jeudi 6 août 2020

L'essor du béton varois (ici Solliés-Pont champion hors catégorie)


05.- LE BETON, Y A QU'ÇA DE VRAI ! - Lorsque j'arrivai dans le Var, au siècle dernier, il y a des années-lumières, je m'étonnai que le milieu, autant dire que les voyous du coin et des environs investissent tous dans le ciment. Certes, les semelles de béton destinées aux fortes têtes et aux pauvres traîtres, était très en vogues alors, mais enfin cela n'excédait pas quelques mètres cubes l'an. 
Ils étaient tout simplement plus intelligents que moi. Où nous n'avions pas la même. Il y a l'intelligence du cœur, des sens, des sciences, de la pratique et puis celle du pognon. Celle qui fédère et regroupe en quelque sorte, les banquiers, les cadres commerciaux, le patrons, bon nombre de politiciens d'avant comme du nouveau monde et donc, les truands. Voilà un moment qu'ils levaient le pied sur les trafics de filles, d'alcool, de cigarettes et même de drogue, sachant que l'état lui même allait finir par mettre son nez de dedans (Sarkozy en tête ...). Même le racket finissait par rendre ses victimes moins accueillantes à la longue ! 
Oui mais vous me direz, pourquoi le ciment ? Ni ça se fume, ni ça se boit ! Non, mais bandes de couillons que vous me faites dire, ça bétonne... Ah ! ça vous étonne ? Regardez. En moins d'un demi-siècle la population du littoral varois a doublée, passant de cinq cent mille au million. Il s'est trouvé que malencontreusement je me retrouve là, piégé et témoin de ce carnage socio-écologique. Y participant évidemment en construisant au beau milieu de ces grands espaces encore préservés entre Maures et mer. 
C'est pas compliqué, dans ce que l'on appelle la vallée du Gapeau, de la Farlède à Méounes et jusqu’à Cuers et La Crau nous sommes passés de moins de trente mille à plus de soixante mille ! De quelques pavillons individuels dans le lotissement des Fillols, les constructions se sont imbriquées par centaines dans la vaste plaine irriguée où prospéraient les figuiers. Au chausse-pied ils les ont casées les baraques. Et combien de marins, - mais pas les capitaines, qui préféraient Six-Fours ou Le Pradet - sont partis joyeux s'entasser-là, fier de leur petite propriété et toujours au garde-à-vous ?
Mais c'était avant ! Désormais, tandis que le foyers aisés grignotent avec la complicité d'élus aux bienveillances libérales, les pentes des collines (Faron, Coudon, Sollies-Ville et compagnie), substituant quelques vieux arbres issus de la Résistance à des baraques prétentieuses ou piscine et climatisation sont les deux mamelles de la vanité et de la vacuité humaine, d'autres programmes immobiliers se chargent d'occuper les dernières zones disponibles. 
Désormais c'est vers Néoules, La Roquebrussane, Carnoules qu'on les parque dans d'improbables maisonnettes - toujours avec la kitchenette et la piscinette -, ce qui fait qu'ils passent deux heures dans les bouchons et dans deux voitures différentes et polluantes vu que même s'ils se la pètent un peu, ils n'ont pas un rond pour se payer quelques chose de correct. Il n'y a que le week-end où ils vont dans la même bagnole minable pour acheter plein de trucs à Ikaka... 
Mais revenons à ma préférée, Solliès-Pont qui, dans la caricature cauchemardesque du bétonnage à tout va, est probablement la championne hors catégorie. Il y avait encore entre les lotissements concentrés vers Hyères et le Gapeau, quelques beaux champs de figuiers les pieds dans l'eau bien servis par le canal de Provence, un petit espace de respiration mentale. Et puis aussi sur la voie de contournement dans la zone commerciale, quelques coins préservés. Je viens d'y repasser. C'est fini ! Partout les pelles, les bulls, les grues tournent, virent, creusent et défoncent. Et plus vite que ça ! Il s'agit d'être prêts pour la rentrée. Car certes on va couler des tonnes et des tonnes et encore des tonnes du fameux ciment entre deux planches pour en faire des murs irrespirables sous le feu d'un soleil qui les emportera tous - c'est la morale de cette chronique avant l'épilogue -, mais il faut aussi construire au centre de ces cages à gogos : la crèche, la maternelle et le supermarché - Lidl ou Aldi de préférence -. Afin que les bobonnes et leurs bêtas laissent le matin leurs marmots pour aller bosser - ou faire semblant - et puissent le soir s'arrêter faire leurs courses tout près de chez eux. Vachement commode pour attacher la peuplade à son piquet, libérée seulement le week-end, pour aller passer la journée avec les petits, soit au centre commercial de La Valette, soit  à la fête du boudin à Bargemon. Le soir ils retrouveront leur petite place privative pour leur wolksvagen, car le promoteur à même prévu un parking pour chaque logement. 
Non mais franchement ça vous fait pas rêvé tout ça ? C'est-y pas bien foutu la vie ? On peut même sortir sur le balcon avec vue sur le parc de 50 mètres carré. Les plus chanceux apercevront même l'autoroute, car c'est bien de l'entendre, mais si en plus on peut la voir ! C'est ainsi que vivent béatement ces électeurs centristes contents de leur sort, au jardin des Hespérides, aux terrasses d'hélianthe, sur les restanques de Jupiter, au paradis d'Hélios, sur le vallon de Vénus, ou les résidences d'Aphrodite... 
Il y avait aussi le tonneau des Danaïdes ou le mythe de Sisyphe, mais même avec un commercial sur-roué, c'eût été plus compliqué à caser !

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