
27.- LA CRISE SUR LE GÂTEAUX - (20e épisode suite du 19 août) - Nous sommes le 31 mars et l'état du monde et du microcosme français, contraste infiniment avec la décontraction décontenançante (je sais ! ce mot n'existe pas et pourrait heurter les enfants, les profs de français et autres puristes. Vous pouvez le remplacer par déconcertante, mais comme de toute façon on va tous mourir...) de l'ambassade de Chine où l'honorable M. Li Tchi recevait encore hier jusqu'à fort tard, Me Dumont-Pourriti et ses deux protégées Liang et surtout Jiao sur laquelle il nourrissait quelques projets appétents. Tout cela par l'entremise de l'incroyable Kim, dont la tenue incandescente, simple combinaison en écaille façon seconde peau de la tête au pied, avait émoustillé le diplomate - faisant aussi vaciller ce grand connaisseur de Dumont - et qui, tout en humectant voluptueusement son cigare au fond d'une gorgée d'armagnac, avait signifié à l'intrigante qu'elle était bien consignée pour le reste de la nuit. Kim n'en manifesta aucun étonnement et pas plus d'indignation. Ce n'était pas le but premier de sa présence, mais tant qu'on y était... Cela eut le don de contrarier l'avocat qui, jugeant que la belle mais bien jeune Jiao n'était pas forcément prête, aurait aussi bien consommé ce fruit mûr et ouvert.
Enfin tout ceci relève entièrement du fantasme de l'auteur - malgré une tenue généralement irréprochable au moins en apparence -, car n'étant pas conviés à poursuivre la conversation, nous accompagnâmes les deux époux de Wuhan vers leur petit refuge moins douillet certes, mais dont ils ne pouvaient se plaindre, rue Dalloz.
"加入,你的窝我的小燕子" * souffla Dumont d'effluves chargées d'alcool, dans le coup de la douce Jiao. Elle partit alors d'un gloussement finalement sonore, que rejoint naïvement Liang qui ne voyait décidément rien venir.
- Chut s'énerva alors Dumont. Je vous ai déjà dit de ne pas rire en public, cela peut vous attirer de terribles ennuis. Et remettez vos masques, vous êtes vraiment inconscients ! lâcha t-il en laissant un peu de gomme allemande sur le pavé parisien en quittant cette rue mal éclairée.
Décidément la crise prenait un tour tragique dans notre pays où les premiers masques venaient effectivement d'arriver de Chine, mais où la prévention fut à ce point catastrophique que l'on comptait déjà 140 000 morts (dont 18 000 pour la seule journée d'hier). Ce déchaînement de rire dépassait tous les phénomènes jamais constatés parmi l'humanité et son histoire. Même la peste, la rougeole, la dysenterie n'avaient provoqué de tels ravages. Virologues, épidémiologistes, immunologues, ORL, comiques, politiques, policiers, tous dans un bel élan solidaire, faisant taire leurs dissonances, planchaient de Paris à Marseille, du mouvement anticapitaliste aux ultra-libéraux du président, de colloques en état major de crise et de grands débats nationaux en cabinets restreints. Même dans la Marine Nationale, écoutez bien, même au Rassemblement National, des militaires et des militants mouraient de rire. C'était à n'y rien comprendre. Tenez, et là je sais bien que vous n'allez pas me croire, il y avait dans certaines salles des gens qui s'écroulaient de rire lors des spectacles de Florence Foresti ou Muriel Robin ! In-com-pré-hen-si-ble.
A Rungis, le prix de la belle gambas s'effondrait car non seulement les acheteurs se faisaient plus rares, mais surtout il fallait de toute urgence stocker les cadavres de tous ces malheureux rieurs qui ne craignaient plus le rhume et pouvaient trouver dans la cryogénisation l'espoir d'un lendemain moins marrant, mais plus vivant. C'est le ministre de l'environnement qui avait obtenu cette réquisition afin d'éviter une saturation des sols et de terribles conséquences pour nos nappes phréatiques. " On dit que le rire est le propre de l'homme, avait-il argué à l'Assemblée, mais je crains qu'en la circonstance il ne provoque d'irrémédiables pollutions." Ce qui avait eu le don d'irriter les députés de l'opposition qui réfrènèrent tant bien que mal leur hilarité, mais virent dans la manœuvre, de possibles intentions malveillantes.
Car la psychose était telle que l'on était prêt à abattre un voisin, un collègue, un cousin, voire une sœur, suspectés d'avoir contracté le COMIC 19 et de nous en menacer.
A Versolier - je ne sais si vous étiez-là au tout début de ce récit -, un quidam vient d'être arrêté par la police du rire ( unité spéciale dont on ne connaissait jusqu'alors l'existence qu'en Russie et aux Émirats Arabes Unis). C'est une voisine acariâtre qui avait alerté les autorités.
- Monsieur l'agent, je n'ai jamais fais ça et j'ai horreur de la délation. Mais mon voisin d'en-dessus a rigolé une bonne partie de la nuit. Cela le prenait comme par crise. Il a ri jusqu'à au moins deux heures du matin, dénonça-t-elle au téléphone.
- Nous vous remercions, madame, pour votre civisme. M. Renatsac ou même le président Norcam vous remettront un médaille. On ne pourra venir à bout de ce fléau que grâce aux bons Français conscients du danger.
Intercepté par drone, interné au camp de Truchertersheim, l'inconscient promeneur de Versolier, avait néanmoins l'occasion inespérée d'expier ses pêchés en participant à un programme de recherche médicale contre le tromaranvirus. Le matin il devait tester une molécule censée stopper la progression du virus et le soir, recevoir une piqûre composée d'ADN de pangolin et de pipi de chauve-souris, prémisse d'un éventuel vaccin.
- Pourquoi teste t-on un vaccin sur lui s'il est déjà infecté ? s'étonna un infirmier.
- Celui-là a fait prendre des risques inouïs à la collectivité. Ce que l'on cherche à savoir c'est s'il résiste ou non à ces injections... précisa le chef de service.
Effaré, le praticien ne s'exécuta pas, mais eu la bravoure et même la bravitude d'aider le malheureux cobaye à s'évader du camp d'internés. Ils furent discrets mais leur tâche fut largement facilitée par le vacarme régnant partout dans l'établissement. Il fallut jongler bien sûr avec les caméras de surveillance et les chiens bergers alsaciens dressés pour débusquer les rieurs errants, mais l'infirmier maîtrisa parfaitement les obstacles et c'est sous une couverture, couché derrière les sièges que le fugitif fut ainsi soulagé d'un cauchemar qui, sans quoi, ne semblait pas prêt de s'achever.
L'ennui, c'est que le destin du sauveteur et du rescapé s'emmêlaient désormais et que leur vie allait basculer. Instantanément, l'infirmier en eut conscience. Il était jeune, sans charge de famille et peu convaincu du bien fondé de sa mission au camp. Pour tout dire, il lui semblait que dans cette structure médicale gérée par le ministère de la santé, tout manquait de transparence et d'humanité...
Ils roulèrent comme ça une bonne vingtaine de kilomètres pour se rassurer, puis enfin la voiture s'immobilisa sous une lisière protégée des regards.
- Merci, mille fois merci ! se précipita main en avant, le jeune homme de Versolier
- Oh ! doucement on va quand même se protéger. Vous n'avez pas l'air bien malade, mais vous étiez tout de même interné dans ce camp.
- Oui mais c'est que ...
- Bon, bon d'accord, montez on ne va pas traîner ici, vous me raconterez tout ça en roulant. Bienvenue à bord pour une drôle d'aventure, mais sans rire. Je m'appelle Florian...
- C'est pas vrai ? Moi aussi...
- Moi aussi, quoi ?
- Ben, je m'appelle Florian.
- Ça alors !
Bon ça vous suffit pour aujourd'hui ? C'est haletant quand même ! On avance guère c'est vrai, mais on a le temps, je n'ai pas prévu de publier ce roman avant deux ou trois ans. Jusque-là incapable d'écrire plus de deux cents pages, je rêve de jeter un pavé à la gueule d'un éditeur (six cents pages au moins). Mais vous qui en avez la primeur, ne vous plaignez pas : y a du suspense, des jolies filles, des gens louches, c'est presque du James Bond et je vous promets encore plein de surprises.
* " Rejoignez, votre nid ma petite hirondelle "
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Dans le rouge
avec mon Béo
Voici une rubrique assez particulière où je vous propose de relire un texte récent - terrible épreuve - heureusement contesté, raturé et rehaussé par la plume rubiconde, rubescente, parfois même flamboyante de mon Béo.
25.- DE L'OR EN BÂTON - Cette différence abyssale que j'évoquais tout récemment - je ne sais si vous avez suivi - y compris et souvent avec des proches de la famille et des amis, elle m'est pénible, à la limite du supportable, lorsqu'elle concerne l'argent. Je suis de ceux qui pensent que " l'argent c'est mal " dès lors qu'il s'accumule - et parfois se dissimule - inconsidérément chez certains et manque cruellement chez les autres. attention avec l'argent : on a vite tendance à moraliser et les bons sentiments tombent toujours à plat Un tel degré d'absurdité autant que d'injustice, me met en rage et il me semble légitime de cultiver cette révolte puisque n'ayant jamais chercher à "gagner", mais n'ayant pas davantage "manqué", je ne suis pas personnellement touché. bien envoyé et pourtant, à en croire Edmond Rostand et Cyrano, à la fin de l'envoi, je touche Pas touché, mais concerné - consterné - et ceux qui ont encore le courage, l'inconscience, la patience, la curiosité, l'intelligence de me lire, n'en ont pas fini avec ce vieux thème récurrent mais hélas intact. pour récurer (les âmes nobles) on n'a encore jamais trouvé mieux Je trouve d'ailleurs que je n'en fais pas assez ou que je le fais mal, car j'ai vraiment l'impression d'avoir devant moi un lectorat - certes désertique - mais qui plus est, atone et pusillanime (l'emploi de ce mot n'est nullement prétentieux mais correspondant impeccablement au fond de ma pensée). pour la pensée, on peut préférer, au fond, le relief
Je dis souvent que la différence entre un mec de droite (ce qu'il y a de plus banal, courant - ou en Marche - et donc désespérant) et un vrai type de gauche (ce qui est devenu extrêmement rare et qui m'est donc cher !) c'est que le premier se lève le matin pour savoir comment il va pouvoir gagner plus de pognon et si possible - pour que la journée soit vraiment radieuse - en niquant le plus grand nombre, tandis que le second va toujours se préoccuper de l'état de l'autre. d'où vient que l'on éprouve, en lisant ça, un léger besoin de tousser ? De son prochain, comme disent les curés avec lesquels j'aurais bien fait un bout de chemin s'il ne s'agissait d'une engeance mystificatrice et donc méprisable qui ne vaut pas plus - et parfois pire - que les autres. ça, Jaco, c'est un coup à se faire excommunier
On parle des Tapie, des Bolloré, des Niel, des Macron et toute une bande d'affreux, mais je voudrais bien tenir le pire de tous. Le génie du mal qui a enfanté ça. Je vais maintenant vous poser une colle. Hewolf, Attrac, Norstix, Abbey, Guidetti, Hicker, Costway, Giantex, PowRX, Tec Take, Royal K, Wanabi... selon vous qu'est-ce que c'est que ce galimatias-là - selon la prose de M. Jourdain - ? Ce sont douze des innombrables marques qui fabriquent et/ou commercialisent des bâtons de marche. Et encore je ne suis pas allé prospecté chez nos amis asiatiques qui doivent en avoir aussi à foison, des fabricants de bâtons. des gens pleins de mérite puisqu'ils ont fait, de simples piétons, de magnifiques maréchaux
Oui parce que, je ne sais pas si vous avez remarqué, désormais pour marcher il vous faut des bâtons. Deux. Sans quoi évidemment c'est comme si vous ne marchiez pas. Je suppose d'ailleurs qu'à la République en marche chacun à son bâton... Non ! pas question. Vous ne ferez pas dire où ... les suppliciés du pal comprendront
Mais il est vrai que ces centaines, hélas même ces milliers de gens croisés sur l'Aubrac cet été, en avait bien l'allure... de trous de balle. Avec plus ou moins de style certes, mais trou de même !
Le Puy de Gudette, vous le savez, est certes le plus beau sommet du monde mais il ne culmine cependant qu'à 1427 mètres. Belle altitude pour l'organisme et la balade, mais qui ne nécessite pas pour autant de sortir les piolets, d'en appeler aux sherpas, ni donc de planter les bâtons, sauf lorsqu'on s'y pointe imprudemment un jour de tourmente. 1427 mètres pour les gens des plaines, c'est l'Himalaya !

On me parlait aussi, non, on me rabattait les oreilles en arrière ? Jaco, parfois, on te rebattrait ! avec la marche nordique et même parfois finlandaise. Je m'attendais alors à voir déferler des gens affûtés, me doublant dans un grand courant d'air, me couvrant d'opprobre ou au moins de complexe. Mais c'est que tout l'été ce fut l'inverse. J'ai dépassé des centaines de bâtonneurs et n'ai jamais eu l'honneur d'être une seule fois devancé par l'un de ces marcheurs du grand nord. Il est vrai que la moyenne d'âge des usagers avoisinait les "soixante" et que beaucoup les avait franchi, plus ou moins allègrement, depuis une ou deux décennies. En sorte que les bâtons leur serve davantage à garder l'équilibre plutôt qu'à avancer. les grands bâtonniers du barreau sont toujours d'âge respectable
En réalité, ce n'est d'aucune utilité lorsqu'on veut faire de la randonnée sur l'Aubrac. Cette prolifération n'est que le fait d'une campagne de marketing parfaitement ciblée, au plus large aussi... sur les cons. Qui représentent et de très loin la plus grosse part du marché. Et du marcheur !
J'en ai même trouvé une paire sur CDiscount - qui ne constitue pas un support direct de Chanel ou Louis Vuitton - pour la nordique somme de 999 € ! Il s'agit parait-il des meilleurs bâtons possible en carbone. indestructible carbone : impossible ensuite de parler à bâtons rompus Mais enfin quand même, j'espère qu'à ce prix ils sont électriques et que les batteries sont fournies.
Alors donc, si la vente de drogue fut lucrative, tout comme l'actionnariat dans les cliniques privées et les EHPAD, les mandats électoraux, la construction de rond-points et l'agroalimentaire, il me semble quasiment certain que ceux qui font le plus de pognon au monde, ce sont les fabricants de bâtons. Certes ils n'ont pas une vie devant eux, car les usagers vont vite trouver le gadget embarrassant et bien peu nécessaire à une saine activité de marche, mais les start-upper, les as du business, du process de mes fesses, tous les opportunistes de droite qui se lèvent le matin en se demandant comment ils vont bien pourvoir faire du fric sur le dos de millions d'idiots, ont toujours une longueur d'avance (comme les dopeurs du Tour de France).
Je parie qu'à l'instant même, dans un soufflerie de Marne-La-Vallée, ils expérimentent une fusée à se visser directement (mais délicatement) dans le cul. Pour boucler une randonnée encore plus rapidement qu'avec des bâtons de marche...sidéral !
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