaban", je ne sais plus vraiment comment je me suis laissé récupérer. la trahison, en politique, relève de la bienséance Sans doute si j'avais été une jeune fille, aurais-je eu l'explication limpide tant Chirac dégageait un charme, un fluide, servi il est vrai déjà par une franche notoriété, par une belle allure et une attirance pour les femmes dont la légende prétend qu'il fit plus qu'en abuser !l'abus ne faisant pas le moine, il est bien naturel qu'aux rigueurs d'un enfermement chez les trappistes, cet autre Jaco ait préféré les charmes décadents de l'Elysée Enfin, tout jeune journaliste et - hélas - militant, je servis le champagne en tremblant au "grand homme" qui, s'il ne fut jamais que l'ombre de De Gaulle, l'ombre c'était Pompidou sut en s'épaississant s'attirer la sympathie de beaucoup, y compris de ses opposants. Et je lui en fus gré être de bon gré sur le chemin de la repentance politique n'empêche nullement que l'on en sache gré à qui de droit car cela me fit presque avoir raison alors que ce n'était pas forcément gagné... 

Du coup Marinette et Claude me prirent pour un gentil petit gars de droite. C'est chez eux que je passai ma nuit de noce - à laquelle je n'étais pas seul, mais je savais pouvoir compter sur leur discrétion... -, puis lui, devint le parrain de notre premier enfant, notre relation était soutenue, intense, affectueuse. là, Jaco, tu vas au-delà de Stendhal, on n'est plus très loin de Barbey d'Aurevilly

Il leur fallut un certain temps pour réaliser que le jeune "chiraquien" qu'ils avaient cru connaître, n'était qu'une espèce de libertaire, anarcommuniste, internationaliste.. Loin des "valeurs" du capital, du privé, du patriotisme et autres indignités humaines... Et je ne dis pas qu'il n'y a pas eu un peu de distance dans nos relations, parois même un peu de défiance, mais il me semble aussi que le souvenir de nos complicités illusoires, du joli temps passé où nous étions jeunes et beaux, enfin surtout jeunes, berce plaisamment l'instant présent et précisément celui que nous avons écoulé hier soir, au moment même où j'aurais dû plancher sur un modèle rêvé de société où l'on travaillerait moins, où l'on gagnerait moins - surtout les riches - où l'on consommerait encore moins - enfin surtout les mêmes- et où l'on apprendrait à se soucier un peu plus de l'autre en lui offrant tout  ce dont nous n'avons pas besoin et qui lui manque tant. ce prêchi-prêcha altermondialiste donne le frisson

De cette discussion que nous n'avons pas eu hier, car entre les souvenirs joyeux, l'inventaire de tous ceux que nous avons laissé sur le bord du chemin de la vie, de l'absence de toubibs pour soigner nos varices et quelques considérations essentielles sur la taille des melons et la cuisson du cochon, nous n'avons pas eu le moindre espace - mince alors ! - pour reconsidérer la société, ni entamer la reconstruction du monde. z'avez bien fait : surtout ne rien reconstruire, soyons de ces hommes qui rient dans les ruines sinon les cimetières

Et tandis que je me pense si éloigné de tout ce qui m'entoure et me contraint, alors que j'aspire au combat âpre pour reconquérir l'humanité, j'ai savouré hier soir l'immense bonheur de partager quelques heures de paix auprès de gens tellement différents. c'est le repos métaphysique de Jacquou Chirac dit le croquant : "Quant à moi, rassasié de jours et de nuits (…) je demeure immobile et j'attends la mort" (Eugène Le Roy)


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