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En attendant les futures élucubrations sportives destinées à anesthésier le bon peuple (Tour de France, Roland Garros, Tournoi de rugby, etc...), la défaite du PSG va nous offrir un peu de répit |
23.- FIDÉLITÉ AU PASSÉ - Voyez tout de même comment les choses tournent étonnamment, parfois à l'inverse des aiguilles d'une montre. J'avais prévu ce soir de prendre le temps de chiader Macronique. Un soupçon, un iota, un tantinet, un brin de travail supplémentaire de réflexion, de recoupement, de projection sur ce que nous société reflète du présent et rejette du passé. Je venais de lire sur un site d'info en continu pas plus brillant que ça, mais toute de même plus rigoureux, un intéressant dossier évoquant la possible exhumation de la semaine des quatre jours (et pas encore des quatre jeudis) et le toujours pertinent revenu universel de mon "ami" Benoît Hamon dont je ne me suis toujours pas relevé de la déculottée présidentielle (et lui non plus d'ailleurs).
Avant que de plancher et de suer sang et méninges, d'autant que la température en plaine (nous sommes plus de mille mètres en dessous de mon niveau de survie habituel) demeure étouffante en cette fin d'août, nous nous sommes rendus en visite de courtoisie chez de très anciens amis (de plus de quarante ans) qui ont absolument tenu à nous "garder à manger". J'aime beaucoup puiser dans ces expressions rustiques qui, quoi que d'inspiration idiomatique voire chaotique du patois local, veulent bien dire ce qu'elles cherchent à exprimer. Non qu'ils nous aient bouffés, ce qui ne leur aurait d'ailleurs procuré j'en suis sûr nul plaisir, mais qu'ils nous servirent ce qu'ils avaient soustrait à l'avidité de leurs convives de la veille. Nous avons savouré des restes de foie gras, de jambon et de cochon de lait (s'il s'était s'agit de sanglier nous aurions parlé de cochon de laie) et du coup, ce fut cérébralement parlant beaucoup plus reposant. C'est donc l'estomac qui ne s'y attendait pas qui fut sollicité, tandis que le cerveau qui avait commencé à jeter un peu de charbon dans la motrice, se mit spontanément et sans regret en roue libre...
Et pourtant, pensez-en ce que vous voulez, je ne suis pas certain qu'il y ait de meilleure sensation sur terre que de retrouver de vieux amis et de remonter le temps, sans avoir à produire d'efforts particuliers.
La mémoire n'en faisant, à notre âge, qu'à sa guise.
Agriculteurs bien installés dans la vie je n'avais pas, moi fils de petits bourgeois recalés, vocation à les côtoyer plus que ça puisque nous n'étions cousins qu'au troisième degré, ce qui même à Graulhet commence à faire éloigné. C'est Jacques Chirac qui a permis cette collusion subite si ce n'est brutale en 1977. Alors que le jeune gaulliste que je me repends d'avoir été, avait formellement tourné le dos à ce jeune Rastignac de Corrèze après qu'il eut trahi "notre cher Chaban", je ne sais plus vraiment comment je me suis laissé récupérer. Sans doute si j'avais été une jeune fille, aurais-je eu l'explication limpide tant Chirac dégageait un charme, un fluide, servi il est vrai déjà par une franche notoriété, par une belle allure et une attirance pour les femmes dont la légende prétend qu'il fit plus qu'en abuser ! Enfin, tout jeune journaliste et - hélas - militant, je servis le champagne en tremblant au "grand homme" qui, s'il ne fut jamais que l'ombre de De Gaulle, sut en s'épaississant s'attirer la sympathie de beaucoup, y compris de ses opposants. Et je lui en fus gré car cela me fit presque avoir raison alors que ce n'était pas forcément gagné...
La mémoire n'en faisant, à notre âge, qu'à sa guise.
Agriculteurs bien installés dans la vie je n'avais pas, moi fils de petits bourgeois recalés, vocation à les côtoyer plus que ça puisque nous n'étions cousins qu'au troisième degré, ce qui même à Graulhet commence à faire éloigné. C'est Jacques Chirac qui a permis cette collusion subite si ce n'est brutale en 1977. Alors que le jeune gaulliste que je me repends d'avoir été, avait formellement tourné le dos à ce jeune Rastignac de Corrèze après qu'il eut trahi "notre cher Chaban", je ne sais plus vraiment comment je me suis laissé récupérer. Sans doute si j'avais été une jeune fille, aurais-je eu l'explication limpide tant Chirac dégageait un charme, un fluide, servi il est vrai déjà par une franche notoriété, par une belle allure et une attirance pour les femmes dont la légende prétend qu'il fit plus qu'en abuser ! Enfin, tout jeune journaliste et - hélas - militant, je servis le champagne en tremblant au "grand homme" qui, s'il ne fut jamais que l'ombre de De Gaulle, sut en s'épaississant s'attirer la sympathie de beaucoup, y compris de ses opposants. Et je lui en fus gré car cela me fit presque avoir raison alors que ce n'était pas forcément gagné...
Du coup Marinette et Claude me prirent pour un gentil petit gars de droite. C'est chez eux que je passai ma nuit de noce - à laquelle je n'étais pas seul, mais je savais pouvoir compter sur leur discrétion... -, puis lui, devint le parrain de notre premier enfant, notre relation était soutenue, intense, affectueuse.
Il leur fallut un certain temps pour réaliser que le jeune "chiraquien" qu'ils avaient cru connaître, n'était qu'une espèce de libertaire, anarcommuniste, internationaliste.. Loin des "valeurs" du capital, du privé, du patriotisme et autres indignités humaines... Et je ne dis pas qu'il n'y a pas eu un peu de distance dans nos relations, parois même un peu de défiance, mais il me semble aussi que le souvenir de nos complicités illusoires, du joli temps passé où nous étions jeunes et beaux, enfin surtout jeunes, berce plaisamment l'instant présent et précisément celui que nous avons écoulé hier soir, au moment même où j'aurais dû plancher sur un modèle rêvé de société où l'on travaillerait moins, où l'on gagnerait moins - surtout les riches - où l'on consommerait encore moins - enfin surtout les mêmes- et où l'on apprendrait à se soucier un peu plus de l'autre en lui offrant tout ce dont nous n'avons pas besoin et qui lui manque tant.
De cette discussion que nous n'avons pas eu hier, car entre les souvenirs joyeux, l'inventaire de tous ceux que nous avons laissé sur le bord du chemin de la vie, de l'absence de toubibs pour soigner nos varices et quelques considérations essentielles sur la taille des melons et la cuisson du cochon, nous n'avons pas eu le moindre espace - mince alors ! - pour reconsidérer la société, ni entamer la reconstruction du monde.
Et tandis que je me pense si éloigné de tout ce qui m'entoure et me contraint, alors que j'aspire au combat âpre pour reconquérir l'humanité, j'ai savouré hier soir l'immense bonheur de partager quelques heures de paix auprès de gens tellement différents.
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