mardi 4 août 2020







03.- LE CASTELLET, C'EST DU CHAUD BUSINESS - Je n'aimais pas tout dans le Var, sans doute parce que n'étant pas de là, je ne m'y sentais pas chez moi. Lorsqu'on vient y passer quinze jours en été, voire même en visite dans la famille, cela ne porte guère à conséquence, mais lorsqu'on y passe presque trente-cinq ans, cela finit par devenir gênant. 
Maintenant que je m'en suis enfui, défait, débarrassé j'y reviens en revanche bien volontiers pour embrasser mes enfants. Et tout ce qui m'insupportait dans le paraître, l'esbroufe, la suffisance, la défiance de ces gens, prête franchement désormais à sourire et à s'esclaffer. 
Certes, en homme solidaire, consciencieux, amical je pense à tous ceux qui me sont chers et qui restent là. Mais enfin à la réflexion, puisqu'ils n'en sont pas partis et n'ont même jamais manifesté la moindre velléité de le faire, c'est qu'ils y sont bien, les cons. Enfin, quand je dis "les cons" c'est à la toulousaine, comme j'aurais aussi bien écrit "les conos" ! Mais enfin je ne vais pas les assimiler aux autochtones toulonnais, ou qui le sont pour la plupart devenus par simple consentement, ces centaines de milliers de Bretons, Corses, Italiens, Pieds-noirs, peut-être même Aveyronnais ou Tarnais, qui pensent avec leur cul, dans la piscine et qui s'ébaudissent : " Il fait beau, y a le soleil et la mer..." 
Et oui le soleil et la mer, voici l'alfa (romeo) et l'omega (zénith) de l'existence. Que la planète soit à feu et à sang, que soixante-dix pour cent de l'humanité crève de faim, de soif, de chaud, de froid, dites-le avec moi : ON S'EN CAGUE ! Surtout si en plus le RCT y gagne ! Ici la droite rassemble quatre-vingt pour cent des suffrages et on en comprend bien la cause. 
Non je vous assure, ce cerveau reptilien par lequel les gens d'ici se reconnaissent - et se reproduisent -, n'a plus l'heur de me déplaire. Je m'amuse au contraire à le redécouvrir sans avoir, surtout, à le subir. Mais enfin parfois, on se laisse surprendre. Un instant d'inattention, une spasmodique tentation et hop, vous revoici plongé dans l'enfer du Var... 
Le Castellet. En un peu plus de trois décennies l'idée ne m'était jamais venue de rallier ce village trop ostensiblement planté sur cette colline faisant front, de l'autre côte de l'autoroute, à la Cadière. Le Castellet c'était aussi le nom générique d'un circuit automobile, autre concentration d'un paquet de débiles n'ayant d'yeux que pour la jupe d'une ferrari, la culasse d'une porsche, les jantes - pas très féminines - d'une audi. 
Je n'y allais pas volontiers et je n'ai pas été déçu. Seulement voilà !  Madame - la mienne - sniffe autant qu'elle les kiffe, des parfums d'ambiance de la marque Galéjade. Je dois reconnaître que depuis que nous utilisons dans nos WC cette brume " lait de figue - vanille bourbon " ou encore "ambre précieux" un bijou de parfum, j'entre plus facilement dans cette pièce exiguë et j'en ressors aussi plus rassuré. Car elle est bien couvrante la Galéjade, certes elle revient six fois plus cher que l'airwick muguet mais la différence, c'est qu'elle emprisonne l'odeur pourchassée, au lieu de s'y superposer avec parfois un esprit de compétition digne d'un Varois sur un vélo ou dans les tribunes de Mayol. 
Nous avons donc fini par y monter au Castellet. Où, de la moindre pierre ciselée au petit banc sous les micocouliers, en passant par les terrasses, les marchands de glaces, les petites boutiques de souvenirs et les galeries d'art façon Montmartre, tout est grossièrement - y compris dans tout ce qui se veut le plus sophistiqué - voué à la captation de carte bleue. Le pompon étant détenu, outre la restauration qui assure une très mauvaise qualité dans de très belles assiettes, par les magasins de fringues. Qui, dites moi qui, résisterait à une petite robe imprimée, un bermuda "tartine et Chocolat", un tee-shirt marinière.. Le tout à trois fois le prix d'en-bas ? Aussi, je n'avais que rarement assisté à une telle concentration de cucul la praline en chemise Lacoste, des gens jeunes ou vieux, de sexes différents, beaux ou moches peu importe, dans le regard desquels on percevait sans peine, l'illumination des rayons de soleil du matin et quelques vaguelettes étoilées au couchant. Des idiots ! 
Moyennant quoi, monnayant pas mal aussi quand même, ils se baladaient tous en couples nonchalants, éventuellement flanqués de quelques merdeux hurlants, arpentant les venelles proprettes destinées à la contemplation transpirante d'une noria de "champions" du dimanche après-midi et jours fériés. 
Sous les sifflets de milliers de cigales qui avaient bien saisi que je n'étais pas de ce bord-là, j'ai regagné ma bagnole transformée en autocuiseur. Je devais ressembler à un choux fleur cuit à la vapeur lorsque je me suis évadé de ce piège à électeur du MODEM me laissant glisser vers Le Beausset et Ollioules, toujours conspué par d'autres cigales... Avec son sac débordant de flacons d'ambiance au pain d'épices, de pignes de pin et lavandes folles, mon épouse - qui n'a d'ailleurs rien contre Bayrou - chantonnait, jubilant dans son jus. Quant à moi, je me consolais en pensant que cela aurait pu me coûter quatre euros de plus. Car le parking au Castellet, c'est quatre euros ! Que vous vous prosterniez au pied de Notre Dame de la Transfiguration avant d'entamer une procession de quatre heures avec étape dans chaque échoppe ou que vous vous enfuyez au bout d'un quart d'heure, c'est quatre euros.
Mais ce jour là, un "marcel jaune" voire même un "black blog" (mais c'était pas moi !) avait forcé la barrière pour la laisser libre d'accès. Si bien que même ceux qui venaient de laisser un max d'oseille dans le business local, évitèrent la quête, enfin le racket final, se faufilant subrepticement sous la barrière libre... 
Et moi avec ! La vie est belle, quoi qu'en crissent les cigales...



"Drôles" de nouvelles

  • Trump veut interdire l'application "tik-tok" aux Etats-Unis sous prétexte que ses promoteurs sont Chinois. C'est peut-être surtout que ce "toc-toc" ne supporte pas la concurrence. 

  • Juan Carlos l'ex-roi d'Espagne connu pour ses frasques et notamment ses qualités de "tireurs" y compris sur les hippopotames d'Afrique, est également soupçonné de corruption. C'est pour cette raison qu'il a décidé de quitter l'Espagne, dans le but dit-il de ne pas nuire à son héritier Felipe VI. Dans doute Carlos va t-il demander asile, voire même un trône à l'un de ses nombreux copains d'Afrique? Un trône ou un poste de chasse. 

  • Tedros Adhanom Ghebreyesus (je m'y suis repris à trois fois pour l'écrire !) l'actuel patron de l'organisation Mondiale de la Santé (OMS) prévient qu'il n'y aura peut-être jamais de vaccin idéal contre la COVID 19. Une bonne nouvelle pour les dictatures libérales. Dont la nôtre où un président très mal élu mais détenant tous les pouvoirs, pourrait nous maintenir sous muselière dans les lieux clos, mais aussi dans tous nos faits et gestes jusqu'en 2022. En espérant évidemment très fort la COVID 23, 24 ... 30 et même 40 (il n'aura que 60 ans et aura bien trouvé, grâce à la PMA, un bel héritier !)  

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Dans le rouge 
avec mon Béo

Voici une nouvelle rubrique assez particulière où je vous propose de relire un texte récent - terrible épreuve - heureusement contesté, raturée et rehaussée par la plume rubiconde, rubescente, parfois même flamboyante de mon Béo.  


31.- L’EMBRASSADE DE CHINE - Ténor Médor serait mieux indiqué car ce maître, le plus souvent,  aboie du barreau de Paris, Me Dumont-Pourriti était aussi un traînard du quartier chinois. On peut l’y croiser à des heures indues aussi bien que sur son temps de travail, évoluer en toute aisance. Parfois en charmante plaisance. On peut certes l'y croiser mais, en raison de l'ictère jaunissant ses abajoues, il passe souvent inaperçu parmi les Asiatiques qui pullulent à Maison Blanche

Car entre règlements de comptes - histoires de pognon donc –, de trafics de drogue et de rouleaux de printemps, affaires de mœurs et de cuisine indigeste, il pourrait combler, rien qu’ici, un agenda digne d’un ministre. Cependant, malgré ce goût prononcé pour l’exotisme, il éprouve parfois le besoin de rejoindre son havre de l’île de la Cité et de humer les parfum suave de la bobosphère, dans laquelle il s'est aussi taillé une belle clientèle. l'épithète "belle" doit s'admettre ici dans toute sa relativité car elle se substitue en fait à l'adjectif "riche"

Réputé, voire même très estimé dans le XIIIe arrondissement, son aura lui valait également une cour féminine susceptible de faire baver d'envie quelques chanteurs populaires et autres charmeurs de haut-niveau ( et caniveau)"On voit des biches qui remplacent leurs beaux cerfs par des sangliers". Ainsi, consentait-il parfois quelques ristournettes aux estants en mal d’argent, surtout si une ritournelle promettait d’être entonnée au septième ciel. Il s’était notamment constitué une petite avance sur frais avec l’épouse du pauvre Anti Muong, le chef de la Pagode en Goguette, établissement réputé du boulevard des Maréchaux, subitement en disgrâce après qu’il eut été soupçonné de mettre en œuvre du rat, là où seul le renard et le blaireau étaient censés mijoter en duo. le rat est indispensable dans la bouillabaisse cantonaise Mme Muong ne manquait pas de distinction, y compris dans la répartition de ses appâts. Mais si elle n’avait pas atteint encore la limite d’âge, le magistrat non pas, un simple auxiliaire de justice affectionnait plus volontiers de sortir l’hermine devant d’appétantes gamines.

Le lendemain comme il s’y était engagé, Dumont-Pourriti gara son coupé allemand et ses cylindres en lignes ronronnants comme une portée de jeunes tigres fougueux, devant la brasserie Le Temple du Chiang-Su, honorée par tous les guides gastronomiques d’Europe. C’est là qu’il avait fixé rendez-vous aux jeunes voyageurs de noce, afin essentiellement de ne pas se compromettre dans la miteuse rue Dalloz et ne pas exposer sa mercedez à quelques rayures iconoclastes.il aurait pu choisir une voiture déjà rayée car il existe un modèle haut de gamme, la Mercédès pyjama, spécialement dédié à la bourgeoisie africaine des régions où sévit la mouche tsé-tsé

Attablés devant un thé blanc du Fujian, Dumont prit place face à Jiao, Liang est à côté. Après avoir soustrait le couple de sa garde à vue, sans avoir à puiser dans son talentueux arsenal d’arguties et rhétorique, il comprenait d’instinct qu’il allait lui falloir flirter avec le sublime, composer même au besoin avec Lucifer, pour obtenir l’alitement de l’accorte asiatique. Mais il était résolu et ce défi provoquait en lui une poussée d’adrénaline équivalente au moins aux grands procès les plus médiatiques où il lui fut donné de plastronner. l'excellent plaideur plastronnait déjà lorsque, jeune stagiaire, il était commis d'office dans de minables procès de correctionnelle

Il la fixa intensément. Pénétrant aussi loin que possible son regard comme pour l’hypnotiser, la subjuguer et si possible dès la première offensive, la marquer, la séduire. Lui, avait des yeux noirs, certes impressionnants mais dépourvus de charme, qui plus est cernés par deux énormes valises qu’il, entre deux voyages, ne semblait jamais poser. Tout était prémédité, mais il privilégia le silence, comme s’il cherchait par où commencer. Baissant les yeux d'une fausse pudeur habilement équivoque, il les redressa d'un bond lorsqu’il déclama, appliqué mais toujours sûr de son fait, cette tirade sur laquelle il avait passé une partie de la matinée: « Nín de yǎnjīng jiù xiàng yīgè mèng, jiù xiàng qīngchén zài yùyuán lǐ de tǔdòu yīyàng».on allait le dire…

Tandis que Jiao demeura un instant figée dans ce regard embarrassant, Liang partit dans un grand éclat de rire et c’est lui qui se chargea de remettre le plaideur à sa place. Libéré de l’étreinte paralysante, Jiao en pleurait de rire. Son époux expliqua à l’avocat qu’il avait dit « corvée de patates » et que cela n’avait pas de sens. Un petit cours de vocabulaire et de prononciation plus tard, Dumont un moment vexé, renouvela son credo, redoublant d’application et d’émotion feinte : "Nín de yǎnjīng jiù xiàng yīgè mèng, jiù xiàng qīngchén zài yùyuán lǐ de mòlìhuā yá!" et cette fois Jiao applaudit frénétiquement avec ses mains fines, ponctuant ses battements de petits cris enthousiastes, admiratifs : « Jiùshì zhèyàng, zuò dé hěn hǎo, jiùshì zhèyàng... » (C’est ça, bravo, c’est ça !) c'est du mandarin, certes un rien vulgaire, mais tout à fait compréhensible

Avec son compliment déclamé à la jeune femme « Vos yeux sont un rêve, pareil à une levée de jasmin au petit matin sur le jardin Yuyuan ! », ce léger accident syntaxique et ce satisfecit démonstratif, le maître pensa que sa cible venait de faire un grand pas vers son lit. 

Sachant donner du mou hem, sans tomber dans le scabreux, on objectera que donner du mou dans la perspective de coucher une cliente sur son propre lit de justice, expose à des déconvenues bilatérales, pour remouliner ensuite ce fin pêcheur en vint aux faits.

- Que comptez vous faire .Vous n’êtes tout de même pas dans une situation simplissime …

- Le mieux est de s’en remettre directement à la diplomatie. J’ai quelques entrées rue Washington depuis que j’ai rendu service à l’ambassadrice. Je pense qu’un rapatriement prioritaire est envisageable dans votre situation... Qu’en pensez-vous ?

- Je crois que c’est bien de profiter de cela si c’est possible. La vie est ici très chère et nous n’avons plus d’avance. D’ailleurs il va falloir vous payer. Est-ce que vous pouvez attendre que nous soyons à Wuhan…

- Ne vous en faites pas pour ça. Rien ne presse. Et demain soir si cela vous dit, je vous inviterai tous les deux. Si c'est possible, je vous présenterai Kim, une attachée d’ambassade de mes relations.

- C’est trop gentil s’enthousiasma Liang, tandis que Jiao, mains jointes, yeux baissés, s’inclinait sans cesse.

Avant de quitter provisoirement la scène de ses futurs ébats, le bavard se permit de déconseiller au jeune couple de rire aussi bruyamment et à tous propos. Le ministre Renatsac envisageant de rouvrir temporairement le vélodrome d'hiver afin d'y rassembler les cas les plus expressifs du tromarranvirus. fortiche ce Renatsac car le Vel d'Hiv a été rasé en 1959 !

- Tous ceux qui ont le type asiatique sont sévèrement surveillés. Les dénonciations se comptent par millier, surtout s'ils ont le malheur de tousser ou d'éternuer. J'ai dû faire libérer - comme vous en garde à vue - deux députés et un secrétaire d'état. Ils ont même arrêté Laurent Delahousse qui a dû démontrer que c'était à force de pousser au cabinet qu'il avait les yeux en amandes... Et je ne voudrais pas avoir à aller vous chercher là-bas, car votre réputation commence à déchaîner l'hostilité et les juges deviennent aussi influençables. 

- Jiao qui s'aventurait à mutiner des paupières avec l'homme de loi, posa alors un doigts sur la bouche, signifiant qu'ils avaient bien reçu le message. 

En foi de quoi, le lendemain soir le couple se retrouvait comme dans un rêve à la table de l'ambassadeur Li Tchi dont Kim, l'amie intime des soirées complexes de Dumont, avait toujours l'oreille. mais pas la queue car il ne s'agit pas ici de tauromachie

Mais que mange t-on au dîner de l'ambassadeur de Chine en pleine pandémie de comic 19 ? Il me semble évident que vous piaffez de l'apprendre. Et paf, c'est là que je rabaisse la poignée d'alimentation, vous plongeant dans un noir profond et un désir insoutenable de savoir. C'est ainsi que l'on tient durablement ses partenaires amoureux et ses lecteurs... C'est Guillaume Musso qui me l'a dit !

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