mardi 18 août 2020

 



17.- PIRE QUE LES ALPES ET LA COSTA BRAVA !  J'avais fondé énormément d'espoirs sur sa majesté COVID 19. Celle qui règne sur le monde avec, il faut bien l'admettre, un luxe de cynisme et de constance. Elle ne nous a pas encore imposé de nous balader une plume dans le cul, mais avec un masque sur le pif. Et si je ne sais quel serait le degré de satisfaction si on imposait la première évoquée à tout un chacun, il semblent bien que le second complaise déjà largement. Ainsi tous les moutons avancent désormais marqués et ça bêle fort. Belle réserve électorale pour le futur candidat Macron ! Et encore, ceux-là sont comme ils sont, faibles d'esprit mais on a toujours composé avec. Il y a les autres, les ordures. Ceux qui vous fusillent du regard, qui vous engueulent et parfois vous dénoncent, si vous ne porter pas votre étoile jaune du moment.
Je n'avais pas réfléchi, en me réjouissant du bordel que ce bon petit virus, dont la vocation première n'était pas si mauvaise, puisqu'il s'agissait de rajeunir les effectifs - chose que la canicule est devenue incapable d'accomplir - allait ainsi nous contraindre à marcher masqués, autant dire au pas. Mais bon, seul ce signe distinctif, nous distrait un brin de cette habitude qu'ont nos compatriotes de faire là où on leur impose de faire. 
Ce que j'ignorais en frappant dans les mains, non pour encenser les soignants, mais pour glorifier l'attaquant, c'est que cela allait m'emmener devant le nez (enfin derrière le masque), tous les cons que j'avais enfin réussi à fuir au bout de quarante ans et depuis seulement trois étés ! Car il faut que je vous le dise, avec toute la gravité que la situation impose, ils m'ont retrouvé. Les parvenus, les bobos, les beaufs, les bidochons se sont rués comme un seul homme sur la Lozère. Un temps je me suis dit, tiens ! ils ne considèrent plus que c'est le trou du cul de monde, peut-être même qu'ils se sont dit que finalement à 1500 mètres c'était de la haute plaine et que ça pouvait être aussi sympa que la haute montagne à 800 mètres à Morzine ou Chamonix... Et que c'était très beau, justement cette montagne où l'on voit loin devant, où l'horizon vous donne aussi des perspectives, un goût d'avenir.
La Margeride, les Cévennes, l'Aubrac enfin réhabilités.
Alors très vite j'en suis revenu. Parce que les touristes, quand ils débarquent ils font pas les choses à moitié. Ils débarquent ! Le D'Day à côté c'était un petit défilé de province, un monôme estudiantin. Qu'ils soient de Paris, de Bretagne, d'Alsace, de Bordeaux où de Grenoble, les habitués de la Costa Brava, de la Côte d'Azur, de Sète et de l'île de Ré, c'est sur mes pieds et nulle part ailleurs qu'ils ont posé leur valise. J'en avais déjà mal au gros orteil et à la tête. Surtout lorsque je me projetais vers cet hiver.
D'ici, me disais-je, à ce que les habitués de Megève, de Val d'Isère, des Arcs et des Deux Alpes ne débarquent avec leurs gros tanks audi et BMW, d'où descendraient les premiers de cordée, suivi d'une demi-douzaine de merdeux et leur maman entièrement remplumée au biotox, cet hiver à la Station du Fer à Cheval ! C'est pour le coup que le père Cariou, Angélique et Benoît risquent d'être alors rapidement surmenés.
Enfin, toujours est-il que n'en pouvant plus de tout ce monde, me disant même que je les aurais bien échangé contre ces traînées d'avion qui flagellaient le ciel comme une punition, je n'en étais pas moins bluffé par l'intérêt que portaient les envahisseurs à mon pays. Certes j'en été aussi responsable, tant j'avais youtubé ce territoire à tort et à travers, mais ce n'était rien en regard des ravages qu'avaient pu perpétrer l'affreux Pernaud (el) et son encyclique de 13 heures, les racines et les ailes, Julie et ses carnets, le Jour du seigneur et va-t-en voir quoi, pourvu que cela vienne de la téloche ou des résos  !  Jusqu'à ce que mon épouse qui perd encore son temps dans quelques journaux locaux, ait la révélation et me mette dans la confidence de la réalité des choses. C'est, me dit-elle, parce que la Lozère est le département qui fut le moins touché par le virus qu'ils sont tous venus se réfugier chez nous. Un peu comme en quarante avec la zone libre...
Si le département le plus sûr pour passer les vacances avait été la Mayenne, l'Aisne ou la Meurthe et Moselle, ils auraient été déposer le papier souillé de leurs enfants dans des forêts improbables, trempé leur cul flasque dans les eaux du Bréménil, de l'Isle ou de la Bionnière, visiter le conservatoire des papillons de Château-Gontier, la manufacture de tapisseries de Saint-Gobain ou le musée des fonderies de Pont-à-Mousson...
Las, c'est sur mes pieds qu'ils ont posé leurs valises. J'étais content pour Bastide pardi. Mais quand même ! On ne trouvait plus un trou dans le Bés sans que dix cons s'y lavent les couennes ; plus un coin de route sans que les voitures s'y plantent au beau milieu, sans clignotant ni excuse ; plus un chemin vierge de gamins gueulants, de halos de poussière et de papier gras. J'ai vu des troupeaux de vaches affolés, des milans royaux perdre leurs repaires et des taillis de framboisiers anéantis en quelques heures.
La Lozère, l'Aubrac fantasmé un demi-siècle et démystifié en deux mois ! Et me voici en quête, éternel voyageur - insatisfait suggéreront les amis libéraux tellement rassurés par tout ça - d'un nouveau coin perdu, haut perché et si possible inaccessible. Sauf au coronavirus, qui sera toujours le bienvenu...
Mais enfin, s'il y a une justice, M. Moretti, l'année prochaine ils s'en iront ailleurs ! Car avec le monde qui s'est croisé trois mois durant, dans les couloirs d'hôtels, les salles de restaurants, les douches de campings et le lit des ruisseaux et chemins, se serait bien le diable que ce virus ne se soit pas insinué sous quelques masques.
Sans quoi il tomberait encore un peu plus en mon estime... 

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Dans le rouge 
avec mon Béo

Voici une rubrique assez particulière où je vous propose de relire un texte récent - terrible épreuve - heureusement contesté, raturé et rehaussé par la plume rubiconde, rubescente, parfois même flamboyante de mon Béo.  


 

05.- LE BETON, Y A QU'ÇA DE VRAI ! - Lorsque j'arrivai dans le Var, au siècle dernier, il y a des années-lumières, je m'étonnai que le milieu, autant dire que les voyous du coin et des environs investissent tous dans le ciment. le mitan toulonnais - riche de très beaux caractères - a toujours eu du discernement et le sens des économies. Ainsi, en entrant dans la carrière, les jeunes caïds autochtones, sachant qu'ils mourront jeunes, se dispensent toujours de cotiser pour la retraite Certes, les semelles de béton destinées aux fortes têtes et aux pauvres traîtres, était très en vogues alors, mais enfin cela n'excédait pas quelques mètres cubes l'an. auxquels il faut quand même ajouter quelques lourdes gueuses de fonte spéciale marine 

Ils étaient tout simplement plus intelligents que moi. Où nous n'avions pas la même. Il y a l'intelligence du cœur, des sens, des sciences, de la pratique et puis celle du pognon. Celle qui fédère et regroupe en quelque sorte, les banquiers, les cadres commerciaux, le patrons, bon nombre de politiciens au pied du Farondepuis Marius Escartefigue, tutélaire parangon de vertu, les politiciens sont d'une pureté de lis d'avant comme du nouveau monde et donc, les truands. Voilà un moment qu'ils levaient le pied sur les trafics de filles, d'alcool, de cigarettes et même de drogue, sachant que l'état lui même allait finir par mettre son nez de dedans (Sarkozy en tête ...). Même le racket finissait par rendre ses victimes moins accueillantes à la longue ! on se lasse des meilleures choses…

Oui mais vous me direz, pourquoi le ciment ? Ni ça se fume, ni ça se boit ! Non, mais bandes de couillons que vous me faites dire, ça bétonne... Ah ! ça vous étonne ? Regardez. En moins d'un demi-siècle la population du littoral varois a doublée, passant de cinq cent mille au million. tous des masochistes ! Il s'est trouvé que malencontreusement je me retrouve là, piégé et témoin de ce carnage socio-écologique. Y participant évidemment en construisant au beau milieu de ces grands espaces encore préservés entre Maures et mer.enfin une confession !

C'est pas compliqué, dans ce que l'on appelle la vallée du Gapeau, de la Farlède à Méounes et jusqu’à Cuers et La Crau nous sommes passés de moins de trente mille à plus de soixante mille ! De quelques pavillons individuels dans le lotissement des Fillols, les constructions se sont imbriquées par centaines dans la vaste plaine irriguée où prospéraient les figuiers. Au chausse-pied ils les ont casées les baraques. Et combien de marins, - mais pas les capitaines, qui préféraient Six-Fours ou Le Pradet - sont partis joyeux s'entasser-là, fier de leur petite propriété et toujours au garde-à-vous ? on en connaît qui, aujourd'hui encore, ne donneraient pas leur place pour un château de la Loire. On les sait même capables de préférer leur petit Coudon à tous les Apennins et l'air marin à la douceur angevine

Mais c'était avant ! Désormais, tandis que le foyers aisés grignotent avec la complicité d'élus aux bienveillances libérales, les pentes des collines (Faron, Coudon, Sollies-Ville et compagnie), substituant quelques vieux arbres issus de la Résistance à des baraques prétentieuses substituer de vieux arbres à des vilaines constructions c'est en somme une réussite écologique, Jaco ! De quoi te plains-tu ? ou piscine et climatisation sont les deux mamelles de la vanité et de la vacuité humaine, d'autres programmes immobiliers se chargent d'occuper les dernières zones disponibles. 

Désormais c'est vers Néoules, La Roquebrussane, Carnoules qu'on les parque dans d'improbables maisonnettes - toujours avec la kitchenette et la piscinette -, ce qui fait qu'ils passent deux heures dans les bouchons et dans deux voitures différentes et polluantes vu que même s'ils se la pètent un peu, ils n'ont pas un rond pour se payer quelques chose de correct. on y respire quand même mieux que rue Chevalier Paul ou à l'ombre des tours de Berthe ! Il n'y a que le week-end où ils vont dans la même bagnole minable pour acheter plein de trucs à Ikaka... 

Mais revenons à ma préférée, Solliès-Pont qui, dans la caricature cauchemardesque du bétonnage à tout va, est probablement la championne hors catégorie. Il y avait encore entre les lotissements concentrés vers Hyères et le Gapeau, quelques beaux champs de figuiers les pieds dans l'eau bien servis par le canal de Provence, un petit espace de respiration mentale. Et puis aussi sur la voie de contournement dans la zone commerciale, quelques coins préservés. Je viens d'y repasser. C'est fini ! Partout les pelles, les bulls, les grues tournent, virent, creusent et défoncent. Et plus vite que ça ! Il s'agit d'être prêts pour la rentrée. Car certes on va couler des tonnes et des tonnes et encore des tonnes du fameux ciment entre deux planches pour en faire des murs irrespirables sous le feu d'un soleil qui les emportera tous - c'est la morale de cette chronique avant l'épilogue -, mais il faut aussi construire au centre de ces cages à gogos : la crèche, la maternelle et le supermarché - Lidl ou Aldi de préférence -. A nous, gilets jaunes ! Jaco nous fait du racisme anti-périphérie Afin que les bobonnes et leurs bêtas laissent le matin leurs marmots pour aller bosser - ou faire semblant - et puissent le soir s'arrêter faire leurs courses tout près de chez eux. Vachement commode pour attacher la peuplade à son piquet, libérée seulement le week-end, pour aller passer la journée avec les petits, soit au centre commercial de La Valette, soit  à la fête du boudin à Bargemon. un must ! Le soir ils retrouveront leur petite place privative pour leur wolksvagen, car le promoteur à même prévu un parking pour chaque logement. 

Non mais franchement ça vous fait pas rêvé tout ça ? Ben, on pourrait ne pas trouver ça si affligeant. Au fond c'est la provincialisation tardive d'un vieux rêve de Parisien qui, la retraite venue, s'achetait une "villa Sam Suffit" en Seine-et-Marne et s'y sentait tout près des dieux C'est-y pas bien foutu la vie ? On peut même sortir sur le balcon avec vue sur le parc de 50 mètres carré. Les plus chanceux apercevront même l'autoroute, car c'est bien de l'entendre, mais si en plus on peut la voir ! C'est ainsi que vivent béatement ces électeurs centristes contents de leur sort, au jardin des Hespérides, aux terrasses d'hélianthe, sur les restanques de Jupiter, au paradis d'Hélios, sur le vallon de Vénus, ou les résidences d'Aphrodite... Au moins, ces promoteurs immobiliers connaissent la mythologie

Il y avait aussi le tonneau des Danaïdes ou le mythe de Sisyphe, mais même avec un commercial sur-roué, c'eût été plus compliqué à caser ! Jaco, ton "commercial sur-roué, si plaisante trouvaille, te vaudra l'indulgence plénière de tes lecteurs


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